«Le cœur des Jeux, c’est le par et pour les jeunes. C’est de créer cette solidarité-là, cette camaraderie entre les participants et les participantes et leur donner surtout – et ça, c’est le nerf de la guerre – envie de parler en français sans gêne, sans complexe, dans toutes les nuances de la langue», déclare la directrice des communications et des partenariats des JeuxFC, Émilie Duquette.
Tous les bénévoles de l’évènement – pour la majorité du Québec – ont d’ailleurs suivi une formation sur l’insécurité linguistique, présentée par des membres du Conseil jeunesse francophone de la Colombie-Britannique.
«On sait qu’on a beaucoup de nos participants qui sont confrontés avec cette réalité», précise le directeur général du comité organisateur des JeuxFC, Marc DeBlois.
Parler français, «sans complexe»
Émilie Duquette cite un des exemples donnés lors de la formation : «Un jeune qui a de l’anglais dans son français, le bénévole ne doit pas avoir l’automatisme de faire le switch en anglais. Il faut éviter ça à tout prix.»
Elle rappelle que l’évènement a pour vocation d’accepter et de mettre en valeur toutes les nuances de la langue française et de créer un environnement «sécuritaire, sain et inclusif».
Au Québec, l’insécurité linguistique, c’est pas un concept qu’on connait vraiment. Parce qu’on peut étudier en français, on peut écrire en français, on peut travailler en français. […] On a dû l’apprendre et le comprendre.
«Dans notre système scolaire, on a une phobie des anglicismes. Ces jeunes-là qui vont arriver de partout à travers le Canada, les anglicismes font partie de leur vocabulaire […] Fait que juste ça, c’est de déconstruire quelque chose, de désamorcer certaines choses avec lesquelles on est rendu habitués.»
Les JeuxFC servent aussi à faire connaitre les réalités de la francophonie canadienne : «C’est toujours une belle occasion de pouvoir tisser ces liens-là entre le Québec et les francophones de situation minoritaire», note la vice-présidente de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), Madeleina Daigneault.
Huitième édition
Les JeuxFC, coorganisés par la FJCF et le comité organisateur, rassemblent tous les trois ans des jeunes d’expression française de 14 à 18 ans provenant des quatre coins du pays.
La dernière édition a eu lieu en 2017, à Dieppe et à Moncton, au Nouveau-Brunswick. Les JeuxFC prévus en 2020 à Victoria, en Colombie-Britannique, ont été reportés puis annulés à cause de la pandémie de COVID-19.
«C’était vraiment dramatique pour nous de devoir annuler l’édition qui devait avoir lieu en 2020. Mais on en a profité pour faire une grande étude sur nos jeux», relate la gestionnaire des JeuxFC à la FJCF, Caroline Bujold.
«On a sondé nos jeunes pour savoir : “Est-ce que les Jeux sont encore pertinents? Est-ce que vous êtes toujours intéressés à participer? Quelle discipline on devrait garder ou pas?”»
Ce qui l’a marquée, c’est de voir la volonté des jeunes de se retrouver en personne : «Ça leur manquait.»
L’engagement de toute une communauté
Marc DeBlois souligne aussi l’importance des bénévoles : «C’est l’ADN d’une communauté. C’est ce qui la fait vivre. Tu peux faire de belles politiques, les plus beaux règlements, mais ça prend des gens qui font vivre cette communauté-là.»
Il y aura plus de 600 bénévoles qui accompagneront les jeunes. Une soixantaine d’organismes de Laval se joignent aussi à la fête.
Toutes les provinces et tous les territoires seront représentés. «Chaque partenaire de recrutement fonctionne d’une façon différente, selon leur réalité et selon leurs moyens aussi. Il y en a qui ont des défis plus grands que d’autres», rapporte Émilie Duquette.
«Les mœurs de ces jeunes-là ont aussi un petit peu changé durant la pandémie. Donc il y a beaucoup de nouveaux défis auxquels les équipes de recrutement ont fait face.»
Deux nouveautés : l’art culinaire et le flag football
Les JeuxFC ne tournent pas uniquement autour du sport; on y parle aussi de leadeurship et d’art. Dans la première catégorie, les jeunes pourront s’essayer à l’art oratoire, à la justice sociale, aux médias, mais aussi… à la survie.
Dans la seconde, ils pourront s’illustrer dans des épreuves d’improvisation, de musique, de théâtre et – nouveau cette année – d’art culinaire.
Côté sports, le flag football fait son entrée au calendrier, aux côtés de l’athlétisme, du badminton, du basketball, de l’ultimate (disque volant) et du volley de plage.
«L’idée c’est de pouvoir rejoindre les intérêts de tous les jeunes, pas seulement les personnes qui sont artistiques ou sportives», commente la vice-présidente de la FJCF, Madeleina Daigneault.
Sprint final
À quelques heures de l’ouverture, l’excitation monte au sein du comité organisateur.
«Le défi, c’est la gestion de l’échéance et des imprévus qui vont arriver, mais le comité est prêt, il est solide», assure Marc DeBlois, qui espère que ces Jeux vont avoir une incidence sur «l’indice de bonheur de la communauté francophone à travers le Canada».

Pour l’édition 2025 des JeuxFC à Laval, plus de 600 bénévoles ont répondu à l’appel.
«Les participants et participantes vont socialiser, ils vont créer des liens et on espère qu’ils vont durer dans le temps. Parce que quand on parlait de pandémie, les gens se sont isolés, on a perdu ce contact.»
«D’autant plus que ce n’est pas une compétition […] où l’on donne des médailles aux plus méritants», fait remarquer le porte-parole de l’évènement, Serge Yvan Bourque.
Le simple fait d’être là, d’être un citoyen francophone canadien, de rencontrer d’autres personnes, c’est comme si en participant aux Jeux, tu avais déjà une médaille.
«Il y a la compétition bien sûr, mais le but ultime c’est toujours de se rapprocher avec cette identité francophone, de rencontrer d’autres francophones à travers le pays, de tisser ces amitiés», abonde dans le même sens Madeleina Daigneault.
«C’est la bougie d’allumage des prochaines rencontres. Pour plusieurs de ces jeunes-là, ils vont se rencontrer pour la première fois. Le but, c’est de leur offrir le plus beau moment et leur donner envie de se revoir», partage Émilie Duquette.