«La présence de troubles tels que le diabète ou l’hépatite C, ajoutés à une maladie primaire comme le VIH/sida, représente un risque plus élevé», explique Michel Lussier, directeur général d’Action positive+ VIH/sida à Toronto.
C’est ce qu’on appelle, en médecine, la comorbidité : la présence d’une ou de plusieurs maladies en plus d’une première maladie chronique. Un système immunitaire mis à mal par la consommation de substances psychoactives et des pathologies pulmonaires plus fréquentes en raison du tabagisme sont aussi des facteurs plus présents dans la communauté LGBTQ+.
Les bars, les discothèques, les spas et les saunas sont des lieux très fréquentés par les hommes gais et ils sont tous fermés en raison de la distanciation physique. C’est un secret de Polichinelle que des rencontres ont néanmoins lieu dans des endroits privés ou clandestins. «Mais les cliniques pour les tests du VIH sont aussi fermées, ce qui nous inquiète au plus haut point», souligne Michel Lussier.

Réfugiés et demandeurs d’asile
L’organisme FrancoQueer représente les personnes LGBTQ+ d’expression française à Toronto et s’occupe activement de l’accueil des nouveaux arrivants, des réfugiés et des demandeurs d’asile. Le confinement pèse lourd là aussi. Les rencontres avec des avocats peuvent se faire au téléphone, mais plusieurs causes sont reportées, notamment devant la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada.
Le président de FrancoQueer, Arnaud Baudry, explique que «nos bénéficiaires viennent au Canada pour se reconstruire une nouvelle vie, et voilà qu’on leur demande de rester chez eux. Nous préparons des plateformes d’appui pour ces personnes plus vulnérables, comme des suivis à distance grâce à Zoom.»

Sortie du placard ratée
De nombreux jalons de la vie queer se déroulent dans des espaces publics. Le président de FrancoQueer craint que «les jeunes ratent des occasions de sortir du placard en raison de la distanciation physique présentement en vigueur».
Un rite de passage important pour les jeunes qui décident de s’afficher ouvertement en tant que LGBTQ+ consiste à entrer dans leur nouvelle communauté et à faire la fête. Pour eux, les applications et les médias sociaux ne sauraient remplacer la sensation spéciale de vibrer physiquement autour de gens qui se sentent comme eux après leur comingout.
À l’autre bout du spectre, les personnes ainées LGBTQ+ demeurent souvent invisibles par crainte de divulguer leur différence dans un milieu moins ouvert à la diversité sexuelle. Selon Michel Lussier et Arnaud Baudry, ce phénomène a des répercussions sur leur bienêtre et sur leur santé.

Fiertés gaies
En raison de la pandémie, plus de 220 célébrations de la Fierté gaie ont été annulées ou reportées à travers le monde. L’évènement Global Pride aura lieu en ligne le 27 juin, tout comme le défilé de Pride Toronto le 28 juin. Fierté Montréal aura lieu comme prévu du 6 au 16 aout, mais de façon virtuelle seulement. Les responsables d’évènements de Fierté en aout — Vancouver, Calgary, Edmonton, Ottawa — évaluent encore la situation.
Le conseil d’administration de Fierté Sudbury a repensé sa 23e Semaine de la Fierté, du 13 au 19 juillet. Au lieu d’annuler les célébrations, l’équipe offrira un festival numérique réduit qui s’intitulera Queerantine. «C’est la meilleure façon d’équilibrer santé et unité dans notre communauté, affirme Alex Tétreault, président du conseil d’administration. Ne rien offrir n’était pas une option.»