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le Vendredi 11 septembre 2020 14:12 Actualité

Attention aux glissements sémantiques!

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Tout récemment, une étude publiée par l’Office québécois de la langue française (OQLF) a constaté un recul important du français en milieu de travail. — Free-Photos - Pixabay
Tout récemment, une étude publiée par l’Office québécois de la langue française (OQLF) a constaté un recul important du français en milieu de travail.
Free-Photos - Pixabay
L’EXPRESS (Toronto) – Tout récemment, une étude publiée par l’Office québécois de la langue française (OQLF) a constaté un recul important du français en milieu de travail. Après avoir sondé 2 500 entreprises, 180 municipalités et 16 arrondissements, l’OQLF a dévoilé des chiffres alarmants.
Attention aux glissements sémantiques!
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Le français au Québec, et surtout à Montréal, est en perte de vitesse tant dans le secteur public que dans le secteur privé.

Mais comment expliquer ce retour en arrière? On dirait qu’un certain nombre de Québécois voudraient retourner à une époque pré-René Lévesque, voire à l’âge de l’impérialisme anglais! Se peut-il que, après tant d’années d’âpres luttes et de durs sacrifices, des francophones renoncent volontairement aux gains si difficilement acquis?

Le glissement sémantique

Pour aussi inquiétants que soient les résultats publiés par l’OQLF, il existe, depuis un certain temps, une autre tendance beaucoup plus subtile, mais tout aussi dangereuse qui nous guette. C’est ce qu’on appelle le «glissement sémantique», c’est-à-dire un glissement du sens original d’un mot ou d’une expression.

Dans le cas qui nous occupe, il s’agit de donner un sens anglais à un mot français. Pour commencer, prenons le mot français «cédule» et le mot anglais «schedule». Les deux termes se ressemblent, mais ont des sens différents. On dirait des «faux amis» dont il faut se méfier.

C’est lorsqu’on donne effectivement le sens d’un mot à un autre, sans vraiment s’en rendre compte, qu’on est en présence d’un cas de glissement sémantique.

En fouillant un peu, on constate que les termes «cédule» et «céduler» se trouvent bel et bien dans le Dictionnaire québécois-français de Lionel Meney, mais ils ne sont pas acceptés comme la norme du français au Canada au sens de «schedule» et «to schedule».

La vraie définition du mot «cédule»

Selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales, «la cédule» est un vieux mot pour désigner, entre autres choses, un écrit par lequel une personne prend un engagement, reconnait une dette. Quant au mot «cédulaire», il fait allusion à ce qui est relatif aux cédules.

Or, dès qu’il s’agit d’autre chose, comme un plan ou un programme il faut avoir recours à des expressions comme calendrier, échéancier, emploi du temps, horaire, plan d’exécution, plan de travail, prévisions, programme.

Voici pour le seul mot anglais «schedule» la grande variété d’équivalents français proposés par le Grand glossaire des anglicismes du Québec :

  1. Annexe d’un contrat
  2. Barème des tarifs, des intérêts, des salaires
  3. Cadence d’un travail
  4. Calendrier d’activités réparties sur une longue période de temps
  5. Échéancier des délais à respecter au cours d’une activité quelconque
  6. Emploi du temps d’une personne
  7. Horaire de certaines activités qui ont lieu à l’intérieur d’un laps de temps réduit,
  8. Ordre des départs, horaire des cars, indicateur des chemins de fer
  9. Plan, programme de travail d’un projet
  10. Prévisions de productions, qui déterminent le progrès d’un chantier
  11. Programme des communications d’un colloque, activités d’un congrès, émissions de radio ou de télé, etc.
  12. Rôle où se trouvent inscrites les causes devant être entendues par un tribunal
  13. Tableau des réservations dans un centre sportif, etc.
  14. Tarif, barème qui indique les prix, les droits ou les couts des services et des produits

Le choix dépendra naturellement du contexte, d’où la difficulté potentielle pour le ou la francophone d’ici : il lui faudra analyser la situation et préciser sa pensée. Un simple mot passepartout comme «schedule» n’a pas d’équivalent dans la langue de Molière. Pourtant, des solutions en français existent, comme nous venons de le constater, et il est important de les privilégier.

Voici encore d’autres exemples. Les expressions fautives «être en avance/retard sur la cédule» et «suivre la cédule» seront remplacées respectivement par avoir de l’avance/du retard, avoir pris de l’avance/du retard et par progresser comme prévu, être dans les délais/les prévisions/les temps.

Lire l’article dans son intégralité sur le site du journal L’Express