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le Vendredi 12 août 2022 13:00 Arts et culture

Cinq artistes acadiens exposent en Normandie

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L’exposition «Acadie, le pays et ses gens» est en place jusqu’au 4 septembre. — Photo : Courtoisie, Archives Acadie Nouvelle
L’exposition «Acadie, le pays et ses gens» est en place jusqu’au 4 septembre.
Photo : Courtoisie, Archives Acadie Nouvelle
IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE COURRIER DE LA NOUVELLE-ÉCOSSE (Nouvelle-Écosse) – À l’intersection de plusieurs identités, l’artiste acadien François Gaudet utilise la photographie et la peinture pour mieux comprendre son histoire et de son bagage linguistique.
Cinq artistes acadiens exposent en Normandie
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Originaire de Baie Sainte-Marie, François Gaudet se taille tranquillement une place dans le monde des arts visuels.

Ayant grandi avec un père photographe qui aimait capturer la beauté des Maritimes, il a développé très jeune une fascination pour cette «boite magique» qui capturait le monde autour de lui.

Cet envoutement a porté fruit : avec quatre de ses confrères, il a été sélectionné pour exposer ses œuvres au musée Michel Ciry, à Varengeville-sur-Mer, en Normandie, dans le cadre de l’exposition «Acadie, le pays et ses gens».

Jusqu’au 4 septembre et pour souligner le 80e anniversaire du Raid de Dieppe, cette exposition temporaire «propose un regard contemporain de ces artistes en provenance de l’Acadie, lieu du premier établissement des colons français au Canada».

Le tout est organisé en partenariat avec le Centre culturel canadien à Paris et en collaboration avec la Stratégie de promotion des artistes acadiens sur la scène internationale (SPAASI), basée à Moncton au Nouveau-Brunswick.

Consultez le site du journal Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Quelques œuvres de l’exposition.

Photo : Page Facebook Musée Michel CIRY

Des œuvres de François Gaudet.

Photo : Page Facebook Dieppe-Normandie Tourisme

Un art symbolique et politique

François Gaudet trouve une partie de son inspiration dans les défis linguistiques auxquels il a fait face durant sa jeunesse, notamment de se sentir pris entre un univers francophone et anglophone, de se sentir «toujours dans le milieu de quelque chose».

Et il redécouvre souvent cet entredeux dans son quotidien. Durant la pandémie, il a commencé à «se déguiser» en modifiant une image de lui-même, la manipulant pour qu’elle reflète son identité. Le résultat final : des autoportraits qui mélangent son univers fictif – la peinture – avec celui de la photographie, qui se rapproche du réel.

L’artiste François Gaudet.

Photo : Page Facebook Musée Michel CIRY

Ne sachant pas quoi faire avec ces images de son visage, il s’est trouvé une nouvelle tribune. Ainsi, il est désormais possible de croiser son art sur les poteaux électriques des rues de Halifax, se fondant parmi les affiches promotionnelles de festivals ou de concerts.

Autoportrait de François Gaudet.

Source : François Gaudet

Pour lui, ce geste est symbolique, voire politique. La fondation de la capitale de la Nouvelle-Écosse, en 1749, a marqué le début et la fin des Acadiens, raconte M. Gaudet.

Quelques années plus tard, en 1755, les Anglais déportaient les Acadiens parce qu’ils leur semblaient représenter une menace.

À lire aussi : L’art contemporain acadien dans une première exposition internationale (Acadie Nouvelle)

L’influence réelle de la fictive Évangéline

L’art public est donc pour François Gaudet une manière de «sortir des galeries» et de démontrer que son peuple est encore vivant. «Dans le milieu anglophone, on est invisibles», déplore l’artiste.

Il trouve que son art se perd également dans le monde acadien, reconnu pour ses musiciens qui prennent beaucoup de place. C’est pour cette raison qu’il a réalisé l’œuvre Révangéline avec oiseau, soit un portrait d’Évangéline peinturé sur un vinyle, symbolisant le rapport entre la culture populaire et marginale.

L’œuvre Révangéline avec oiseau.

Source : François Gaudet

Cette icône acadienne, née en 1847 du poème Evangeline, A Tale of Acadie de l’auteur américain Henry Wadsworth Longfellow, est très importante pour M. Gaudet. C’est grâce à elle qu’un premier long métrage canadien intitulé Évangéline a été réalisé en 1913.

Le film, disparu depuis, a été réalisé par Edward P. Sullivan et William H. Cavanaugh pour la Canadian Bioscope Company à Halifax. Il a été tourné en anglais dans la vallée d’Annapolis, en Nouvelle-Écosse, la terre ancestrale de nombreux Acadiens. Il jetait un éclairage sur la Déportation des Acadiens.

C’est également grâce au poème de Longfellow qu’une industrie touristique acadienne s’est développée, notamment avec la création du lieu historique national de Grand-Pré.

François Gaudet insiste sur le fait que la découverte d’Évangéline a permis aux Acadiens de découvrir leur culture et que son influence est réelle, bien qu’elle soit fictive.

L’art lui donne du courage et de l’espoir. Coincé entre une langue orale et l’anglais, ses œuvres lui permettent de découvrir qui il est et d’articuler sa propre patrie, tout en soulevant des questions liées à la religion, à la sexualité et à l’assimilation.