«Les problèmes liés aux surdoses d’opioïdes ont un impact majeur sur la santé des Canadiens», affirme le Dr David C. Marsh, doyen associé à l’École de médecine du nord de l’Ontario.
Bien qu’il y ait un problème de surdose d’opioïdes au Canada depuis plusieurs années, le Dr Marsh affirme qu’au cours des trois dernières années en particulier, le taux de décès a rapidement augmenté. De nos jours, «plus de jeunes de 25 à 45 ans meurent d’une surdose que d’accidents de la route ou de toute autre cause», dit-il.
«Le nord de l’Ontario a grandement été affecté», souligne-t-il. Selon Josée Joliat, infirmière au Service de santé publique Sudbury et du district, en 2019, il y a eu 56 décès par surdose d’opioïde dans la région de Santé publique Sudbury et du district. En 2018, c’était 32.
Qu’arrivera-t-il si la situation est ignorée?
«Nous ne pouvons pas l’ignorer. Il y a des gens qui sont en train de mourir», relève l’infirmier au Bureau de santé Porcupine et coordonnateur du programme de réduction des méfaits, Patrick Nowak.
Si les décès liés aux opioïdes se poursuivent au même rythme enregistré durant la pandémie, la Santé publique de l’Ontario s’attend à un total de 2271 décès liés aux opioïdes dans la province d’ici la fin de l’année. Une augmentation de 50 % comparativement à l’année précédente, soit 1512 décès.
Les surdoses n’affectent pas seulement les victimes, leur famille et leurs amis. Elle affecte tout le personnel des systèmes de santé et judiciaire. Un cas de surdose demande l’intervention d’ambulanciers, de polices, d’infirmières, de médecins et autres. Pendant ce temps, un autre malade ne reçoit pas les soins dont il a besoin.
La médecin responsable des dépendances à l’hôpital Horizon Santé Nord, Dre Tara Leary, y ajoute l’augmentation de l’absentéisme au travail, le plus faible niveau d’éducation des consommateurs qui n’arrivent pas à terminer leurs études et qui ont donc moins de chance de se trouver un emploi. À long terme, c’est aussi une perte d’impôts et de taxes pour la société. De plus, selon la Dre Leary, la guerre menée par les autorités contre les drogues engorge le système judiciaire.
«Je pense que ça a été un peu ignoré», affirme Josée Joliat.
Il ne faut pas négliger le fait qu’il y a des services en ville qui travaillent très fort pour soutenir les personnes qui ont des problèmes de consommation de substances et de drogues. Mais en ce qui concerne les systèmes, les lois et les politiques, je crois que ce problème a été ignoré. C’est pour cela que nous en sommes là.
Mieux connaitre son voisin
«Les personnes qui souffrent de la toxicomanie ne sont pas toujours les personnes qu’on pense», souligne Josée Joliat.
Pour reconnaitre l’urgence d’agir, l’une des premières étapes serait de comprendre que l’image que la population peut se faire des toxicomanes est déformée par les mythes, les stéréotypes et les mauvaises informations.