le Mercredi 8 octobre 2025
le Mardi 7 octobre 2025 6:30 Francophonie

Francophonie au Nunavut : croissance record de l’AFN et dissolution du Théâtre Uiviit

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À l’ordre du jour de la 44e assemblée générale annuelle de l’AFN : bilan de l’année écoulée, états financiers, dissolution du Théâtre Uiviit et élection au conseil d’administration.  — Photo : Brice Ivanovic
À l’ordre du jour de la 44e assemblée générale annuelle de l’AFN : bilan de l’année écoulée, états financiers, dissolution du Théâtre Uiviit et élection au conseil d’administration.
Photo : Brice Ivanovic

FRANCOPRESSE – L’incertitude entourant l’avenir du Théâtre Uiviit a dominé les discussions lors de l’assemblée générale annuelle (AGA) de l’Association des francophones du Nunavut (AFN), le 24 septembre. Seul point négatif d’un bilan marqué par une importante expansion de l’organisme.

Francophonie au Nunavut : croissance record de l’AFN et dissolution du Théâtre Uiviit
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«Vision» : tel est le mot-clé mis de l’avant par le directeur général de l’AFN, Christian Ouaka, pour illustrer l’année écoulée, mais aussi la mission de l’organisme franco-nunavummiut.

En trois ans, les projets de l’AFN ont triplé : elle en pilote aujourd’hui 43 – et autant de demandes de financement –, en plus de neuf pôles de services (médias, formation, justice, petite enfance, etc.). L’équipe salariée a augmenté de 50 % dans la même période.

Le président, Goump Djalogue, a tenu à souligner l’engagement des bénévoles : «On a beau avoir un financement, sans bénévoles, le projet n’aboutirait pas.»

De gauche à droite : Marc-Antoine Guay (administrateur), Christian Ouaka (directeur), Goump Djalogue (président) et François Ouellette (vice-président sortant). 

Photo : Brice Ivanovic

Un moment de «deuil»

Mais c’est la dissolution du Théâtre Uiviit et son intégration à l’AFN qui ont occupé la majeure partie des discussions; un moment qualifié à plusieurs reprises de «deuil» par des membres de l’assemblée.

«Cela fait trois ans que ça se prépare», a rappelé l’ancien coordonnateur du Théâtre et auteur de l’étude de faisabilité sur l’intégration de ce dernier au sein de l’AFN, François Fortin.

Fondé en 2014, le Théâtre faisait face à des difficultés administratives depuis plusieurs années et était sous la tutelle de l’AFN. Celle-ci assure qu’elle préservera les acquis et la mission de cette association culturelle emblématique de la communauté.

Le Théâtre étant un organisme 100 % bénévole, c’est devenu difficile de maintenir les activités, comme c’est souvent le cas pour les organismes; mais comme il y a beaucoup d’organismes à l’échelle d’Iqaluit, il y a beaucoup de pression pour avoir des membres du CA.

— François Fortin

Le Théâtre devrait devenir «le bras artistique» de l’AFN, mais certaines personnes dans le public ont exprimé leur inquiétude quant à l’héritage de ce lieu culturel et la forme qu’il prendra.

Quelqu’un a proposé de changer le nom de «théâtre» si l’organisme finit par proposer d’autres activités culturelles que l’art dramatique, comme de la danse, des lettres, etc.

Le président du CA, Goump Djalogue, s’est voulu rassurant : «Les termes utilisés font partie de cette grande réflexion qu’on va faire ensemble au moment d’une consultation future pour savoir comment tout va être exécuté.»

L’AFN promet que la communauté sera consultée à ce sujet.

La 44e assemblée générale annuelle de l’AFN a rassemblé une quarantaine de personnes à Iqaluit. 

Photo : Brice Ivanovic

Centraliser les ressources

L’organisme francophone a profité de l’AGA pour mettre de l’avant ses derniers projets, comme le lancement de la clinique d’aide juridique et d’aide à la déclaration d’impôts en français, l’entente proposée avec le Commissariat aux Langues officielles du Nunavut, ainsi que le réseau NunaFemmes.

La mise sur pied du Centre de navigation des services en français reste l’un des chantiers principaux. Il vise à centraliser et à faciliter l’accès aux services gouvernementaux, sociaux et communautaires en français. La dispersion de l’offre actuelle complique ces démarches, estime l’AFN.

Une étude pour dresser une cartographie de l’offre de services en français au Nunavut est également en cours.

L’AFN a aussi entrepris un projet d’entente avec Nunavut Tunngavik Inc. (NTI), pour instaurer un «partenariat respectueux et dynamique avec la communauté inuit», peut-on lire dans le rapport annuel, notamment pour la défense des droits linguistiques et la valorisation du patrimoine culturel.

Une meilleure situation financière

Après une année déficitaire, les finances de l’AFN vont mieux. «Ce n’est pas trop mal, ce n’est pas idéal», a résumé le trésorier, Cheick Cissé. L’actif net pour l’exercice financier est de 2,15 millions de dollars.

Les subventions et contributions ont nettement augmenté, notamment celles du gouvernement fédéral, passant de 604 605 à 955 733 $. Des fonds qui proviennent, entre autres, du Programme d’appui aux langues officielles (PALO) et qui devraient «rester comme ça», explique Christian Ouaka. Même si «actuellement on parle de faire des économies au niveau fédéral».

«Donc on ne sait pas vraiment, mais on continue de travailler avec les bailleurs de fonds pour que le financement se maintienne», a-t-il ajouté.

L’AFN a aussi changé de cabinet comptable, pour pouvoir être pleinement servi en français, ce qui n’était pas le cas avec la firme précédente.

La suite

Du côté des élections au conseil d’administration, Marc-André Caron et Elizabeth Mbowou ont été élus comme administrateurs. David Abernethy a été réélu pour un second mandat. Ils succèdent à François Ouellette et Cheick Cissé. Goump Djalogue, Safiatou Traoré et Marc-Antoine Guay conservent leur siège.

Pour l’année 2025-2026, l’AFN travaillera à la mise en place d’États généraux de la francophonie au Nunavut.

Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Camille Langlade

Cheffe de pupitre

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