En 1984, Brian Mulroney, sous la bannière du Parti progressiste-conservateur, obtient le plus grand nombre de sièges de l’histoire aux élections fédérales avec 211.
Même avant son élection comme premier ministre du Canada, le politicien d’origine québécoise prenait des positions importantes en ce qui a trait à la francophonie, notamment concernant ce qui se passait du côté du Manitoba, explique le professeur en sciences politiques à l’Université de l’Alberta au Campus Saint-Jean, Frédéric Boily.

En 1987, le premier ministre Brian Mulroney propose l’Accord constitutionnel du lac Meech afin de réconcilier le Canada anglais et le Canada français.
«Il y avait tout un débat sur le bilinguisme au Manitoba», renchérit pour sa part le professeur agrégé à la Cité universitaire francophone de l’Université de Regina, Michael Poplyansky. «Il y avait beaucoup de gens au sein du Parti conservateur, tant fédéral que provincial évidemment, qui s’opposaient au bilinguisme au Manitoba.»
Le gouvernement de Pierre Elliot Trudeau de l’époque avait conclu une entente avec le gouvernement du Manitoba qui ne l’obligeait pas à traduire toutes les lois adoptées depuis 1890, mais il devrait «donner des services en français et devrait même enchâsser ce caractère bilingue dans la constitution canadienne», ajoute Michael Poplyansky.
Alors que de nombreux conservateurs, tant au niveau provincial que fédéral, s’opposent à cette demande, Brian Mulroney se lève à la Chambre des communes pour se ranger du côté du premier ministre Trudeau et du chef du Nouveau Parti démocratique de l’époque, Ed Broadbent.
«Tous les trois avaient la même position, soit que le Manitoba devait accepter de se bilinguiser au niveau provincial», explique Michael Poplyansky.
Cette histoire ira jusqu’à la Cour suprême qui, finalement, donnera raison aux Franco-manitobains.
Selon le professeur Poplyansky, la Cité universitaire francophone de l’Université de Regina a été rendue possible grâce à un financement de près de 10 millions de dollars émergeant d’une entente entre Brian Mulroney et la communauté fransaskoise en 1988.

Selon Frédéric Boily, Brian Mulroney a réussi à réconcilier les conservateurs et les francophones hors Québec.
Le réconciliateur
Selon Frédéric Boily, jusqu’à l’arrivée de Brian Mulroney comme premier ministre, les conservateurs suscitaient beaucoup de méfiance chez les communautés francophones hors Québec.
«Brian Mulroney représente un premier ministre conservateur qui, d’une certaine façon, réconcilie les conservateurs avec les enjeux francophones, soutient Frédéric Boily. […]Les conservateurs avaient beaucoup de difficulté à prendre en considération la place particulière des francophones dans l’espace politique canadien.»
Ses prises de position lors de plusieurs débats en lien avec les enjeux de la francophonie et du bilinguisme ont été un élément fondamental de cette redéfinition de la relation entre les conservateurs et les francophones afin de démontrer «que les francophones ne seraient pas oubliés avec un gouvernement conservateur».
1988 : première modernisation de la Loi sur les langues officielles

Michael Poplyansky considère que Brian Mulroney n’a pas eu la tâche facile lorsqu’il défendait la dualité linguistique du pays, car il y avait un mouvement, tant au niveau provincial que fédéral, contre le bilinguisme.
Brian Mulroney a toujours démontré qu’il était sensible à l’idée d’un Canada bilingue et au principe que le gouvernement fédéral devait offrir les services dans les deux langues partout au pays, soutient le professeur agrégé Michael Poplyansky.
Dans cette optique, Brian Mulroney désire consolider la Loi sur les langues officielles 19 ans après son entrée en vigueur en 1969 afin de mieux représenter la dualité linguistique du pays.
«La Loi de 1988 est venue donner un nouvel élan à la dualité linguistique, peut-on lire dans une publication du Commissariat aux langues officielles (CLO), notamment en cristallisant les droits en matière de langue de travail et en reconnaissant l’importance de la promotion du français et de l’anglais ainsi que de l’épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire.»
Des funérailles d’État sont prévues le 23 mars prochain pour l’ancien premier ministre du Canada, Brian Mulroney.