
Le conservateur acadien Chris d’Entremont a été vice-président de la Chambre de 2021 à 2024. Il a retiré sa candidature à la présidence à la dernière minute.
Comme le souhaite la tradition, le nouveau président de la Chambre a été escorté de force par les chefs des deux principaux partis, Andrew Scheer, leadeur de l’opposition officielle par intérim en attentant le retour de Pierre Poilievre, et le premier ministre Mark Carney.
Les deux candidats conservateurs ont créé la surprise en retirant leurs noms juste avant les discours. Il s’agit des députés d’Acadie–Annapolis, Chris D’Entremont – qui a déjà été vice-président – et John Nater, député ontarien de Perth–Wellington, qui faisaient partie de la liste des candidats diffusée la veille.
La raison n’avait pas encore été confirmée par le Parti conservateur du Canada au moment d’écrire ces lignes, mais des députés libéraux évoquent une stratégie pour s’assurer une voix de plus lors des votes en Chambre – le président ne peut pas voter, sauf en cas d’égalité des voix.
Francis Scarpaleggia est élu à la Chambre des Communes depuis 2004 sous la bannière libérale. Il a été président du caucus libéral pendant 10 ans, de 2011 à 2021, et a connu les banquettes de l’opposition et celles des députés du parti qui forme le gouvernement.
Le rôle de la présidence de la Chambre
Selon le site du Parlement, le président de la Chambre des communes «interprète et applique les règles et les usages de la Chambre, et veille au bon déroulement de ses travaux. Il assume également de nombreuses responsabilités administratives et diplomatiques.»
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Mark Carney a fait son entrée au Parlement comme nouveau député lundi.
Début de chahut
En guise de discours juste avant l’élection, Francis Scarpaleggia a lui affirmé qu’il «ne peut y avoir de véritable liberté sans ordre» : «Un débat constructif est essentiel à une démocratie solide.»
«À la fin d’un mandat, […] les choses sont un peu plus mouvementées. J’aimerais rappeler que nous ne sommes qu’au début d’un mandat, en espérant que vous allez me donner un peu de répit», a-t-il plaisanté, une fois élu.
Son collègue candidat déchu, Sean Casey, a de son côté affirmé qu’il aurait souhaité voir davantage d’expulsions de députés lors des dernières législatures. Des flèches décochées à l’intention de ses collègues conservateurs.
«Le décorum, la civilité et le respect de la présidence ont diminué rapidement au cours des dernières décennies […] Entre 2003 et 2017, aucun député ne s’est vu invité à quitter la Chambre sous l’autorité de la présidence», a-t-il précisé.
Il a souligné qu’au cours des huit dernières années, neuf députés ont été expulsés pour avoir refusé de présenter des excuses ou employer un langage non parlementaire.
Les six candidats ont tous souligné les incivilités qui ont régné par le passé. Le député libéral et candidat à la présidence, Robert Oliphant, a pour sa part affirmé qu’il était «parfois douloureux d’être ici» pour cette raison.
Les autres candidats, la vice-présidente sortante Alexandra Mendès et Greg Fergus, ont déjà eu l’expérience de la présidence depuis respectivement 2019 et 2023.
«Les Canadiens s’attendent à […] beaucoup plus de civilités que ce que nous le faisons. Personne ne devrait subir des attaques à son humanité dans cette Chambre», a affirmé Alexandra Mendès.
Tous les partis veulent collaborer
Après l’élection, toute la Chambre s’est levée lors du premier discours du premier ministre, Mark Carney, comme député.
J’ai beaucoup à apprendre des députés de cette Chambre. Je vais commettre des erreurs, mais je n’ai aucun doute que vous me les signalerez.

Andrew Scheer, leadeur parlementaire pour le Parti conservateur, a placé la confiance de son parti dans le nouveau président.
Le leadeur conservateur en Chambre, Andrew Scheer, a félicité le nouveau président avec humour : «Ce rôle, à l’époque [du roi, NDLR], ne correspondait probablement pas aux règles actuelles de santé et de sécurité […]. Les présidents étaient blâmés s’ils donnaient de mauvaises nouvelles. Plusieurs ont été assassinés…» a-t-il souligné, déclenchant des rires parmi les députés de tous bords.
Sur une note plus sérieuse, Andrew Scheer a réaffirmé la confiance de son parti accordée au nouveau président : «Vous vous retrouverez peut-être à devoir tenir tête à certaines figures d’autorité. Soutien et meilleurs vœux.»
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a aussi souligné l’importance de collaborer : «Il faut reconstruire, je crois, un enthousiasme chez les électeurs […] Qu’ils votent pour l’avenir, pour quelque chose qu’ils souhaitent. Pour l’enthousiasme, plutôt que pour la peur.
[J’ai] l’impression qu’on a ce potentiel. Car ces dernières semaines, j’ai pu parler à plusieurs d’entre vous, j’ai senti déjà dans certaines discussions avec le premier ministre et des collègues conservateurs qu’on a la capacité d’un ton différent, seul chemin d’un respect regagné pour l’ensemble des membres de ce Parlement de la part des électeurs.
«Les Canadiens ont encore élu un gouvernement minoritaire : c’est un mandat clair pour une collaboration», a pour sa part avancé le chef intérimaire du Nouveau Parti démocratique (NPD), Don Davies.
Avec humour, la seule élue du Parti vert, Elizabeth May, s’est «engagée de ne pas faire de chahut au nom de tout le caucus du parti».
Un moment de silence a été observé en hommage à l’accident survenu au festival philippin de Lapu-Lapu, à Vancouver, en avril dernier.
Les vice-présidences seront connues cette semaine.