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le Dimanche 16 avril 2017 20:00 Actualité

Bilan de Sylviane Lanthier : « Est-ce que la FCFA devrait déranger davantage ? »

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Selon la présidente Sylviane Lanthier, la FCFA est centrée sur la sensibilisation des politiciens. « Mais il y a un autre travail qu’on pourrait faire davantage : voir comment mettre la francophonie sur la carte. »  — (Photo : Francopresse)
Selon la présidente Sylviane Lanthier, la FCFA est centrée sur la sensibilisation des politiciens. « Mais il y a un autre travail qu’on pourrait faire davantage : voir comment mettre la francophonie sur la carte. »
(Photo : Francopresse)
Trois mois avant la fin d’un premier mandat de deux ans à la présidence de la FCFA du Canada, Sylviane Lanthier a quitté fin mars son autre poste, la direction générale à demi temps du Centre culturel franco-manitobain. Boulimique du travail, la militante consacrait 20 heures par semaine au Centre, sans négliger ses responsabilités nationales. « Ça veut dire ne rien faire d’autre », dit-elle.
Bilan de Sylviane Lanthier : « Est-ce que la FCFA devrait déranger davantage ? »
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Cette transition a été marquée de manière dramatique. À la suite d’une chute sur la glace au début mars, la porte-parole s’est retrouvée hospitalisée durant plusieurs semaines avec de multiples fractures. Elle demeure immobilisée avec une jambe en traction et ce n’est qu’au début mai qu’elle pourra « mettre le pied à terre, dit-elle, et ça va faire mal ! »

La présidente a maintenu sa contribution. « Je le faisais de l’hôpital, je suis au travail tous les jours. Je n’ai pas manqué de rencontre indispensable au national. Normalement, je me déplace une fois par mois à Ottawa pour travailler avec l’équipe. »

Elle entend se consacrer davantage à la FCFA. « Ce sera plus proche du temps plein. Mais la rémunération ne changera pas. » Les honoraires de la présidente, qui sollicitera un deuxième mandat en juin, s’élèvent à 70 000 $ annuellement.

L’année 2016 a signalé un ajustement de rôle, défini surtout par l’approche du nouveau gouvernement. La FCFA a participé à huit consultations et à dix comparutions devant les comités parlementaires, sans compter les rencontres informelles.

Des réussites

« On n’a pas fini de rencontrer les députés, explique Sylviane Lanthier. C’est l’essentiel du travail, leur faire comprendre c’est quoi nos communautés : si tu veux vivre en français, c’est quoi dont tu as besoin. Ils ne connaissent pas ces questions. »

L’année dernière a été marquée par les consultations sur les langues officielles qui conduiront au prochain plan d’action fédéral et à la révision de la règlementation en matière de services au public. « C’est très important : ça permettra de trouver des solutions modernes à des problèmes chroniques. »

Le Programme de contestation judiciaire est également rétabli avec un mandat élargi en langues officielles. « Comme minorité, on sait que la majorité pour toujours nier nos droits, estime l’ancienne journaliste, c’est un outil essentiel. »

Des déceptions

Les fêtes du 150e du Canada désappointent. « On parle beaucoup d’identité, note-t-elle, mais le Canada n’est pas seulement deux peuples fondateurs. On oublie de façon incroyable l’immigration et qu’il y avait d’autres nations avant que les francophones et les anglophones arrivent. »

L’organisme a insisté auprès d’Ottawa sur l’importance d’un message clair en faveur de la dualité linguistique. « Le 150e pourrait être l’occasion de recalibrer certaines choses, de rappeler le fait français et son importance historique et actuelle. Si on ne souligne pas à quel point la dualité démarque et transforme le Canada, on est en train de passer à côté de quelque chose de fondamental. »

Des critiques

Sylviane Lanthier reconnaît les reproches adressés à l’organisme concernant sa visibilité médiatique et sa capacité de déranger.

« On se bat avec les moyens qu’on a, on n’a pas 36 employés et un budget de relations publiques de cinq millions » La FCFA a plutôt une équipe de 10 personnes et un budget annuel de 1,6 million de dollars. « J’accepte les critiques parce qu’on peut toujours faire mieux. On travaille avec un Forum de 40 groupes, on est très organisés dans la francophonie pour faire des choses. »

Elle se demande, avec l’équipe, si la FCFA peut avoir voix politique plus forte. « Est-ce qu’on devrait déranger davantage ? Ce n’est pas facile à faire, soutient-elle. On est une minorité linguistique, alors on est invisible. Les gens parlent anglais sans accent, ils peuvent se fondre dans une population. Quand on veut s’affirmer sur la place publique, on a besoin d’alliés à l’extérieur du groupe. C’est un travail qu’on a besoin de faire pour l’avenir. »