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le Jeudi 17 Décembre 2020 10:27 Société

I-SPARX, le jeu vidéo qui stimule le bienêtre mental des jeunes nunavois

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Le jeu vidéo I-SPARX créé pour aider les jeunes autochtones souffrant de dépression a été adapté pour représenter les adolescents inuits du Nunavut. Le jeu original a été créé dans un premier temps pour les Maoris de la Nouvelle-Zélande. — I-SPARX
Le jeu vidéo I-SPARX créé pour aider les jeunes autochtones souffrant de dépression a été adapté pour représenter les adolescents inuits du Nunavut. Le jeu original a été créé dans un premier temps pour les Maoris de la Nouvelle-Zélande.
I-SPARX
IJL (Territoires) – Le jeu vidéo néozélandais créé pour aider les jeunes autochtones à lutter contre la dépression a été adapté pour être plus accessible aux adolescents inuits.
I-SPARX, le jeu vidéo qui stimule le bienêtre mental des jeunes nunavois
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I-SPARX, c’est l’histoire d’un monde fantastique dans lequel la lumière a été dérobée, l’équilibre de la Terre y est donc compromis. Les avatars, créés par les joueurs, doivent relever des défis dans le but de rétablir cet équilibre perdu. C’est à travers ce jeu de rôles que les jeunes inuits sont invités à acquérir «des outils» de gestion de leurs émotions.

Importé de la Nouvelle-Zélande, le jeu était initialement destiné aux jeunes maoris, la principale population autochtone en Océanie. Depuis quatre ans, des chercheurs de l’Université de York de Toronto travaillent en étroite collaboration avec les Inuits du Nunavut pour ajuster le jeu vidéo à l’image et aux besoins de cette communauté. L’adaptation canadienne est disponible en ligne depuis le 4 décembre.

Une thérapie interactive

«Le jeu vidéo est vraiment un outil psychoéducatif qui aide à lutter contre la dépression et l’anxiété», explique Yvonne Bohr, docteure en psychologie à l’Université York et directrice du projet. «En Nouvelle-Zélande, le jeu original sur lequel I-SPARX est basé était aussi efficace que la thérapie [traditionnelle] avec les jeunes étudiés par l’équipe.»

Ces ressources, mises en scène interactivement dans le jeu vidéo, sont tirées des méthodes de thérapie comportementale et cognitive (TCC). Elles facilitent la transmission de mécanismes qui pourront aider les jeunes nunavois à résoudre des difficultés personnelles.

I-SPARX se concentre sur l’enseignement de stratégies saines et de stratégies de bienêtre mental pour renforcer la résilience.

— Yvonne Bohr, docteure en psychologie à l’Université York et directrice du projet

La TCC, devenue une méthode éprouvée au fil des années, s’attache à faciliter «la compréhension de la relation entre ce que nous pensons, ce que nous ressentons et ce que nous faisons» dans le but «d’aider les jeunes à apprendre à changer leurs pensées négatives et à les remplacer par des pensées plus réalistes et équilibrées», décrivent les équipes de I-SPARX.

Selon Statistique Canada, le taux de suicide du Nunavut est l’un des plus élevés au pays. En 2016, lors du lancement du projet pilote de I-SPARX, plusieurs jeunes inuits ont dit qu’ils trouvaient plus facile de jouer au jeu que de demander de l’aide à un adulte ou à un professionnel. Les jeunes qui ont aidé à la conception de la version inuite du jeu ont ainsi décidé de se concentrer sur l’applicabilité de I-SPARX aux besoins et aux préférences des communautés nunavoises en matière de santé mentale.

I-SPARX

Par et pour les communautés inuites

En s’inspirant du succès du jeu en Nouvelle-Zélande, l’équipe de I-SPARX souhaitait avant tout l’adapter à la communauté inuite. En ce sens, la phase I du travail de recherche était centrée sur la consultation des ainés et des jeunes inuits.

«À l’été 2018, notre équipe s’est rendue dans cinq communautés du Nunavut — Pangnirtung, Pond Inlet, Cape Dorset, Baker Lake et Cambridge Bay — où on a passé environ une semaine dans chacune pour rencontrer des ainés et d’autres membres de la communauté dans le but d’échanger et d’obtenir des commentaires sur le jeu et les changements qui devraient être apportés», se remémore Yvonne Bohr.

Une démarche inclusive pour laquelle les Inuits et l’équipe de recherche ont collaboré jusqu’à obtenir un cahier des charges spécialement conçu pour susciter le sentiment d’appartenance chez les jeunes joueurs du Nunavut.

«Nous avons ensuite pris toutes ces idées et opinions, les avons résumées et les avons transmises à nos partenaires technologiques de Pinnquag, qui ont repensé le jeu pour qu’il ressemble à ce qu’il est maintenant», détaille Yvonne Bohr.

À la clé, un jeu dont la refonte visuelle a été totale avec un paysage arctique, des dialogues en Inuktitut et des personnages principaux inuits aux habits traditionnels. Des doubleurs inuits ont été embauchés pour enregistrer les dialogues en Inuktitut.

Toujours à des fins de recherches, ce premier lancement de I-SPARX invite les jeunes joueurs nunavois à s’inscrire pour jouer gratuitement au jeu. Les participants seront invités à remplir des questionnaires pour évaluer leur bienêtre mental avant et après avoir joué.

«Nous recevons de nombreuses réponses, se réjouit la Dre Bohr, nous espérons pouvoir recruter de nombreux participants, ce qui nous permettra d’évaluer correctement si le jeu est utile aux jeunes du Nunavut.»