
Louise Mushikiwabo a pris la parole lors de l’AGA de la FJFNB.
Bien qu’il ne soit pas francophone, le premier ministre du Nouveau-Brunswick gouverne une province officiellement bilingue qui fait partie de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) depuis 45 ans. C’est pour cette raison que la secrétaire générale de l’OIF Louise Mushikiwabo a effectué une visite dans la province. De quoi donner au chef du gouvernement des raisons de s’enorgueillir.
«Cette visite de haut niveau démontre le rôle actif de notre province sur la scène internationale ainsi que son expertise et son leadeurship dans les domaines de la jeunesse, de l’éducation et de la formation professionnelle», a déclaré Blaine Higgs.
Ce dernier était accompagné de deux ministres connus pour leur capacité à s’exprimer en français au sein d’un gouvernement où l’anglais est la langue dominante : Dominic Cardy, ministre de l’Éducation et du Développement de la petite enfance et Glen Savoie, ministre responsable de la Francophonie.
«Nous nous réjouissons des efforts visant à transformer et moderniser l’Organisation internationale de la Francophonie, et je salue les efforts de la secrétaire générale pour bâtir une Francophonie toujours plus efficace, pertinente et transparente», a déclaré ce dernier.
Dans un courriel adressé au Moniteur Acadien, la directrice des communications du ministère des Affaires intergouvernementales, Joanne LeBlanc, mentionne que le Nouveau-Brunswick s’est engagé à demeurer proactif dans les dossiers de la jeunesse, de l’éducation et de la formation professionnelle en Francophonie internationale. «Il y a aussi eu des discussions sur la situation politique actuelle qui a lieu en Ukraine, car ce pays est un état membre observateur de l’Organisation internationale de la Francophonie», ajoute-t-elle.
La secrétaire générale de l’OIF a également rencontré la lieutenante-gouverneure Brenda Murphy, dans un contexte où la nomination de cette dernière a suscité une polémique et a récemment ouvert une controverse juridique [voir encadré plus bas]. Le Moniteur Acadien n’a pu savoir si Louise Mushikiwabo a pu échanger quelques mots en français avec le premier ministre et la lieutenante-gouverneure, dont il est notoire qu’ils ne maitrisent pas la langue de Molière.
La visite officielle a aussi coïncidé avec l’assemblée générale annuelle de la Fédération des jeunes francophones du Nouveau-Brunswick (FJFNB), où Louise Mushikiwabo a salué l’engagement et la participation des jeunes du Nouveau-Brunswick dans la francophonie, mais également leur implication dans d’autres problématiques, comme l’environnement et l’égalité des genres.
Pour la FJFNB, il s’agissait aussi de la première rencontre en présentiel depuis que la pandémie de COVID-19 a éclaté. Dimanche dernier, Maude Sonier est devenue la nouvelle présidente de la fédération. Elle succède à Simon Thériault, qui a effectué un mandat de deux ans. Le président sortant a applaudi l’annonce de la Secrétaire générale de l’OIF, qui compte revenir en Atlantique à l’occasion du prochain Congrès mondial acadien, en 2024.
Selon l’observatoire de l’OIF, 11 millions de Canadiens parlent français. À l’échelle du pays, 72 % de francophones vivent au Québec, 15 % en Ontario et 3 % dans notre province. Le Nouveau-Brunswick est membre de l’OIF depuis 1977.
Nomination inconstitutionnelle de Brenda Murphy : Ottawa fait appel, la SANB s’indigne

Photo de famille avec les jeunes francophones de la province.
Le 14 avril dernier, la cour du banc de la Reine avait réaffirmé le caractère bilingue du Nouveau-Brunswick, et déclaré inconstitutionnel le processus ayant abouti à la nomination d’une lieutenante-gouverneure unilingue anglophone. La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), à l’origine de la contestation, s’était alors réjouie de cette décision historique.
Après un mois de réflexion, le gouvernement fédéral a décidé d’interjeter appel de cette décision, au grand dam de la SANB.
Dans un communiqué du 16 mai, l’organisme dénonce l’incohérence du gouvernement Trudeau. Selon lui, le gouvernement fédéral, qui se pose en champion des droits des minorités, a raté l’occasion de démontrer son soutien à la communauté de langue française.
«Alors qu’il s’est fait taper sur les doigts par l’honorable juge DeWare, il aime mieux contester que d’apprendre de ses erreurs», martèle Alexandre Cédric Doucet.
De son côté, le gouvernement fédéral considère que ni la Constitution ni la Charte canadienne des droits et libertés n’oblige le titulaire du poste de lieutenant-gouverneur à maitriser les deux langues officielles.
«La question qui se pose est donc la suivante : sur le dossier des langues officielles, le gouvernement Trudeau préfère-t-il se limiter aux belles paroles, ou tient-il réellement au respect et à la protection de la langue française au Canada ?» interroge M. Doucet.
Alors que le projet de loi C-13 de modernisation de la LLO, qui vise précisément l’égalité réelle entre l’anglais et le français, est actuellement débattu au Parlement, la controverse est ravivée.