C’est en référence à la lumière qui pénètre dans le nouveau bâtiment du Centre d’art inuit du Musée des beaux-arts de Winnipeg (WAG) que le nom Qaumajuq signifiant «c’est brillant, c’est lumineux» a été sélectionné. En développement depuis une dizaine d’années, ce nouveau musée se donne comme objectif de mettre en valeur de façon plus importante la plus grande collection d’art inuit au monde.
À la suite de rencontres de consultation, la direction du centre a attribué des noms dans différentes langues autochtones aux salles, mettant ainsi en valeur les différents peuples et cultures autochtones.
Un travail de collaboration
En 2017, le WAG a formé un cercle consultatif autochtone composé de personnes inuites et de leadeurs des Premières Nations à travers le pays. «Ce groupe de personnes fournit des conseils qui orientent les actions sur les expositions et la programmation pour s’assurer de bien mettre en valeur les perspectives autochtones», explique Amber O’Reilly, agente d’engagement pour le Musée des beaux-arts de Winnipeg.
À l’été 2020, un groupe de gardiens des langues autochtones est venu se greffer au cercle consultatif autochtone afin de travailler sur le projet. «Ensemble, ils ont fait plusieurs rencontres virtuelles pour établir cette série de nouveaux noms», ajoute-t-elle.
C’est ainsi que le nom de Qaumajuq a été proposé pour le nouveau Centre d’art inuit. Bien que le Musée des beaux-arts de Winnipeg continue d’être connu sous cette appellation, il porte désormais le nom Biindigin Biwaasaeyaah, en langue ojibwée, qui signifie : «Entrez, l’aube de la lumière est là».
D’autres langues autochtones telles que le Cri, le Michif, le Dakota et le Lakota sont aussi représentées : une nouvelle nomenclature a été attribuée à tous les espaces à l’intérieur du nouveau centre d’art.

INUA, l’exposition inaugurale de Qaumajuq
Le Musée des beaux-arts de Winnipeg travaille depuis plusieurs années en étroite collaboration avec le gouvernement du Nunavut pour mettre en valeur l’art inuit. «Le Nunavut avait toujours l’intention de faire entreposer sa collection dans une institution qui serait capable d’en prendre soin, affirme Amber O’Reilly. Alors, en 2014-2015, leur collection a fait le transfert jusqu’à Winnipeg et on travaille en collaboration avec eux pour monter des expositions qui circulent non seulement ici, au Manitoba, mais aussi des expositions d’œuvres qui vont faire des tournées dans le Nord.»
L’exposition inaugurale INUA qui sera présentée dans la galerie principale de 8000 pieds carrés dès février 2021 a été développée par quatre commissaires d’exposition qui ont voyagé dans le Nord pour faire la rencontre d’artistes. Elle sera composée d’une multitude d’œuvres d’artistes de partout dans les territoires inuits ralliant l’ancien, le moderne et le contemporain : «C’est vraiment une première au pays pour la manière de créer des expositions», ajoute-t-elle.

Reconnaitre l’importance de donner une plus grande place au peuple autochtone
Les participants au processus de nomenclature voient cette initiative comme un pas vers une plus grande présence des Premières Nations autochtones dans le monde artistique du Canada.
Le WAG a pris une décision très audacieuse et très appréciée en donnant au bâtiment des noms autochtones, c’est la première grande institution à le faire. J’espère que d’autres au Canada et dans le monde suivront l’initiative.
Une autre participante, Krista Zawadski, membre du Cercle consultatif autochtone de ce même cercle, abonde dans le même sens : «Je pense que les nouveaux noms rappelleront aux visiteurs qu’ils se trouvent dans un espace autochtone. Voir et utiliser des noms autochtones est une chose puissante. Ils aident à affirmer le pouvoir et l’autorité autochtones. Je crois également qu’ils rappelleront aux visiteurs que nous sommes des invités sur les terres autochtones.»
Les commentaires positifs se sont également présentés au sein de la population : «Ça s’est surtout déployé dans nos réseaux sociaux. On a eu beaucoup de commentaires positifs autant de la part de personnes autochtones et inuites que du public en général. Les Inuits qui ont partagé leurs impressions sont très heureux de voir leur langue représentée de cette manière, de voir leur art et leur culture mis en valeur dans un nouveau centre», conclut Amber O’Reilly.