Sa fille, Vala Monestime Belter, 68 ans, vit d’ailleurs toujours à Mattawa.

Pour elle, son père était un homme gentil avec un sourire comme de la lumière. Elle se rappelle qu’il aimait danser et qu’il travaillait beaucoup. Elle le décrit comme un bon médecin et un bon politicien.

Le docteur Monestime a laissé un legs important au Canada. En 1975, le gouvernement de l’Ontario a d’ailleurs nommé un canton du Nord de l’Ontario en son honneur en guise de reconnaissance pour sa contribution à sa communauté et à la province.

L’histoire d’un homme qui est passé à l’histoire

Saint Firmin Monestime voit le jour en décembre 1909 au Cap-Haïtien, la deuxième ville en importance d’Haïti.

Après ses études secondaires, il décide de s’inscrire à la Faculté de médecine de Port-au-Prince, où il obtient son diplôme en 1932.

Spécialisé en médecine rurale, le docteur Firmin Monestime est affecté dans une zone rurale à la frontière d’Haïti, cible d’une attaque sanglante menée par la République dominicaine.

Le jeune médecin soigne les nombreuses victimes de ce massacre et est témoin des conditions de vie déplorables de la population locale.

Ses premières armes politiques

Il écrira quatre livres pour décrier les conditions de vie de la population haïtienne en milieu rural. La fibre politique naissait ainsi en lui et allait lui revenir quelques années plus tard à Mattawa.

D’après Vala Monestime Belter, «la politique pour Firmin Monestime a commencé en Haïti».

«J’ai ici un des quatre livres qu’il a écrit pour dénoncer les conditions précaires et déplorables de la population qu’il servait à l’époque comme médecin. Il voulait qu’il y ait une amélioration des conditions de vie, les pauvres souffraient. Mon père faisait le plaidoyer pour eux. Il ne s’est pas entendu avec le gouvernement qui était en place sur ce qu’il disait. Il a dû quitter le pays», raconte-elle.

Un médecin converti en politicien

Le jeune médecin Monestime fuit son pays et arrive au Québec en 1945.

Il refait sa formation médicale pour répondre aux exigences d’exercice de la médecine de sa terre d’accueil. Il apprend aussi l’anglais, obtient son statut d’immigrant et devient citoyen canadien.

Il exerce ensuite à Québec, à Montréal et à Ottawa, puis il prend la route pour se rendre à Timmins (Ontario), où il voulait aller travailler comme médecin.

À mi-chemin, il s’arrête à Mattawa, avec son collègue, pour déjeuner. Il y rencontre des résidents avec qui il discute.

Ceux-ci lui disent qu’ils ont un hôpital, mais qu’il n’y a pas de médecin résident. Ils parviennent à convaincre Monestime d’y rester et d’y travailler.

La population de Mattawa est séduite par le caractère jovial et l’esprit d’ouverture de ce médecin.

Petit à petit, le politicien en lui se réveille. Saint Firmin Monestime sent la volonté de devenir un acteur sur la scène politique.

Les gens l’admirent et, sans surprise, il est élu conseiller municipal de Mattawa en 1962, puis maire l’année suivante. Il devient ainsi le premier maire noir du Canada.

En 1970, il s’engage activement dans la politique progressiste-conservatrice de l’Ontario et devient directeur national du parti.

D’énormes contributions

Parmi les nombreuses réalisations du maire Monestime pour changer le visage de Mattawa et améliorer les conditions de vie de ses habitants, il y a eu la construction de logements à prix modique, la création de parcs publics, l’asphaltage et le maintien des routes, et l’amélioration de l’éclairage des rues.

Mais son effort le plus important, sa contribution la plus pérenne et visible à la communauté de Mattawa, demeure la Maison de soins infirmiers Algonquin, qui a ouvert ses portes en 1976.

En tant qu’homme politique, il était connu comme l’homme de tout le monde. L’éducation était un pilier de son programme politique et il s’est beaucoup investi pour améliorer la vie de ses électeurs.

Tout Mattawa a vu s’ériger de nouveaux bâtiments. C’est tout le visage de la ville qui a changé.

Saint Firmin Monestime est décédé en 1977.