Professeur à la Faculté d’éducation de l’Université Simon Fraser, Gino LeBlanc décrit la transition vers un système scolaire entièrement francophone comme le dernier chapitre d’une «marche lente des communautés francophones au Canada vers l’obtention de la pleine gestion scolaire des francophones. En Colombie-Britannique, on fait partie de la fin de cette transition de structure qu’on appelle école hétérogène, ou école bilingue, vers l’école homogène.»

Il précise que la transition actuelle vers l’école homogène en Colombie-Britannique n’est pas exceptionnelle puisque l’application de l’article 23 de la Constitution, en 1982, a tardé à se concrétiser au pays. «Plusieurs provinces canadiennes, la première ayant été l’Alberta avec le jugement Mahé en 1990, ont dû entreprendre des recours judiciaires pour faire avancer les choses», rappelle-t-il.
Vers la pleine gestion scolaire des francophones
L’école bilingue a toujours été de nature transitoire pour le Conseil scolaire francophone (CSF) de la Colombie-Britannique, dont le mandat est d’offrir une éducation entièrement francophone.
«L’école hétérogène offre un programme francophone au sein d’une école anglophone, explique Gino LeBlanc, où ce n’est pas l’ensemble des cours qui sont disponibles en français.» Les finissants de l’école hétérogène obtiennent ainsi deux diplômes : l’un du conseil scolaire francophone et l’autre du conseil scolaire anglophone.
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La Colombie-Britannique au pied du mur
Depuis le jugement de la Cour suprême du Canada rendu en juin dernier, le CSF est désormais dans l’obligation de remplir son mandat avec l’aide du gouvernement provincial.
«Les gouvernements précédents en Colombie-Britannique n’ont pas fait leur devoir, indique Gino LeBlanc, mais là, c’est le temps de s’y mettre. Le CSF est dans une position de grande force suite au jugement de la Cour suprême du printemps dernier. Il faut maintenant que le gouvernement Horgan et la nouvelle ministre de l’Éducation, Jennifer Whiteside, fassent les suivis nécessaires puis améliorent l’éducation en français, soit [en implantant] l’école homogène.»
Il rappelle que le concept central du jugement repose sur l’égalité réelle, et non proportionnelle, entre l’éducation francophone et anglophone. «Sa mise en œuvre demeure un enjeu politique. Les francophones, qui sont en deçà de 2 % de la population, doivent vraiment se battre, se retrousser les manches pour convaincre le gouvernement d’acheter des terrains, de bâtir des écoles et d’embaucher des enseignants. Ce seront des dépenses de fonds publics. Là, ça traine, reflétant le fait que les francophones ne sont pas une masse politique extrêmement importante. Le gouvernement de la Colombie-Britannique ne peut cependant faire abstraction des lois fondamentales du pays.»
Le Conseil scolaire francophone de la Colombie‑Britannique dessert l’ensemble de la province avec 45 écoles primaires et secondaires. La province compte une communauté francophone en croissance qui représente 1,4 % de la population, concentrée à Victoria et Vancouver. Elle est la seule province canadienne sans cadre législatif, politique ou règlementaire en lien avec la réalité francophone.