L’objectif du Collège, qui compte plusieurs campus dans la province, est d’atteindre 20 % d’étudiants internationaux d’ici quelques années. Selon Mélanie Doyon, en plus de constituer une richesse en ajoutant une diversité dans les salles de classe, ces étudiants de l’extérieur peuvent contribuer à résoudre les problèmes de main-d’œuvre. «C’est notre rôle de former une main-d’œuvre qualifiée. Dans le nord de l’Ontario, il y a une pénurie de main-d’œuvre, alors on va chercher des gens qui sont prêts à se déplacer au Canada et peut-être éventuellement s’y établir pour y travailler.»
Au Nouveau-Brunswick, les progrès sont surprenants. L’Université de Moncton compte maintenant 20 % de son corps étudiant — soit 822 — qui vient de l’étranger. Dans le réseau des collèges communautaires francophones de la province (CCNB), la progression est fulgurante : 75 pour cent d’augmentation entre 2017 et 2018, suivi d’une autre hausse de 60 % lors de la rentrée 2019. Les collèges de langue française comptent maintenant 644 étudiants internationaux, soit 30 % de tous les effectifs.
Qu’est-ce qui explique cette poussée? De un, la bonne réputation des programmes postsecondaires au Canada et les efforts des institutions sur le terrain. Juan Manuel Toro Lara, coordonnateur des services aux étudiants internationaux pour le CCNB : «Comme les autres établissements postsecondaires, on participe à des salons de l’éducation qui sont organisés dans les pays de la Francophonie. Aussi, on a une personne qui s’occupe de maintenir les candidats intéressés. On fait le suivi auprès de la personne qui a manifesté son intérêt, jusqu’au moment où la personne arrive ici.»

De l’Afrique et de l’Asie
Les étudiants de l’extérieur qui choisissent le Canada pour faire leurs études supérieures en français viennent principalement de pays africains tels que le Cameroun, la République démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire, la Guinée ou le Maroc.
Plus à l’ouest, au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, on mise plutôt sur le marché chinois. «Quand on va en Afrique, on n’est plus loin que les gens de l’est du pays, mais quand on va en Asie, on est plus près. En Chine, c’est difficile de les rejoindre, mais une fois qu’on est établi, on a des relations privilégiées avec certaines écoles secondaires de très haut calibre qui offrent des programmes en français», souligne Denis Fontaine, doyen adjoint à la gestion des études.
Cependant, le Campus Saint-Jean a dû mettre un frein au recrutement en 2013, en raison de difficultés financières et ce pendant trois ans. Denis Fontaine explique que les démarches ont repris timidement depuis avec des fonds plus limités. «On recommence pratiquement à la case départ. Ça va prendre du temps, mais on va essayer de développer des stratégies avec l’aspect budgétaire.»
Vers la résidence permanente
Une fois formés, les étudiants internationaux deviennent des candidats idéaux pour devenir des résidents permanents. Le Collège Boréal offre des services à ceux et celles qui souhaitent demeurer au Canada, par exemple en les aidant avec leur demande de permis de travail postdiplôme.
À Moncton, au Nouveau-Brunswick, un Programme de rétention des étudiants internationaux (PRÉI) a vu le jour il y a trois ans et s’adresse à la fois aux étudiants de l’Université de Moncton et à ceux des collèges communautaires francophones. «On les prend en dernière année ou quand ils ont terminé. On leur donne une formation accélérée pour qu’ils puissent s’insérer dans la vie active, dans le monde du travail. Les employeurs ont besoin de main-d’œuvre. Ils viennent nous voir», explique le coordonnateur du programme, Mathias Mawoussi. «Sur 110 étudiants servis depuis trois ans, environ 70 sont restés.»
Le défi de l’anglais
Ceux qui s’inscrivent ont accès gratuitement à des cours d’anglais, à de la formation sur les compétences essentielles au travail ainsi qu’à des activités de réseautage et de préparation à l’emploi.
Rencontrées lors de l’une de ces séances de formation, Massan du Togo, Fanta du Burkina Faso et Marie-Ange de la Guinée-Conakry nous ont toutes dit qu’elles souhaitaient demeurer au Canada si la bonne occasion se présente.
Leur plus grand défi est l’apprentissage de l’anglais. «On ne nous a pas dit avant de venir», affirme Fanta. «Je pensais vraiment que j’allais m’en sortir avec seulement le français», se rappelle Massan. «Quand je suis arrivée, j’étais à zéro. J’étais nulle en anglais» dit Marie-Ange, qui souligne avoir fait des progrès depuis, mais pas encore assez.
Malgré tout, elles ont bon espoir de demeurer dans un pays qu’elles ont appris à apprivoiser et à apprécier depuis qu’elles y sont.