Le tricking est un art martial qui réunit différentes acrobaties, à la fois empruntées au taekwondo, à la gymnastique, au breakdance, à la capoeira et au parkour. On attribue son origine au kata artistique et au développement des figures acrobatiques aériennes.
La discipline a fortement évolué et la gymnastique artistique a influencé la pratique du sport. L’aspect martial est toujours omniprésent, mais les éléments provenant des autres disciplines prennent de plus en plus de place et définissent le style des adeptes. Le mélange de ces disciplines permet de distinguer le tricking des autres sports acrobatiques ou arts martiaux.
Deux jeunes de 11e année de l’école Mathieu-Marin de Dieppe, Samuel McGraw et Emeric Albert, pratiquent le tricking. On peut souvent les voir au parc Rotary/Saint-Anselme de Dieppe s’exerçant à leur sport favori tout en voulant se faire voir et promouvoir leur activité.

Rêve olympique
Les deux adolescents ont chacun leur chaine YouTube par laquelle ils font valoir leurs habiletés et leurs succès. Samuel McGraw, 16 ans, est un adepte du judo. Il a adopté le tricking il y a environ trois ans.
«Le tricking est un mélange de flips, de coups de pied et d’acrobaties assez complexes de temps à autre, explique-t-il. Je le fais pour le plaisir, pour demeurer en forme et pour la santé. On commence avec des trucs solos, comme un salto arrière pour ensuite progresser vers des combos et parfois plusieurs sans arrêt. Je débute avec un salto arrière et ensuite, je tourne mon corps, un ou deux tours, et j’augmente l’intensité des coups de pied pour ajouter du “coolness” dans les combinaisons», explique celui qui est aussi guitariste à ses heures.
La chaine YouTube de Samuel McGraw est remplie d’extraits vidéos qu’il présente avec de la musique pour encourager les gens à comprendre le tricking. C’est un sport qui se pratique souvent seul derrière la maison ou dans un endroit public avec du gazon. L’athlète indique que l’émerveillement des gens suivant des acrobaties et leurs mots d’encouragement leur donnent l’énergie de continuer.
«J’ai beaucoup appris au cours de ces trois dernières années, surtout comment prendre soin de moi-même, confie-t-il. Si je me blesse, je prends du temps pour relaxer, faire autre chose et revenir en progression. C’est toujours excitant de réaliser un nouveau mouvement. On a un méchant gros rush lorsqu’on complète son premier combo après bien des pratiques. J’ai récemment réussi mon premier double pli, flip arrière avec deux tours pour ensuite atterrir sur le gazon. C’était un méchant rush, le meilleur de la session! J’ai commencé avec des sauts sur le trampoline et la pratique du judo me donne plus de flexibilité.»
Le rêve de Samuel McGraw serait de voir le tricking devenir un sport olympique comme la gymnastique et le judo. Pour bien le pratiquer, il faut un gazon de qualité et s’entrainer à faire des sauts. Ses cinq années de judo l’ont aidé avec son nouveau sport. Il a cessé de jouer au baseball l’an dernier et s’amuse à jouer au tennis et au golf.

«Il faut beaucoup d’entrainement»
Emeric Albert, 17 ans, pratique le tricking depuis environ trois ans également. «Je passais beaucoup de temps sur le trampoline auparavant et j’ai vu des gens faire des trucs sur le gazon et au sol, raconte-t-il. J’ai eu le gout d’apprendre et de réussir des flips de dos sur la terre. J’ai regardé des vidéos et j’ai persévéré pour m’améliorer et réussir.»
«Il y a une grosse différence entre faire des acrobaties sur le sol comparé au trampoline. Au sol, c’est toi qui génères toute l’énergie et ta puissance pour les sauts alors que sur le trampoline, tu as l’aide de l’équipement. C’est très différent. Il faut utiliser les jambes au complet et générer plus d’énergie au sol. Il faut beaucoup d’entrainement», assure Emeric Albert.
L’été, les deux jeunes sont heureux de pouvoir s’entrainer sur le gazon alors que l’hiver, c’est plus difficile de trouver un espace avec un plancher avec ressorts. Les débutants doivent maitriser la base des acrobaties avant de progresser avec des trucs plus avancés. Ils consacrent environ une ou deux heures par jour à perfectionner certaines manœuvres afin de progresser.
C’est bien essoufflant de pratiquer parce que chaque sortie demande beaucoup de force et d’énergie pour un simple truc. Si tu réalises plusieurs manœuvres en combo, c’est encore plus exigeant. Il faut prendre des pauses souvent et apprendre à conserver son énergie et reprendre son souffle. J’ai beaucoup joué au soccer, mais maintenant, pour moi, c’est le tricking. Cela me garde en forme.
«Il faut faire attention aux blessures et prendre les précautions pour les éviter et les prévenir. Les blessures aux chevilles et aux genoux sont les plus fréquentes et parfois les hanches et les poignets», avertit toutefois Emeric Albert.
Communauté et dépassement de soi
Il s’est lui-même blessé à la cheville gauche l’hiver dernier (mais pas en faisant du tricking), et porte maintenant une attelle parce qu’il atterrit souvent sur son pied gauche en effectuant des manœuvres. Avec la suspension des cours à l’école, il en profite pour s’entrainer plus souvent.
Il aime bien regarder ses anciennes vidéos pour observer sa progression et décider des nouvelles manœuvres à réaliser dans l’avenir. «La progression est lente, mais il faut améliorer sa force et avoir un bon contrôle de son corps», dit encore le jeune Albert.
Il joue aussi de la musique. «Je joue au clavier avec le groupe de jeunes Flames of the Sky, dont Samuel est aussi membre. J’aime la musique et on a la chance d’être créatif. On joue surtout du rock. On va enregistrer notre musique cet été parce qu’on ne jouera probablement pas beaucoup en public. On sera prêt pour l’an prochain. J’ai aussi joué de la guitare. J’avais appris le piano plus jeune et, après une pause, j’y suis retourné.»
Depuis l’apparition de YouTube, le phénomène de tricking s’est amplifié et des sportifs de partout s’y adonnent. On y retrouve des acrobates, des gymnastes, des breakdancers, des artistes du cirque et bien d’autres. Les vidéos sont le principal outil d’apprentissage.
Les coups de pied, une grande quantité de figures acrobatiques et gymniques ont transformé profondément la pratique du sport. Le kimono a laissé sa place aux shorts et aux t-shirts. Le tricking comporte une part importante de créativité et de liberté. Aucun parcours de progression n’est imposé dans un cadre restreint.
L’esprit de communauté est très important dans le tricking. Les adeptes créent leurs propres vidéos, communiquent leur passion et échangent beaucoup d’informations. Les médias sociaux, ainsi que les forums et les blogues sont importants. La plupart des pratiquants partagent une même philosophie : le dépassement de soi.
Le sport est encore peu connu du grand public, mais quelques vidéos virales lui ont donné une certaine notoriété. Certaines vidéos ont dépassé le million de vues et d’autres ont atteint la centaine de milliers de visionnements. Certaines entreprises commencent à s’y intéresser et avec la popularité auprès des jeunes un peu partout dans le monde, l’avenir est prometteur.