Le ministre Boissonnault s’est rendu aux Territoires du Nord-Ouest (TNO) ainsi qu’au Yukon pour y rencontrer des acteurs du secteur touristique, notamment des représentants d’entreprises autochtones.
Engagé dans l’élaboration d’une nouvelle stratégie fédérale pour la croissance de l’industrie, le ministre entrevoit une place de choix pour les TNO dans le sous-secteur du tourisme autochtone, dont il vante le fort potentiel.
Il a sondé les premiers concernés pour recueillir leurs idées : «Si nous voulons faire du Canada la troisième, la deuxième ou même la première destination mondiale pour le tourisme autochtone, que devons-nous faire? Quelle sorte d’accompagnement, quelle sorte de stratégie, quelle sorte d’évolution veut-on voir dans le secteur touristique des TNO? Voilà les questions auxquelles nous tentons de répondre», a soutenu le ministre Boissonnault.

Le ministre Boissonnault a sondé les acteurs du tourisme aux TNO.
Reprise rapide aux TNO
L’industrie touristique du pays doit toutefois se remettre des coups durs assénés par la pandémie. Selon le plan de relance 2022-2025 de l’Association touristique autochtone du Canada (ATAC), la COVID-19 aurait causé une réduction d’environ 70 % des contributions du secteur au PIB national et une perte de 21 000 emplois.
Dans Reconstruire mieux : relance stratégique du tourisme autochtone 2022-2025, l’ATAC suggère des mesures pour que l’industrie atteigne le même niveau qu’en 2019 d’ici 2025. À l’époque, le sous-secteur enregistrait 40 000 employés et une contribution au PIB national de 1,86 milliard $.
«Pour atteindre nos objectifs de 2022-2025 pour l’industrie touristique autochtone au Canada, notre plan de relance nécessite un investissement de 65 M$ sur trois ans», précise le plan de l’ATAC.
Selon le ministre Boissonnault, l’industrie touristique des TNO serait l’une des premières au pays à s’être relevée de la pandémie : «Ce qui m’a surpris, c’est que l’industrie touristique des TNO avait retrouvé le même niveau en juin 2022 qu’à pareille date en 2019. Je veux comprendre ce qui s’est produit ici, affirme le ministre. Je crois que le reste du pays peut apprendre de ce qui se fait aux Territoires du Nord-Ouest.»
D’après le ministre, environ 80 % des touristes étrangers qui voyagent au Canada souhaitent vivre une immersion en culture autochtone. «Une grande majorité des visiteurs étrangers cherchent à vivre des expériences autochtones authentiques et les Territoires du Nord-Ouest sont extrêmement bien en placés pour offrir ce type d’expériences», estime-t-il.
L'économie des visiteurs dans les TNO a un énorme potentiel, et il est important d'en faire une réalité. Notre gouv. continuera de collaborer et de travailler ensemble pour relever les défis auxquels ils sont confrontés et aider à partager leur produit unique avec le monde. pic.twitter.com/L0It43CUVI
— Randy Boissonnault 🏳️🌈 (@R_Boissonnault) August 10, 2022
De grandes attentes
Dans son mot d’introduction du plan de relance, la présidente de l’ATAC, Brenda Holder, souligne que la pandémie aurait contribué à accroitre la demande pour «des expériences autochtones authentiques».
«Au cours des deux dernières années, nous avons assisté à un changement sociétal dans le domaine des voyages. Un changement qui a rapproché les consommateurs des valeurs fondamentales de la culture autochtone», indique-t-elle dans le document.
La Nouvelle-Zélande serait présentement en tête des destinations touristiques orientées vers les cultures autochtones. D’après le ministre Boissonnault, le tourisme autochtone néozélandais a enregistré en 2019 des retombées de 6 milliards $, comparativement à près de 1,9 milliard $ au Canada. «Il y a encore beaucoup de travail à faire pour atteindre [le niveau néozélandais]. Pour moi, il n’y a pas de question à se poser : les TNO doivent faire partie de ces efforts», affirme-t-il.
Bien qu’il parle d’un «énorme potentiel», le ministre mentionne également les limites qui se dressent actuellement devant la croissance de l’industrie touristique des TNO.
«Nous devons nous pencher sur les questions d’infrastructure, d’accès aux régions ou encore de capacité locale, poursuit-il. Yellowknife est une ville d’environ 20 000 habitants. Serions-nous en mesure d’accueillir 100 000 touristes? C’est une question ouverte pour moi, et nous devons travailler avec le territoire, les municipalités et les entrepreneurs [pour l’élucider].»
Merci Bill d'avoir donné vie au paysage aujourd'hui lors de notre visite du Grand Lac des Esclaves. J'ai hâte de raconter ces histoires à mes collègues du tourisme et aux membres du Cabinet! pic.twitter.com/RqM9B9sc5G
— Randy Boissonnault 🏳️🌈 (@R_Boissonnault) August 11, 2022
Un corridor touristique francophone
Dans le cadre de sa nouvelle stratégie fédérale pour la croissance du tourisme canadien, Ottawa compterait notamment rehausser l’attrait touristique de certaines villes canadiennes outre les métropoles.
«Il est important de ne pas miser uniquement sur Toronto, Vancouver et Montréal, explique le ministre Boissonnault. En bénéficiant davantage de vols directs, par exemple, des villes comme Edmonton ou Calgary deviendraient des points d’accès importants vers les Territoires du Nord-Ouest.»
Le ministère du Tourisme parle également de développer un corridor de tourisme francophone à travers le pays, au-delà du Québec. Ottawa travaillerait de près avec le Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE Canada), dont l’initiative «Salut Canada» vise justement à mettre en valeur les entreprises touristiques francophones en milieu minoritaire.
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«On sait aujourd’hui que les touristes de France ou de Belgique, par exemple, veulent visiter le Québec, mais veulent également explorer le reste du pays, indique le ministre. Il s’agit d’élaborer ce corridor touristique qui nous permettra de remplir des autobus de touristes francophones et de leur offrir des destinations où ils pourront obtenir des services en français et vivre l’expérience du Nord.»
La fermeture prochaine des mines de diamant génère son lot d’incertitude pour l’économie du territoire, aujourd’hui appelée à se diversifier pour combler le vide. Le secteur touristique, qui représente environ 2 % du PIB des TNO et un millier d’emplois à l’heure actuelle, est cité parmi les secteurs à fort potentiel.
«On a vu la même chose en Atlantique, à Terre-Neuve-et-Labrador, lorsqu’on a fermé la pêche à la morue dans les années 1990, évoque le ministre. Des villages entiers ont dû plancher sur le tourisme pour mettre du pain sur la table et payer leurs hypothèques. Près de trente ans plus tard, des régions complètes en ont fait le premier secteur de leur économie.»