L’Acadie Nouvelle a rencontré les deux artistes dans un chalet à Grand-Barachois, au sud-est du Nouveau-Brunswick, où ils se sont installés pendant deux semaines afin de jeter les bases d’une nouvelle collection de chansons à venir.
Dans cette petite maison de campagne transformée en studio, l’ambiance est décontractée et la discussion animée. Le réalisateur bruxellois souligne qu’en s’isolant dans un chalet, ils peuvent se consacrer entièrement à la création puisqu’ils sont loin des distractions de la ville.
Pour Joey Robin Haché, ce décor rural n’est pas très éloigné de son environnement de tous les jours à South Tetagouche, dans le nord du Nouveau-Brunswick.
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Les deux artistes se sont offert un genre de huis clos créatif. Le but de l’exercice consiste à sortir des sentiers battus afin de créer une œuvre conjuguant les influences de chacun, européennes et nord-américaines.

Joey Robin Haché.
«Ce qui est vraiment intéressant, c’est d’essayer de faire un peu l’entredeux. C’est un travail qui va aider aussi à développer [le marché] en Europe, mais ce sont deux univers qui se confrontent – le continent américain et européen –, et on apporte nos deux univers ensemble», explique l’auteur-compositeur-interprète natif de Nigadoo, au nord du Nouveau-Brunswick.
Une rencontre fructueuse
Parfois, les chemins sont multiples pour arriver à créer et à produire un album, avance Gil Mortio qui n’en est pas à sa première incursion en territoire acadien. Le réalisateur a notamment participé à quelques éditions de la FrancoFête en Acadie comme mentor pour la vitrine internationale.
Depuis leur rencontre en 2015, les deux artistes se sont retrouvés à quelques reprises, et notamment à Banff, où Gil Mortio agissait comme mentor dans un atelier sur la composition.
«On s’est beaucoup amusé et j’ai surtout vu qu’il y avait le Joey que je connaissais – le Joey de la chanson – et puis il y avait aussi un Joey plus expérimental duquel je n’avais pas encore entendu des choses», se rappelle Gil Mortio.

Joey Robin Haché et Gil Mortio dans leur studio à Grand-Barachois, au Nouveau-Brunswick.
«J’entrevoyais plein de possibilités et surtout une envie de sa part de faire des choses différentes. Quand je travaille avec un artiste, j’aime bien avoir l’idée que les portes ne sont pas déjà fermées avant de commencer», avoue-t-il.
Selon lui, il n’y a pas de si grandes différences entre l’Europe et l’Acadie. Il voit au contraire plusieurs points communs entre les deux régions. «Je viens en terrain très connu, même si j’en apprends tous les jours.»
Les chansons ont été composées à partir de maquettes en chantier, teintées par leur environnement et leur collaboration. Les journées de travail débutent tôt et se terminent parfois très tard.
De nouvelles avenues
Joey Robin Haché a souhaité s’associer à une équipe européenne pour ce quatrième album solo parce qu’il veut explorer de nouvelles avenues musicales et sortir de sa zone de confort.
C’est sûr et certain que pour commercialiser [un album] en Europe, il faut changer un peu sa manière de travailler, de percevoir les choses et de dire les choses, mais j’avais vraiment une grosse envie de brasser la cage solidement.
«Je ne pouvais pas penser à quelqu’un d’autre que Gil parce qu’il a vraiment des références beaucoup plus larges et techniques assez baroques dans la composition. C’est assez grandiose. […] Ça m’intéressait beaucoup», ajoute l’auteur-compositeur-interprète.
Les deux artistes ont entrepris leur travail sans idées préconçues. Douze ébauches de chansons ont émergé de cette collaboration artistique. La création s’est vraiment faite à deux.
Ils ont écouté beaucoup de musique différente. Comme le souligne Gil Mortio, cela ne s’entendra peut-être pas dans les chansons, mais ils avaient besoin de déconstruire pour reconstruire.
Au final, la facture des chansons est assez classique. Joey Robin Haché parle d’un folk plus posé avec des textures rocks psychédéliques.
Il y a certaines chansons engagées, dramatiques, mais d’autres qui sont plus légères. Elles racontent des histoires inspirées de divers sujets, tels l’innocence brisée d’un enfant, la magie de l’hiver et le jeu télévisé The Price is Right.
Trouver un son
Pour Gil Mortio, il n’est pas question nécessairement de réinventer la musique, mais d’en arriver à un son propre à l’artiste.
Il établit une analogie avec la musique classique :
Si on prend les lieder de Schubert, que ce soit chanté par une personne ou par une autre personne, ce sera deux sons différents et pourtant c’est la même composition.
De ce côté-ci de l’Atlantique, il cite en exemple les Hôtesses d’Hilaire, un groupe originaire de Moncton dont le son a une couleur vraiment distinctive.
«Ils ne réinventent pas la musique et ils ont les mêmes accords de partout dans le monde, les mêmes instruments, influencés par d’autres, mais ils ont un son et c’est comme ça pour tous les artistes qu’on reconnait à terme», ajoute le réalisateur qui se voit un peu comme un guide pour aider l’artiste acadien à mettre son histoire en musique.
Après cette séance intensive de création, Joey Robin HachéSylvie Mousseau : Joey Robin Haché s’envolera vers la Belgique en avril où il rejoindra Gil Mortio dans son studio bruxellois afin d’apporter la touche finale aux chansons et de les enregistrer. Il envisage de lancer son nouvel album en octobre au Festival Francofaune de Bruxelles.