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le Dimanche 12 novembre 2017 19:00 Actualité

L’abandon d’Énergie Est, une tragédie pour le Nouveau-Brunswick vu l’échec possible

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Le sénateur Percy Mockler représente le Nouveau-Brunswick. Il préside le Comité sénatorial des finances publiques, et il fait partie du Comité sénatorial de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles.
Le sénateur Percy Mockler représente le Nouveau-Brunswick. Il préside le Comité sénatorial des finances publiques, et il fait partie du Comité sénatorial de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles.
Après des mois d’impasse, l’avenir de l’Accord de libre-échange nord-américain semble gravement compromis, alors que les négociateurs se sont critiqués publiquement les uns les autres. Dans ce contexte, l’abandon du pipeline Énergie Est est une tragédie encore plus grande pour les gens des Maritimes et de l’Alberta. Les Canadiens espèrent toujours demeurer les meilleurs partenaires commerciaux des Américains, mais on ne peut plus ignorer que nos communautés et nos économies risquent de se retrouver avec un accord affaibli.
L’abandon d’Énergie Est, une tragédie pour le Nouveau-Brunswick vu l’échec possible
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Il y a au Canada une abondance de ressources naturelles, mais à cause de notre infrastructure désuète, tous nos œufs se trouvent dans le même panier. Énergie Est promettait de diversifier nos marchés d’exportation en transportant le pétrole jusqu’aux côtes, ce qui allait nous permettre de cesser de le vendre à rabais aux États-Unis, en l’absence d’autres options.

Maintenant, au lendemain de l’abandon du projet, Cianbro Corporation propose un autre projet, communément appelé le corridor est-ouest, qui traverserait le Nord-Est américain pour éviter le Québec, la province qui s’est le plus opposée à Énergie Est. Le gouverneur du Maine a déjà indiqué qu’il appuyait entièrement le projet.

Pour conserver tout espoir de redresser la situation et faire en sorte que le pipeline soit construit ici, nous devons connaître les raisons du dérapage.

Un climat réglementaire et commercial défavorable s’est installé dans le secteur énergétique au Canada.

En ce qui concerne Énergie Est, plus précisément, nous avons vu des politiques gouvernementales ridicules, y compris des exigences d’approbation modifiées rétroactivement. Le gouvernement blâme la compagnie pour la décision, en se gardant bien de dire que le lourd processus réglementaire, y compris l’examen distinct effectué en double par le Québec, est ce qui a tué Énergie Est. Plus de 1 milliard de dollars avait déjà été dépensé dans ce processus avant qu’un seul centimètre de pipeline soit construit.

Les Canadiens savent qu’ils perdront tout simplement des occasions d’affaire en échaudant les actionnaires de leurs propres sociétés énergétiques.

Trans Canada et Enbridge ont dépensé ensemble plus de 30 milliards de dollars dans la dernière année pour acquérir des sociétés énergétiques américaines qui leur fourniront des occasions de croissance pour compenser ce que le Canada leur refuse. Trans Canada construit également cinq pipelines au Mexique, où un examen réglementaire coûte environ 5 millions de dollars par pipeline et prend seulement quelques mois, et non quelques années, à réaliser.

Cet argent aurait dû être dépensé au Canada.

Par ailleurs, Énergie Est aurait été un projet d’édification nationale pancanadien qui aurait créé 14 000 emplois au Canada, dont 3800 uniquement au Nouveau-Brunswick. L’économie du Nouveau-Brunswick aurait profité d’un tel apport en cette période économique difficile.

Les Maritimes et l’Alberta ont beaucoup contribué au pays et elles sont aujourd’hui en difficulté. Faire constamment abstraction de la nécessité d’appuyer leur développement économique constitue rien de moins qu’une attaque contre la fédération. Cela crée de l’insécurité dans notre fédération, en plus de menacer l’économie.

Le Sénat a rendu possible la Confédération, car une de ses principales raisons d’être est de défendre les intérêts des provinces maritimes.

Il a été question du projet Énergie Est au Sénat à de multiples reprises, et les comités du Sénat ont étudié en profondeur la question des pipelines. Le Comité sénatorial de l’énergie s’est d’abord penché sur la façon d’accroître la prévention des déversements après la tragédie de Lac-Mégantic. Dernièrement, le Comité sénatorial des transports a examiné des façons de moderniser et de dépolitiser le processus d’approbation des pipelines dans le cadre d’un processus réglementaire plus inclusif, en particulier en ce qui concerne les peuples autochtones.

Malheureusement, le gouvernement actuel a ignoré nos recommandations.

Le Canada est un pays de ressources. Même si le projet Énergie Est a été annulé, il est encore temps de renverser la vapeur. Nous devons faire des réformes maintenant pour aider le pays à atteindre son plein potentiel en tant que fournisseur mondial d’énergie.

Il est de plus en plus clair qu’en faisant fi de la santé de la fédération et de la géopolitique du commerce, le gouvernement actuel manque de vision et de leadership, et qu’il se laisse porter au gré du vent.

Nous devons absolument construire un pipeline jusqu’à l’océan Atlantique. Nous ne pouvons-nous permettre de progresser aussi lentement. Je crois encore que lorsqu’il y a une volonté de faire quelque chose, il existe un moyen d’y arriver. Nous devons agir, et nous devons le faire maintenant.