Nouveau dossier pour le Centre Passerelle
Pour le Centre Passerelle de Timmins, il s’agit d’un nouveau dossier. « En étant un centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, les femmes ont souvent accès à nos services », explique la coordonnatrice du développement communautaire du Centre, Karine Denis. « On a aussi une maison d’hébergement. On connait les facteurs de risque [de la traite des personnes et de leur exploitation sexuelle] », dit-elle, citant en exemple le manque d’accès à un logement sécuritaire et abordable et un statut socioéconomique précaire.
Pour venir en aide aux victimes, le Centre Passerelle offrira un service d’appui transitoire et de soutien au logement.
Selon les données compilées par le Northeastern Ontario Research Alliance on Human Trafficking (l’alliance de recherche du Nord-Est sur le trafic des personnes, NORAHT), les besoins les plus pressants pour les victimes de traite du Nord-Est sont d’obtenir de l’aide pour se trouver un logement, du soutien social, l’accès à la thérapie, le traitement de dépendances et de l’aide au transport.
L’intervenante embauchée par le Centre Passerelle doit mettre en place des plans de transition adaptés culturellement aux femmes métisses et issues des Premières Nations.
Un problème réel dans le Nord ontarien
Participant à un atelier la semaine dernière, Karine Denis a pu mesurer l’ampleur du problème au plan régional. Dans certaines collectivités du corridor du nord, la traite a déjà pris la forme d’un réseau du crime organisé, rapportait-elle.
« Souvent, quand on pense à la traite des personnes, on pense à des femmes qui proviennent d’autres pays et qui se font transporter au Canada, expose-t-elle. Mais en réalité, ce que l’on sait, c’est que 90 % des victimes de la traite des personnes sont Canadiens et Canadiennes. » De ce nombre, 71 % sont des femmes ou des filles.
Mme Denis va plus loin : « On dit que de 30 à 50 % sont des femmes autochtones ». Et encore : « Pour la communauté autochtone, l’âge moyen des filles qui sont victimes de la traite est de 12 à 13 ans ». Comme la population autochtone représente 4 % de la population canadienne, Mme Denis souligne les disproportions de la traite pour ce groupe. En plus, elle croit que les chiffres ne sont que la pointe de l’iceberg.
Au-delà de la population autochtone
Avec les fonds qu’elle a reçus, la NORAHT doit former les organismes de première ligne, mais aussi préciser le portrait de la traite dans le Nord-Est ontarien.
« [Dans nos communautés,] on commence juste à en parler. Typiquement, on pense que ça se passe dans le Sud de l’Ontario ou à Vancouver, dans des centres un peu plus urbains. Mais non, ça se passe ici aussi », constate Mme Denis.
Les fonds versés au Centre Passerelle, à l’Action ontarienne contre la violence faite aux femmes et à NORAHT proviennent de la Stratégie ontarienne pour mettre fin à la traite des personnes, lancée en 2016 par le gouvernement de l’Ontario.