L’analyse de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques montre que le poids relatif des jeunes (Tableau 1) est demeuré stable à + 0,2 % dans l’ensemble du pays. C’est seulement dans l’Atlantique que la proportion a baissé légèrement.
« On a tendance à penser que le vieillissement d’une plus grande part de la population francophone s’accompagne d’une proportion équivalente de baisse chez les jeunes, constate le chercheur Dominique Pépin-Filion. C’était la situation depuis des décennies : l’anglicisation avait accéléré le vieillissement et réduit le nombre d’enfants.
« Mais ce n’est pas ce que nous dit le tableau. Il n’y a pas eu de déclin des moins de 15 ans entre 2011 et 2016. » Si le nombre d’aînés a continué de croître (+2,8 %), c’est plutôt la population active de 16 à 64 ans qui a diminué (-3,1 %) et non le nombre d’enfants.
Tableau 1. Évolution en % des groupes d’âge des francophones entre 2011 et 2016 selon la région du Canada |
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Atlantique |
Ouest et Nord |
Ontario |
Total |
|
2011 2016 variation |
2011 2016 variation |
2011 2016 variation |
2011 2016 variation |
|
Moins de 15 ans |
12,2% 12,0% -0,2 |
9,9% 10,9% 0,9 |
13,4% 13,7% 0,3 |
12,4% 12,7% 0,2 |
15 à 64 ans |
69,9% 65,8% -4,1 |
70,8% 68,9% -1,9 |
69,5% 66,5% -3,0 |
69,8% 66,8% -3,1 |
65 ans et plus |
17,8% 22,2% 4,4 |
19,3% 20,2% 0,9 |
17,1% 19,8% 2,7 |
17,7% 20,5% 2,8 |
Source : Recensement de 2016, minorité de langue officielle selon la première langue officielle parlée. |
Le secteur de l’éducation française est-il en voie de réussir son pari, en recrutant les enfants dès le jeune âge ? La population scolaire au sein des 630 écoles des 28 conseils scolaires serait passée de 150 à 160 000 élèves entre 2010 et 2015. Si le pourcentage des hausses est plus élevé en Alberta, le poids des nombres est plus marquant en Ontario.
Dominique Pépin-Fillion souligne que l’assimilation linguistique continue de se faire sentir chez les jeunes francophones, mais qu’elle est « compensée par l’immigration et les migrations, probablement du Québec » surtout en faveur de l’Ouest.
Il reste que l’écart général du poids démographique entre la minorité francophone et la majorité anglophone (Tableau 2) demeure marqué, en particulier dans l’Ouest canadien, pour les jeunes (-6,9 %) et les personnes âgées (+5,5 %).
Selon les données compilées par l’Institut, il n’y a pas d’écart notable (-0,5 %) entre minorité et majorité au niveau de la population active de 16 à 64 ans à l’échelle nationale.
Par contre, dans la région de l’Ouest et du Nord, les moins de 15 ans comptent pour 10,9 % de la population francophone, contre 17,8 % chez la population anglophone. Pour les 65 ans et plus de cette région, c’est l’inverse : leur proportion s’élève à 20,2 % chez les minoritaires comparativement à 14,8 % chez les majoritaires.
Tableau 2. Différence en % des groupes d’âge entre la minorité francophone et la majorité selon la région, 2016 |
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Atlantique |
Ouest et Nord |
Ontario |
Total |
|
minorité majorité dif. |
minorité majorité dif. |
minorité majorité dif. |
minorité majorité dif. |
|
Moins de 15 ans |
12,0% 15,2% -3,2 |
10,9% 17,8% -6,9 |
13,7% 16,7% -3,0 |
12,7% 17,0% -4,3 |
15 à 64 ans |
65,8% 66,1% -0,3 |
68,9% 67,5% 1,4 |
66,5% 67,3% -0,8 |
66,8% 67,3% -0,5 |
65 ans et plus |
22,2% 18,8% 3,4 |
20,2% 14,8% 5,5 |
19,8% 16,0% 3,8 |
20,5% 15,7% 4,8 |
Source : Recensement de 2016, majorité et minorité de langue officielle selon la première langue officielle parlée. |
« Le vieillissement des francophones est encore plus avancé dans les régions rurales ou éloignées des grandes villes, des universités et de l’activité économique, conclut Dominique Pépin-Filion, puisqu’il y a de nombreux départs de jeunes adultes et moins d’immigration. » Il précise que les immigrants sont en général plus jeunes et font donc normalement baisser l’âge moyen d’une population.
La comparaison des données de 2011 et de 2016 confirme l’accélération du vieillissement des francophones hors Québec, surtout en Atlantique (4,4 %) et en Ontario (2,7 %). Ce phénomène au sein de la minorité serait plus important que chez la majorité anglophone, surtout à cause de l’anglicisation et de la ruralité ou de l’éloignement d’une partie plus importante de sa population.