le Jeudi 17 juillet 2025
le Jeudi 17 juillet 2025 6:30 Francophonie

Francophonie économique : «Enfin, on semble vouloir être à l’offensive»

Pourquoi faire confiance à Francopresse.
La situation tarifaire actuelle avec les États-Unis pousse les entreprises canadiennes à faire affaire entre elles.  — Photo : Freepik
La situation tarifaire actuelle avec les États-Unis pousse les entreprises canadiennes à faire affaire entre elles.
Photo : Freepik
FRANCOPRESSE – Réunis fin juin à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, les ministres responsables de la francophonie au Canada ont tous indiqué que celle-ci devait prendre une dimension plus économique. Selon un expert, cette tendance doit être portée par les provinces, qui constituent le «nœud de l’enjeu».
Francophonie économique : «Enfin, on semble vouloir être à l’offensive»
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«Enfin, on semble embarquer dans le train de vouloir être à l’offensive avec la francophonie par le biais de la francophonie économique», lâche le président-directeur général du Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE) Canada Canada, Yan Plante.

Néanmoins, il avance que la proximité géographique avec les États-Unis (deux tiers des Canadiens et Canadiennes vivent à moins de 100 kilomètres de la frontière) et le taux de change – qui permet de dégager 20 % de marge, «sans même faire un effort de productivité» – peuvent freiner les réflexes commerciaux à l’intérieur du pays.

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Plus d’affaires à l’intérieur du pays

Pour lui, la situation actuelle tarifaire avec les États-Unis pousse les entreprises canadiennes à faire affaire entre elles, notamment les 116 760 entreprises francophones en dehors du Québec, selon les données de Statistique Canada de 2021.

Le PDG du RDÉE Canada, Yan Plante, voudrait voir «un pas de plus» du côté des provinces, afin de les voir devenir de «véritables champions du commerce francophone». 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Plus de 10 % d’entre elles ont des revenus totaux de plus de 5 millions de dollars par année en moyenne. «Ces entreprises ont une masse critique qui est suffisante pour qu’on pense à maximiser des corridors de commerce au sein du Canada», souligne Yan Plante.

À ses yeux, la crise actuelle avec les États-Unis représente le «moment où jamais» pour améliorer le commerce à l’intérieur du pays.

Yan Plante affirme que le gouvernement fédéral a «fait tomber une cinquantaine de barrières» en adoptant le projet de loi C-5, juste avant le relâche estivale du Parlement, fin juin.

Ce projet de loi comporte deux volets. Le premier élimine une cinquantaine de barrières commerciales entre les provinces et territoires. Le second, plus controversé, vise à permettre la réalisation de grands projets qualifiés «d’intérêt national» par le gouvernement de Mark Carney, mais mal accueillis par plusieurs communautés autochtones et des groupes écologistes.

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Provinces et territoires : le «nœud de l’enjeu»

«Mais le nœud de l’enjeu du commerce interprovincial au Canada, ce n’est pas le fédéral, ce sont les provinces entre elles, qui exercent un protectionnisme», avance Yan Plante.

Il cite par exemple les règles de limite de poids par camion ou les heures de circulation de certains poids lourds, susceptibles de varier d’une province à une autre : «Il y a toutes sortes de dédoublements qui freinent le commerce canadien.»

Seuls les ministres responsables de la francophonie, poussés par leurs gouvernements provinciaux et territoriaux, peuvent agir, estime-t-il.

Certains ont déjà signé des ententes interprovinciales, comme l’Ontario et le Manitoba ou l’Ontario, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, afin d’éliminer les obstacles au libre-échange des biens et services. Ces efforts demeurent néanmoins insuffisants pour le RDÉE.

Yan Plante rappelle que le nombre de francophones dans le monde passera de 350 à 700 millions d’ici 2050 : «Le Canada, avec sa francophonie, peut être placé de façon stratégique pour faire des affaires en français.»

D’après lui, le pays à la feuille d’érable est déjà bien positionné pour faire des affaires en France, en Belgique, en Suisse, ainsi que dans une quinzaine de pays d’Afrique et d’Asie.

Allons conquérir le monde, soit, mais commençons donc par être meilleurs dans notre propre cour.

— Yan Plante

Robert Gauvin, ministre responsable de la Francophonie du Nouveau-Brunswick, affirme que c’est le rôle des gouvernements provinciaux «d’ouvrir leurs portes» pour permettre le commerce interprovincial. 

Photo : Courtoisie

Le Nouveau-Brunswick travaille actuellement à renouveler ses ententes de coopération en francophonie canadienne avec le Manitoba et le Québec, son principal partenaire.

«On exporte et on échange avec le Québec pour 7,5 milliards de dollars, soit 32 % de nos échanges interprovinciaux», affirme le ministre de la Sécurité publique et ministre responsable de la Francophonie du Nouveau-Brunswick, Robert Gauvin, en entrevue avec Francopresse.

La province est actuellement en discussion avec l’Ontario pour signer une entente formelle en francophonie canadienne l’an prochain.

Sur la scène internationale, le Nouveau-Brunswick est membre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), ce qui facilite les relations et les échanges, indique le ministre Gauvin.

Sachant que son gouvernement effectuait 92 % de ses exportations vers les États-Unis avant l’élection de Donald Trump, Robert Gauvin assure qu’il est primordial «de reconnaitre nos amis, nos partenaires et de diversifier justement nos exportations, nos liens d’affaires et nos relations».

Contactés, les ministères responsables de la francophonie en l’Alberta, en Saskatchewan et des Territoires du Nord-Ouest n’avaient toutefois pas répondu à nos demandes au moment de la publication.

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Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Ottawa

Inès Lombardo

Correspondante parlementaire

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