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le Lundi 23 mars 2020 9:21 Société

COVID-19 : tenir compte des communautés vulnérables du Nunavut

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  Tristan in Ottawa - Wikimedia Commons
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Les Inuits s’inquiètent de leur place dans la réponse fédérale pour soutenir la population canadienne durant la crise du coronavirus.
COVID-19 : tenir compte des communautés vulnérables du Nunavut
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Deux communautés nunavoises, Coral Harbour et Cambridge Bay, ont annoncé qu’elles fermeraient leurs portes aux visiteurs dans le but de prévenir la propagation de la COVID-19 chez leurs résidents.

En effet, le Nunavut serait confronté à des défis particuliers si le virus se répandait sur le territoire. Les inégalités sociales et économiques de longue date signifient que les collectivités inuites pourraient être touchées de manière disproportionnée par le virus, précise un communiqué publié le 12 mars 2020 par l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK).

Dans ce dernier, l’ITK s’est adressé au gouvernement fédéral pour demander d’accorder une attention particulière aux Inuits en tant que groupe à risque élevé face à la COVID-19. L’organisme, qui représente les droits et les intérêts des 65 000 Inuits du Canada, veut assurer que le gouvernement fédéral tienne compte des communautés inuites dans la planification et la mise en œuvre de l’intervention nationale concernant le virus.

Plusieurs facteurs de risque

Beaucoup de facteurs rendent l’auto-isolement, l’une des mesures clés pour lutter contre le coronavirus, difficile à accomplir. De nombreuses communautés éloignées du Nunavut sont confrontées à des pénuries de logements et à de la surpopulation. Plusieurs d’entre-elles manquent aussi d’eau potable et ont un accès limité à des services de santé.

Souvent obligés de quitter leur communauté pour la plupart de leurs soins de santé, les Inuits verraient de graves conséquences si des interruptions prolongées des voyages intercanadiens avaient lieu. Le recours important aux centres dans le sud du Canada pour les soins intensifs et les services de laboratoire pourrait aussi être limité pour les Inuits si ces centres sont submergés de patients dans leur propre territoire.

L’impact de la pauvreté dans les collectivités inuites du Nunavut et l’incapacité de la plupart des familles inuites à s’approvisionner en produits de base sont d’autres facteurs à prendre en compte. Si un degré élevé de cas de la COVID-19 entraine des retards ou des arrêts complets du marché canadien du transport, il y aurait une pénurie importante d’articles cruciaux dans les communautés du Nord.

Tous ces facteurs, en plus de la vulnérabilité des Inuits face à des infections respiratoires comme la tuberculose, inquiètent l’ITK : « les communautés inuites devraient être mises en priorité pour l’allocation de ressources ». Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé qu’un fond d’un milliard de dollars a été créé pour aider les Canadiens durant l’épidémie du coronavirus. De ce fond, l’ITK s’attend à ce qu’une allocation spécifique soit promise pour soutenir les Inuits.

Plusieurs mesures mises en place dans le territoire

Lors d’une conférence de presse le 16 mars 2020, le Dr Michael Patterson, administrateur en chef de la santé publique du Nunavut, a abordé le niveau de préparation actuelle du gouvernement du Nunavut face à l’épidémie. « Il est important que toutes les mesures soient prises pour minimiser les risques pour les Nunavummiuts ». Il a également ajouté qu’une trentaine de tests ont été envoyés en laboratoire, en précisant que plusieurs de ces tests n’auraient pas été nécessaires dans le sud du pays, mais qu’ils ont tout de même été administrés en raison de la réalité vulnérable des communautés du Nunavut.

David Joanasie, ministre de l’Éducation a aussi annoncé que toutes les écoles nunavoises seront fermées pour les trois prochaines semaines. Les cours au Collège de l’Arctique auront toujours lieu jusqu’à ce que la situation soit réévaluée. À cause de l’évolution rapide de la crise, M. Joanasie n’a pas pu donner de réponse aux parents qui sont étudiants au Collège et qui devront manquer leurs cours pour prendre soin de leurs enfants.

Le premier ministre du Nunavut, Joe Savikataaq, a déclaré être en communication avec le gouvernement fédéral pour assurer que les Nunavois aient un soutien équivalent aux autres provinces et territoires si le virus traversait les frontières. Il a également précisé être en communication avec tous les ministères du GN ainsi qu’avec les services de santé dans toutes les communautés du Nunavut.

En date du 17 mars 2020, il n’y a aucun cas confirmé de la COVID-19 au Nunavut.