Afin de de rendre hommage à un fidèle collaborateur, Francopresse présente des extraits des chroniques publiées depuis août 2015.
10 mars 2017, à l’occasion du Mois de la Francophonie :
«Ces jours-ci, j’écoute à répétition Petitcodiac de Zachary Richard au volant de ma voiture… Le CD est coincé dans le lecteur… Panne opportune et providentielle, puisque c’est dans ce passage que j’ai puisé cette chronique.
«Crazy Horse, Beausoleil, Louis Riel, Jacky Vautour… Tous ces noms évoquent un combat… Il ne sera jamais fini… On peut toutefois le civiliser, ce combat, pour en faire autre chose qu’une chicane… Il faut s’en rappeler, le Canada est né d’une guerre entre deux grandes nations. La paix lui a succédé, heureusement.
«Il reste encore à en supprimer les échos. Ce serait la mission des aventuriers de la francophonie du 21e siècle.»
7 mai 2018, à propos de sa rencontre avec Gabriel Kuaté, «Acadien noir de la région de Saint-Quentin-Kedgwick» :
«À bas les préjugés sur le manque d’ouverture dont sont souvent accusées les communautés dites isolées ou éloignées. Les Kuaté sont à même de témoigner d’une belle et généreuse ouverture. Pourtant, ils en ont ‘arraché’ comme on le dit familièrement, mais pas à Kedgwick. Plutôt dans les bureaux de l’immigration.»
S’il est vrai que les rêves ne se réalisent jamais tout à fait, il est tout aussi vrai qu’ils conduisent vers quelque chose de mieux quand on ne les lâche pas. Le rêve doit mener plus loin qu’à un seul idéal. Il doit produire du concret, du solide, du tangible.
20 novembre 2017, à l’occasion du 50e anniversaire des États généraux du Canada français :
«C’est en défendant son caractère propre et en s’ouvrant sur l’étranger que la langue française va survivre sur ce territoire. […] La cause commune ne réside pas dans l’appellation de Canadien-français, mais dans l’affirmation communautaire d’abord, puis ensuite dans un mouvement universel, celui de parler français contre vents et marées.»
Un pilier du journalisme
M. Paulin a vécu en Acadie, au Québec, en Ontario, dans l’Ouest canadien et en France. Il a été journaliste pour Radio-Canada en Saskatchewan et en Atlantique avant de devenir journaliste indépendant sur la Colline du Parlement à Ottawa. Il a aussi été collaborateur à Radio-Canada International, à Radio Vatican et à la Radio suisse romande avant de se consacrer à l’enseignement du journalisme au collège La Cité à Ottawa à partir de 2001.
«Réjean, fier Acadien et fervent défenseur de la francophonie canadienne, a été un pilier de la presse francophone en situation minoritaire pendant de nombreuses années», déclare Francis Sonier, président de l’Association de la presse francophone, qui chapeaute Francopresse. «Par sa passion pour le métier de journaliste […], il a laissé sa marque auprès de plusieurs générations de jeunes journalistes qui œuvrent toujours dans notre réseau», ajoute-t-il.
9 septembre 2019, à propos de l’incertitude de l’avenir du journal Le Droit :
«J’étais en poste à CBKF, la radio de Radio-Canada en Saskatchewan. Des journaux lancés sans trop de manières trainaient sur une table : Globe and Mail, Star Phoenix, Leader Post. Les titres s’étalaient en anglais… Et puis tout à coup, j’ai aperçu un mot français qui dépassait : ‘vive’. Je sors le journal de l’empilade. Il était le plus modeste de tous en taille. À mes yeux toutefois, il était le plus grand. Je venais de découvrir L’Eau vive.
«L’ouvrir, c’était comme entendre les échos de la langue française venus de l’immensité des vastes plaines de l’Ouest canadien sous le plus grand ciel qu’il m’avait été donné de voir. En même temps, ces pages me donnaient la certitude que des Fransaskois vivaient dans ce vaste univers et qu’il partageait ma culture et ma langue.»
L’amour des grands espaces et des accents
La coordonnatrice de Francopresse, Andréanne Joly, souligne l’amour des grands espaces et de la francophonie que nourrissait M. Paulin, dans son quotidien comme dans ses écrits. «Éternel optimiste, ses chroniques étaient toujours empreintes d’un attachement réel à ces communautés qui se sont battues pour continuer d’exister et qui font toujours raisonner la langue et les accents.»
En novembre dernier, il évoquait la beauté des français de la francophonie canadienne :
Faut-il toujours parler lexique en poche? Répondre oui à cette question priverait la langue française de tous ses accents et de ses couleurs locales. Impensable et inconcevable.
5 novembre 2019, à propos du documentaire de Denise Bombardier, Denise au pays des Francos :
«’Votre langue n’est pas la mienne’, dit Denise Bombardier à l’intention des francophones minoritaires. Or, des années passées en France, au Québec, en Acadie, en Saskatchewan et en Ontario m’ont fait entendre bien des sons français qui ne sont pas les siens, ni les miens, ni les vôtres probablement. Mais ils sont nôtres. C’est ce qui compte. Et bien sûr, dans toutes ses ‘parlures’, on entend des fautes.»
3 novembre 2016, à propos du décès du Franco-Ontarien Paul Demers :
«Notre place, on l’a conquise souvent contre les vicissitudes de l’histoire, on s’y est tantôt accrochés avec l’énergie du désespoir, on l’a défendue puis on l’a chantée avec les mots des poètes, surtout ceux de Paul Demers. Hélas, il a quitté ce lieu collectif pour le dernier voyage, emporté trop jeune par une maladie sans pardon.
«De luttes en victoires, ainsi va la vie comme un balancier auquel on doit toujours donner un élan pour éviter que le recul soit son dernier mouvement. C’est ainsi que le français a fait sa place partout au pays.
«Elle est grande la toile francophone. On peut l’entendre claquer sous tous les vents qui soufflent sous nos latitudes. En fait, aucun pays au monde ne peut prétendre avoir semé le français sur pareille étendue, des forêts riches en feuillus luxuriants jusqu’à Inuvik où on chatouille le cercle polaire… Les vagues du Pacifique ne lui sont pas étrangères, pas plus que les brumes de Terre-Neuve.»