« C’est en mars 2017 que j’ai commencé à rassembler cette collection pour l’Église historique de Barachois, de dire Rémi Lévesque. J’ai fait 95 % du travail seul, sauf le catalogue pour lequel j’ai eu un appui incroyable de deux amies, Jacinthe LeBlanc, une graphiste et créatrice hors pair et Catherine Laratte, une traductrice passionnée », explique-t-il.
Selon l’initiateur du projet, près de 280 hookeux et hookeuses ont participé à la création des 242 coussins reçus, qui viennent de partout en Amérique du Nord et d’ailleurs.
« Lors du vernissage, on comptait 120 créateurs et créatrices de coussins et un total de 1005 visiteurs ont franchi les portes de l’Église historique de Barachois. Et ça s’est poursuivi lundi, dit-il. Les visiteurs sont éblouis. Visiter l’exposition est une expérience en soi, un voyage dans l’imaginaire créatif des hookeuses et hookeuses de tapis, un hommage à leur travail patrimonial. »
Les nombreux visiteurs ne tarissaient pas d’éloges en admirant tous ces coussins qui ornent maintenant les bancs de l’église historique de Barachois. Et les hookeux et hookeuses présents soulignaient le travail titanesque accompli par Rémi Lévesque.

Pourquoi lancer une collection de coussins hookés?
Ce projet est né d’une photo, cette photo est devenue une idée, l’idée, un rêve et ce rêve, une excitante aventure créatrice; excitante grâce à la générosité et l’implication du monde des hookeuses et des hookeux de tapis. Ce monde à la fois mystérieux, inconnu, underground, vibre d’énergie créatrice et d’esprit communautaire.
Ce n’est pas très connu que l’église historique de Barachois, ce vieil édifice en bois blanc, sur le bord de la route 133 au Nouveau-Brunswick, aura 200 ans en 2026. Cette petite église compte parmi les plus vieux édifices acadiens encore debout sur son site d’origine.
Au printemps 2017, le Comité de sauvegarde de l’église historique de Barachois faisait face à deux défis. Le premier était de savoir comment informer la population de cet anniversaire rare et important. De plus, puisque le Congrès mondial acadien de 2019 approchant, le comité voulait également présenter un évènement rassembleur artistique et patrimonial.
C’est en examinant une photo des bancs prise du jubé de l’église que l’idée des coussins hookés est venue : remplacer les coussins laissés sur les bancs par des spectateurs depuis la création de la salle Viola Léger en 1980 par un «coussin hooké». On se disait alors qu’une collection de 50 coussins hookés serait probablement réalisable et éveillerait certainement l’intérêt de la population.
L’idée est présentée aux Hookeuses du Bor’de’lo de Shédiac. Elles s’engagent immédiatement et proposent l’idée des 200 coussins hookés pour le 200e de l’édifice. Quant à rêver, aussi bien rêver grand! Le projet est lancé dans les médias sociaux.
Puisque le Congrès mondial acadien de 2019 a lieu conjointement dans les régions acadiennes du sud-est du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard, le projet est ensuite présenté au groupe Island Matters Rug Hookers. En septembre 2017, le groupe ilien invite les Hookeuses à une de leur rencontre à Charlottetown. Plus d’une vingtaine d’entre elles s’embarque dans l’aventure. Le projet a maintenant le vent dans les voiles.
L’intérêt pour le projet est remarquable et l’enthousiasme palpable. L’ouest, le nord, le centre et l’est du Canada répondent à l’appel. Les premiers coussins des États-Unis s’inscrivent. La présentation d’une collection de coussins hookés lors du Congrès mondial acadien 2019 était assurée. En 2018, le nombre de coussins augmente chaque semaine pour atteindre 185 au début de l’automne. Puis avec l’arrivée de 2019, le 200e coussin est inscrit et quelques mois plus tard le coussin 240 vient se joindre à l’aventure. Jamais nous n’avions rêvé d’atteindre l’objectif en seulement deux ans. Les coussins sont arrivés par la poste, par courrier, livrés personnellement ou ramassés à travers les Maritimes lors de «road trip» à la rencontre des personnes participantes.
La collection sera par la suite exposée de façon permanente sur les bancs de la salle de spectacle Viola Léger de l’Église historique pour toutes les années à venir.