le Vendredi 18 avril 2025
le Mercredi 26 février 2025 11:00 Chroniques et éditoriaux

Notre cerveau primitif : victime de l’effet Dunning-Kruger

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Il n’est pas suffisant de bien s’informer pour connaitre un sujet. Il faut aussi s’informer au bon endroit.  — Photo : Growtika – Unsplash
Il n’est pas suffisant de bien s’informer pour connaitre un sujet. Il faut aussi s’informer au bon endroit.
Photo : Growtika – Unsplash
ÉDITORIAL – En voulant écrire une mise en garde contre l’effet Dunning-Kruger, je me suis rendu compte que j’étais tombé dans le piège de ce biais cognitif… qui n’en est peut-être pas un. Une belle démonstration qu’il faut toujours consulter plus d’une source pour bien maitriser un sujet.[pause t="1"]
Notre cerveau primitif : victime de l’effet Dunning-Kruger
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En ligne et dans la culture populaire, l’effet Dunning-Kruger est utilisé pour expliquer pourquoi les personnes qui ont peu de connaissances dans un domaine donné se croient plus compétentes qu’elles ne le sont vraiment, parfois même plus que les spécialistes du domaine en question.

Après avoir vu quelques vidéos au fil des ans, le sujet était déjà en partie maitrisé. Cet éditorial devait présenter cet effet afin que vous y soyez sensibles et que vous puissiez éviter d’en être victimes.

Sauf que cette définition de l’effet Dunning-Kruger est erronée.

Tout ce que l’étude des sociologues David Dunning et Justin Kruger a pu montrer en 1999, c’est que le commun des mortels se croit aussi bon sinon meilleur que la moyenne des gens. Inversement, les personnes plus compétentes sous-estiment leurs habiletés.

Les chercheurs ont demandé à des étudiants et étudiantes de répondre à des tests écrits, puis de donner d’abord leur avis sur leur propre niveau de réussite et ensuite sur leur niveau de réussite par rapport aux autres.

Les données de l’étude semblaient montrer que plus le résultat obtenu était mauvais, plus l’écart entre la perception de la réussite et la réalité était grand.

En plus d’avoir été mal interprétés par certaines personnes, les résultats de cette première étude dans le domaine sont contestés.

Même si elle a pu être reproduite par d’autres équipes de recherche, elle a mené à des résultats différents quand le niveau de difficulté des tests variait.

Aussi, selon d’autres scientifiques, les résultats s’expliqueraient au moins en partie par un effet statistique.

À lire : Notre cerveau primitif : pourquoi croit-on toujours avoir raison? (éditorial)

Varier ses sources d’information

Sans recherche supplémentaire, ou avec une recherche limitée à des vidéos sur YouTube présentant une version inexacte des conclusions de Dunning et Kruger, le présent texte aurait perpétué une mauvaise information.

Heureusement, puisque même un éditorial, ou tout bon texte d’opinion, doit reposer sur des faits vérifiables, il fallait creuser le sujet.

Après la consultation de sources de plus en plus variées sur l’étude et les résultats, il est devenu évident que la véritable définition de l’effet Dunning-Kruger n’était pas la même que celle qui est la plus couramment diffusée.

Seul un approfondissement du sujet a permis aussi d’apprendre qu’il ne bénéficie pas d’une reconnaissance unanime dans le milieu scientifique et qu’il est remis en question par d’autres recherches.

Cette conclusion vaut pour tout sujet d’actualité. Pour bien comprendre une nouvelle, il est préférable de ne pas lire la version d’une seule source. Il faut consulter des médias variés et des médias aux points de vue différents.

Cela ne veut pas dire qu’il faut visiter des sites de nouvelles spécialisées dans la désinformation, mais plutôt qu’il faut lire sur un même sujet un texte écrit par un média de droite, un média de gauche et un média reconnu comme étant plus neutre pour arriver à faire plus facilement la part des choses. À se former une opinion plus éclairée.

David Dunning le dit lui-même : pour sortir de l’effet, il faut toujours chercher à en apprendre plus, à demander l’avis d’autres personnes et à remettre en question ce que l’on sait.

Que l’effet soit réel ou non, ce sont de bons conseils.

À lire : Une «tempête parfaite» pour la désinformation électorale

Type: Éditorial, Opinion

Éditorial: Représente le point de vue le l'organisme médiatique.

Opinion: Contenu qui avance des idées et qui tire des conclusions fondées sur une interprétation des faits ou des données émanant de l’auteur.

Julien Cayouette

Rédacteur en chef

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