Avec les informations de Julien Cayouette et Marianne Dépelteau
FRANCOPHONIE
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Le débat des chefs en français passe à côté des francophones minoritaires
Quatre chefs ont croisé le fer en français mercredi, à Montréal, pour faire connaitre ou rappeler leurs idées sur des sujets cruciaux, tels que le conflit commercial avec les États-Unis, la défense, l’environnement ou le logement.
Toutefois, les francophones en situation minoritaire n’ont eu droit qu’à une question, alors que le reste du débat sur la langue française s’est seulement concentré sur le Québec.
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Les promesses sur le français
Libéraux et conservateurs : Pendant le débat, Mark Carney et Pierre Poilievre ont assuré vouloir augmenter l’immigration francophone en dehors du Québec, avec des cibles entre 10 et 12 %.
Verts : Après le Bloc québécois et le Parti populaire du Canada, le Parti vert a dévoilé sa plateforme jeudi. Ils veulent moderniser la nouvelle Loi sur les langues officielles, pour «notamment renforcer les droits des communautés de langue officielle en situation minoritaire» et «assurer des services linguistiques partout au Canada».
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Le chef néodémocrate chez les Franco-Ontariens
Le chef néodémocrate Jagmeet Singh avait des promesses taillées sur mesure pour les Franco-Ontariens du Nord de l’Ontario samedi dernier, de passage dans la région. Comme la protection et l’élargissement des services dans les deux langues officielles, surtout en santé et en éducation, et un appui au postsecondaire francophone. Le communiqué mentionne seulement le Collège Boréal et l’Université de Hearst.
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Le débat des chefs en anglais
Le débat en anglais n’a donné lieu à aucun échange à propos de la minorité francophone du Canada, sauf lorsqu’il était question du Québec. Les Premières Nations n’ont pas eu droits à beaucoup plus de temps. La conférence de presse prévu après de débat a été annulée La cause exacte n’est pas claire, mais des disputes entre des représentants de médias associé à l’extrême droite et des journalistes d’autres médias ont éclaté dans la salle de presse avant et après le débat.

Les chefs des partis conservateur (Pierre Poilievre, à gauche) et libéral (Mark Carney, à droite), lors du débat en français.
PROMESSES-PHARES
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Mark Carney, chef du Parti libéral du Canada (PLC)
Culture et nature : Le laissez-passer «Un Canada fort» permettra aux moins de 18 ans d’avoir accès gratuitement aux galeries et musées nationaux, d’obtenir des sièges gratuits dans les trains de VIA Rail, de juin à aout 2025. Les Canadiens et Canadiennes de 18 à 24 ans pourraient aussi bénéficier de réductions. Le PLC prévoit aussi réduire le prix des emplacements de camping dans les parcs nationaux pour tous les citoyens.
Forces armées : Lundi, Mark Carney a réitéré réitéré sa volonté d’atteindre la cible de l’OTAN de dépensé 2 % du PIB d’ici 2030 pour la défense. Il prévoit aussi de renforcer la sécurité dans le Nord avec de nouveaux sous-marins et brise-glaces, de donner un nouveau mandat à la Garde côtière canadienne et de maintenir les chantiers navals en marche en utilisant de l’aluminium et de l’acier canadiens.
Travail : Les libéraux promettent une nouvelle prestation pour former des travailleurs qualifiés. Celle-ci offrirait jusqu’à 15 000 $ aux travailleurs des secteurs prioritaires, comme la fabrication, les soins de santé ou la construction. Les travailleurs canadiens touchés par les tarifs recevront de l’aide pour obtenir des emplois.
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Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur du Canada (PCC)
Énergie : Vendredi dernier, l’équipe conservatrice a dévoilé un plan économique sur l’énergie qui prévoit d’abroger deux lois instaurées par les libéraux, d’éliminer le plafond sur l’énergie canadienne, d’abandonner toutes les taxes carbones et de créer un «corridor énergétique national». Une baisse d’impôts pour l’investissement des Canadiens au pays ainsi qu’une approbation rapide des projets de pipeline font aussi partie du plan.
À lire : Élection fédérale : promesses de corridors énergétiques
Criminalité : Le Parti conservateur assure qu’il utilisera la disposition de dérogation de la constitution canadienne – également connue sous le nom de clause nonobstant – pour permettre aux tribunaux d’imposer des peines consécutives aux auteurs de multiples crimes graves.
Lobbys : Les conservateurs exigeront de toute personne conseillant le gouvernement ou un parti politique au pouvoir «susceptible de tirer un avantage financier de ses conseils» de s’inscrire en tant que lobbyiste. Les ministres fédéraux devront se retirer totalement des paradis fiscaux et divulguer leurs actifs au Bureau du commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique.
Protéger les ainés des fraudes financières : Le PCC promet de veiller à ce que les compagnies de téléphone cellulaire canadiennes détectent mieux les fraudes, alertent les victimes, signalent et bloquent les fraudes présumées en temps réel. Il prévoit des amendes et peines d’emprisonnement pour les fraudeurs.

Le chef du parti néodémocrate (NPD) accuse Pierre Poilievre de n’avoir construit que «six maisons» lorsque ce dernier était responsable de la société canadienne d’hypothèque et de logements (SCHL), ce qui est inexact : il fait référence aux logements communautaires à but non lucratif construits exclusivement par le gouvernement Harper en 2015. Le chiffre gonfle à 3700 si les logements à but non lucratif construits par des promoteurs avec l’aide du fédéral sont inclus.
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Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique (NPD)
Santé : Mieux rémunérer les médecins pour les inciter à pratiquer en région, embaucher davantage de travailleurs autochtones dans les soins en santé, simplifier l’obtention des permis pour les médecins formés à l’étranger et réduire le fardeau administratif : telles sont quelques-unes des mesures proposées par le parti pour améliorer l’accès aux soins. Jagmeet Singh entend aussi lier les transferts fédéraux en santé à des stratégies concrètes d’embauche et réinvestir les 1,5 milliard de dollars versés aux agences privées dans le réseau public.
Transport : La portion de la route transcanadienne qui passe entre autres par Hearst, dans le Nord de l’Ontario, est de plus en plus dangereuse, surtout en hiver. Le NPD veut s’attaquer au problème en améliorant l’entretien des routes en hiver dans la région de Hearst et en adoptant des normes nationales pour les personnes qui conduisent les camions de transport.
Gains en capital : Mardi, Jagmeet Singh a ramené la hausse du taux d’imposition des gains en capitaux sur la table. Un gouvernement NPD augmenterait le taux d’imposition de 50 à 66 %. Cette mesure faisait partie du budget 2024-2025 du Parti libéral, mais n’a jamais été adoptée en Chambre.
À lire : Budget 2024 : les riches paieront les nouvelles dépenses d’Ottawa (chronique)

Au lendemain du débat, le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet s’est dit prêt à abolir la Commission des débats des chefs, après plusieurs décisions controversées.
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Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois (BQ)
Criminalité : Le Bloc veut empêcher les abandons de procès pour crimes graves en vertu de l’arrêt Jordan, en donnant «plus d’outils» aux forces de l’ordre contre le crime organisé.
Santé : En prenant l’exemple de l’Hôpital Rosemont à Montréal, le Bloc demande plus de transferts fédéraux en santé pour investir et rénover les infrastructures publiques, notamment de soins.
Laïcité : Faisant référence aux prières tenues dans un lieu public – en l’occurrence l’aéroport de Montréal – le Bloc Bloc demande qu’une étude soit menée sur l’encadrement des prières dans les lieux publics relevant du fédéral.

Le cochef du Parti vert a appelé la Commission du débat des chefs à démissionner de son rôle.
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Jonathan Pedneault et Elizabeth May, cochefs du Parti Vert du Canada (PVC)
Exclusion du débat des chefs : Mercredi, la Commission des débats des chefs a exclu le Parti vert le matin même, car il n’a finalement pas de candidats dans «au moins 90 % des circonscriptions». La Commission s’est ainsi exposée à des critiques et à la colère du cochef Jonathan Pedneault, qui a demandé la «démission» de la Commission.
Cadre financier : Le directeur parlementaire du budget a rendu publique jeudi son évaluation du cadre financier du PVC; le premier parti à le faire. Plusieurs tableaux indiquent que le parti ira chercher plus de revenus en augmentant les impôts des plus riches, des entreprises et des géants du Web des États-Unis. Ceci inclut la fin de la déduction d’impôts pour les publicités achetées sur des sites Web étrangers.
Le faux pas de la semaine : des critiques des conservateurs se retournent contre eux
Selon l’Investigative Journalism Foundation, sept députés conservateurs sortants, dont trois ex-ministres, ont déclaré détenir des actions chez Brookfield ou ses filiales, l’entreprise anciennement pilotée par le premier ministre libéral actuel, Mark Carney.
Le Parti conservateur critique le chef libéral pour ses décisions lorsqu’il était président de l’entreprise, comme l’utilisation de techniques d’évitement fiscale légales, mais qui soulèvent des questionnements éthiques.
Ces investissements de la part des sept conservateurs, dépassant 10 000 $ chacun, ont été signalés au Commissariat aux conflits d’intérêts et à l’éthique.
Parmi les députés concernés se trouve Melissa Lantsman, cheffe adjointe du parti, qui a indiqué qu’elle possèderait des actions avec sa conjointe auprès de la firme Brookfield Renewable Partners L.P., enregistrée aux Bermudes.
AILLEURS DANS L’ACTUALITÉ
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Le taux directeur de la banque du Canada
La Banque du Canada a annoncé mercredi qu’elle maintenait son taux directeur à 2,75 %. La politique des États-Unis en matière de droits de douane a contraint la banque centrale à opter pour un scénario d’incertitude, d’où le maintien du taux, après une baisse de 3 % à 2,75 % en mars.