Écrite par le regretté poète Gérald Leblanc et composée par Pierre Robichaud, la chanson Le monde a bien changé sera intronisée au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens, le 5 mai, lors du Gala des prix de la musique de la côte est à Fredericton, au Nouveau-Brunswick.
«C’est tout un honneur, c’est une belle reconnaissance, c’est dommage que Gérald Leblanc ne soit pas là pour vivre ça, mais de se retrouver en aussi belle compagnie avec Joni Mitchell, Neil Young, Gordon Lightfoot, Léonard Cohen et tous les grands, ça fait assez spécial parce que ce sont toutes des idoles de jeunesse. Ils nous mettent dans la même catégorie, ça fait chaud au cœur», a confié Pierre Robichaud en entrevue.
Très peu d’auteurs-compositeurs et de chansons de l’Acadie ont été admis au Panthéon depuis 2003. Seules Édith Butler et sa chanson Paquetville ont eu droit à cet honneur jusqu’à ce jour.
Pierre Robichaud avoue :
1755 est un groupe choyé. Il n’y a pas d’artistes acadiens qui, après 45 ans, voient le monde encore en train de chanter leurs chansons. Il y a Édith et nous autres. Nos chansons demeurent aussi populaires qu’elles l’étaient dans le temps. C’est spécial. On fait pas d’argent avec ça, mais on sait qu’on est beaucoup apprécié ici en Acadie.
Quand les gens du comté de Kent au Nouveau-Brunswick, où le chanteur est établi, le rencontrent, ils sont souvent étonnés. «Moi je suis un gars ben ordinaire, croit-il. Ça fait tout le temps spécial quand le monde trouve ça spécial de me rencontrer.»
Le monde a bien changé est avant tout une chanson d’amour. ll raconte que Gérald Leblanc s’est inspiré d’une de ses histoires d’amour pour écrire les paroles. En fait, ce n’est pas le monde qui change, mais plutôt sa perception du monde qui se transforme à travers le prisme de l’amour.
«Le poème ouvre aussi la porte pas mal plus large que juste une chanson d’amour, explique Pierre Robichaud. Surtout aujourd’hui avec tout ce qui se passe sur la planète, on peut bien dire que le monde a changé.»
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La genèse
La grande amitié créative et musicale entre Gérald Leblanc, Roland Gauvin et Pierre Robichaud, auteurs et compositeurs principaux des chansons de 1755, a débuté dans les années 1970.
Un après-midi avec Roland Gauvin, ils étaient assis à la maison avec les poèmes de Gérald Leblanc. En lisant le poème, Le monde a bien changé, la mélodie lui est venue comme une étincelle.
Le monde a bien changé, changé, changé ! Roland et moi, nous sommes partis à rire, c’était bon signe.
En concert, des spectateurs de toutes les générations continuent à chanter les paroles de cette chanson.
Toujours aussi populaire
«On est des gars chanceux. Le monde nous appelle encore pour des spectacles. Juste dans la dernière semaine, on a eu deux autres demandes pour cet été.»
Le groupe 1755 donnera une demi-douzaine de concerts au cours des prochains mois. Ils seront notamment sur la scène de la salle du Playhouse à Fredericton, le 6 mai, avec les auteures-compositrices-interprètes Lisa LeBlanc et Émilie Landry. Lors du gala de l’Association de la musique de la côte est (AMCE), le 5 mai, Émilie Landry et Lisa LeBlanc se joindront au groupe pour interpréter la pièce intronisée.
Originaire de Bouctouche au centre est du Nouveau-Brunswick et décédé le 30 mai 2005 à l’âge de 59 ans, Gérald Leblanc est un poète, un auteur et un parolier qui a beaucoup influencé la vie culturelle acadienne.
En plus de 1755, des groupes et artistes tels qu’Idée du Nord et Marie-Jo Thério ont interprété ses chansons. En tant qu’écrivain, il a publié une quinzaine de recueils de poésie et a également contribué à des textes de théâtre, des traductions, des textes radiophoniques et des anthologies.
Sa poésie décomplexée revendique la présence de l’Acadie au sein de la modernité et de la francophonie en tant que culture au caractère unique et cosmopolite, une démarche qui, en quelque sorte, fait écho à celle du groupe 1755 avec ses fusions modernes de rock des années 1970 et du folklore acadien.