Le vendredi 25 février, cinq figures féminines noires francophones ont été invitées à présenter leur parcours, à livrer leur témoignage et à parler de leurs défis en tant que femmes noires et francophones.
«C’est une façon de célébrer ces femmes inspirantes de notre communauté», explique Dada Gasirabo, présidente du centre des femmes Oasis.
Consultez le site du journal L’Express.
Changer la représentation dans les médias

Lorsqu’on cherche “femmes noires dans les médias au Canada” dans Google, on ne trouve presque rien.
En effet, les statistiques montrent que les femmes noires sont largement sous-représentées dans le milieu des communications et des médias au Canada, où elles n’occupent que 3,5 % des emplois.

Hermine Mbondo, fondatrice de l’agence bilingue de création de contenu, B4brand.
Hermine Mbondo est une entrepreneuse engagée, qui a lancé son agence bilingue de création de contenu à Toronto, B4brand.
Elle explique que «la définition même de la diversité dans les médias n’est pas la même pour tout le monde […] Elle s’est longtemps cantonnée au genre, et les femmes noires en ont beaucoup moins bénéficié.»
Il y a encore beaucoup de travail à faire pour arriver à des équipes de médias inclusives. Selon elle, «il faut accepter que le racisme ne s’arrête pas à la frontière américaine».
Pour cela, les entreprises médiatiques doivent laisser plus de place aux femmes noires. C’est ce qu’a fait notamment Radio-Canada.
Alison Vicrobeck y travaille depuis 2016. Elle anime l’émission radiophonique torontoise Dans la mosaïque en semaine, à 15 h.
«L’avantage de la radio, c’est qu’on ne me voit pas, dit-elle. J’ai une légitimité grâce aux médias pour donner du poids à ma voix. Ce sont les médias et les communications qui montrent la diversité au public. C’est le message pour éveiller de nouvelles vocations.»
Le journalisme doit représenter la diversité
Les médias ont pour rôle de donner la parole à toutes les communautés, et il revient aux journalistes d’y veiller.

Francesca Mérentié, journaliste à Radio-Canada.
Francesca Mérentié est elle aussi journaliste à Radio-Canada. Elle explique son rôle en tant que femme noire : «Mon mandat en tant que journaliste est très communautaire. J’essaie de couvrir toutes les communautés et leur histoire. C’est ce qui me permet d’aborder tout le monde dans mes sujets et de ne laisser personne de côté.»

Alison Vicrobeck, journaliste à Radio-Canada.
Pour le monde des médias, qui est en pleine crise de confiance, nous sommes une partie de la solution. Si les communautés voient des femmes noires journalistes, alors elles se reconnaitront à travers les médias. Nous devons faire partie de cette transformation des médias qui arrive.
Inciter les jeunes à se lancer en communications
Le peu de personnalités féminines noires dans les médias au quotidien expliquerait en partie pourquoi peu de femmes noires choisissent de faire carrière dans ce domaine.
Loanna Thomaseau a fondé une agence de communication qui fait la promotion de la culture caribéenne.

Il y a une vraie sous-représentativité dans les modèles influenceurs sur les réseaux sociaux.
«À contenu égal, les influenceurs noirs sont souvent moins visibles et rémunérés. Il faut s’assurer que la parole des personnes noires soit aussi influente», souligne-t-elle.
Edvirge Prédestin est conseillère en communications. Pour elle, il est crucial d’inspirer la jeune génération.

Edvirge Prédestin, conseillère en communications.
«Cette réunion est l’occasion de parler des obstacles et comment on les a surmontés. Il faut donner du courage et de l’inspiration aux prochaines générations», estime-t-elle.
Des femmes pionnières
«Nous sommes des modèles de femmes noires dans la communication, car nous sommes encore peu nombreuses, explique Alison Vicrobeck. Des jeunes filles sont venues me voir en me disant que je représente un modèle à suivre. C’est très inspirant.»
«On doit célébrer les femmes noires qui font des choses extraordinaires et leur contribution, est d’avis Loanna Thomaseau. Je parle des femmes qui ont franchi des barrières et qui excellent dans leur domaine. Elles sont bien présentes et doivent être mieux représentées.»

Dada Gasirabo, présidente du centre des femmes Oasis.
Dada Gasirabo conclut que «le combat mené par les femmes noires dans les médias profite à toutes».
«Alors il faut les soutenir, notamment à travers notre travail à Oasis. Nous avons le pouvoir en nos mains, travaillons ensemble pour changer la rhétorique», conclut-elle.