Bien que les résultats définitifs ne soient pas encore tous tombés au moment d’écrire ces lignes et que, tard dans la nuit, les enjeux étaient encore très serrés dans plusieurs circonscriptions, les Canadiens et Canadiennes ont porté un gouvernement libéral au pouvoir. Ce gouvernement sera sans doute minoritaire.
Les conservateurs ont tout de même gagné des sièges de plus par rapport à la dernière législature.
Dans son discours de victoire, Mark Carney a lancé que «si les États-Unis ne veulent plus jouer un rôle de premier plan dans l’économie mondiale, le Canada le fera», ce qui a déclenché les applaudissements des militants et militantes du Parti libéral du Canada (PLC).
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Gains conservateurs chez les francophones
Selon le politologue Frédéric Boily, «les conservateurs se sont quand même bien débrouillés, un petit peu plus fort que ce qu’on pensait, […] notamment du côté de Terre-Neuve-et-Labrador».
En Ontario, les conservateurs ont remporté des circonscriptions francophones et remplacé des députés qui portaient les dossiers francophones lors de l’adoption de la nouvelle Loi sur les langues officielles, comme le libéral Marc Serré.
Ce dernier représentait Nickel Belt depuis 2015. Il a été battu à plates coutures par Jim Bélanger dans Sudbury-Est–Manitoulin–Nickelbelt, en Ontario.
Un conservateur francophone, Gaétan Mallette, remporte aussi la circonscription nord-ontarienne redécoupée de Kapuskasing–Timmins–Mushkegowuk, qui englobe une bonne partie de l’ancienne circonscription représentée par la néodémocrate Carol Hugues, vice-présidente sortante de la Chambre des Communes.
La conservatrice Laïla Goodridge a conforté son ancrage en Alberta dans la circonscription de Fort McMurray–Cold Lake.
Libéraux francophones élus en Ontario
Les Franco-Ontariennes Mona Fortier et Marie-France Lalonde ont été réélues dans leur circonscription respective d’Ottawa–Vanier–Gloucester et d’Orléans, et c’est Giovanna Mingarelli qui succède au Franco-Ontarien Francis Drouin dans Prescott–Russell–Cumberland, circonscription de l’Est ontarien.
Arielle Kayabaga, qui est devenue ministre pour la première fois dans le cabinet formé par Mark Carney en mars dernier, est réélue dans London–Ouest, dans le sud-ouest de l’Ontario.
Dominique O’Rourke fera son entrée à la Chambre des communes comme la première Franco-Ontarienne à représenter la circonscription de Guelph, aussi dans le sud de la province. La fondatrice du Réseau francophone de Guelph succède ainsi au libéral Lloyd Longfield.
Deux ministres acadiens réélus
Les ministres libéraux sortants Dominic LeBlanc et Ginette Petitpas Taylor ont été réélus au Nouveau-Brunswick. La province accueille une nouvelle recrue libérale dans Madawaska–Restigouche : Guillaume Deschênes-Thériault.
Ce dernier succède au libéral René Arseneault, qui représentait la circonscription depuis 2015. M. Arseneault a présidé le comité permanent des Langues officielles pendant environ quatre ans.
«Les gens sont fous»
Jusqu’à tard dans la soirée, le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, était en voie de perdre son siège.
La défaite de Pierre Poilievre dans Carleton a été confirmée tôt mercredi matin.

Après 20 ans de politique fédérale et malgré la défaite de son parti, le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre a réaffirmé son engagement auprès des Canadiens.
Pierre Poilievre a pris la parole devant ses partisans vers 1 h du matin. Il a concédé la victoire à Mark Carney, sous les huées de la salle, et a déclaré qu’il entendait rester à la tête de son parti.
«Ce sera un grand honneur de continuer à me battre pour vous, pour les valeurs conservatrices pour lesquelles vous avez voté et pour continuer d’avancer la promesse du Canada pour avoir une belle vie», a-t-il lancé, devant à peine quelque 200 personnes dans une salle prévue pour plus du double.
Il dit tirer une «leçon de cette soirée» pour viser «de meilleurs résultats la prochaine fois que les Canadiens décideront».
«Ils ont opté pour un gouvernement avec une très courte majorité», a-t-il souligné.
Pierre Poilievre a aussi félicité les candidats de tous les autres partis, qui ont «participé au processus démocratique».

Les centaines de partisans qui parsemaient la salle bleue, aux couleurs du Parti conservateur du Canada, à Ottawa lundi soir, sont rapidement partis lorsque l’annonce de la défaite de Pierre Poilievre se profilait.
Le soir de l’élection, le Parti conservateur a essuyé un revers majeur, qu’un partisan conservateur déplore amèrement : «Le Canada nous a failli. Les gens sont fous.» Ce dernier dit voter conservateur pour éviter «la hausse du cout de la vie».
Ancien «combattant de la liberté lors du Convoi des camionneurs à l’hiver 2022», Mathieu, originaire de Timmins en Ontario, affirme que ce sera la «catastrophe» sous Mark Carney. Il répète les slogans de Pierre Poilievre et part rejoindre la salle où le chef conservateur était attendu pour faire son discours.
La dégringolade du NPD
De son côté, le NPD n’a pas obtenu assez de sièges pour avoir le statut de parti officiel. Même son chef, Jagmeet Singh, n’a pas réussi à se faire élire dans sa circonscription de Burnaby-Centre, en Colombie-Britannique, où il est arrivé troisième.
Jagmeet Singh a annoncé qu’il quittait le poste de chef du NPD lors d’un discours empreint d’émotions, qu’il a prononcé entièrement en anglais, avant d’ajouter «merci infiniment».
Il a félicité Mark Carney pour la victoire. «Ça a été l’honneur de ma vie de représenter Burnaby-Centre. Ils ont choisi un nouveau membre pour le parlement et je leur souhaite le meilleur.»
La défaite historique du NPD s’est étendue à la francophone Nikki Ashton, qui représentait la circonscription rurale de Churchill–Keewatinook Aski, au Manitoba, depuis 2008. C’est la libérale Rebecca Chartrand qui lui succède.