le Samedi 19 avril 2025
le Jeudi 7 novembre 2024 16:00 Politique

Élections en Saskatchewan : une province qui s’oppose au fédéral

Pourquoi faire confiance à Francopresse.
L’Assemblée législative de la Saskatchewan compte 35 sièges pour le Parti saskatchewanais et 26 pour le Nouveau Parti démocratique provincial de Carla Beck. — Photo : Wikimedia Commons – Creative commons
L’Assemblée législative de la Saskatchewan compte 35 sièges pour le Parti saskatchewanais et 26 pour le Nouveau Parti démocratique provincial de Carla Beck.
Photo : Wikimedia Commons – Creative commons
FRANCOPRESSE – Le Parti saskatchewanais du premier ministre sortant, Scott Moe, a remporté les élections provinciales avec plus de 50 % des voix. À l’instar des deux autres provinces conservatrices du pays, l’Alberta et l’Ontario, il lutte contre le gouvernement fédéral en place. Mais jusqu’à quel point?
Élections en Saskatchewan : une province qui s’oppose au fédéral
00:00 00:00

Le premier ministre sortant, Scott Moe, a été réélu à la tête de la Saskatchewan le 28 octobre, mais a perdu huit sièges au profit du NPD. 

Photo : Office of EPA Administrator – Wikimedia Commons

«Pour Scott Moe, le gouvernement fédéral est intrusif pour la Saskatchewan», avance Frédéric Boily, professeur de science politique au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta.

Il prend l’exemple du premier ministre de la province, qui a souligné par le passé que la Saskatchewan contrôle ses ressources naturelles. «C’était déjà évident, mais on a tenu à le rappeler.»

«L’idée est que le Parti saskatchewanais est là pour défendre les intérêts de la Saskatchewan contre un gouvernement fédéral qui met en place des politiques environnementales qui sont au détriment des intérêts économiques de Saskatchewan. On s’oppose au gouvernement libéral. Tant que ce dernier reste à Ottawa et qu’ils sont dans une position de faiblesse comme maintenant, on reste donc dans une relation glaciale», soutient le politologue.

«Ne pas se montrer trop proche du gouvernement à Ottawa»

La raison de ce désamour entre les deux paliers de gouvernements ne résulte pas d’une inimitié personnelle de Scott Moe envers Justin Trudeau. «C’est surtout que la Saskatchewan est une économie rurale, qui repose sur le gaz naturel», explique le professeur adjoint à la Faculté des études politiques de l’Université de la Saskatchewan, Daniel Westlake.

«Donc la taxe sur le carbone aurait un impact négatif particulièrement fort sur un endroit comme la Saskatchewan. Et ça crée ce genre de lutte entre la province et le gouvernement fédéral.»

Cette opposition au gouvernement fédéral et à Justin Trudeau est aussi «une façon de se doter d’un capital politique à l’interne, contre les néodémocrates, ce qui joue en faveur du Parti saskatchewanais, notamment du côté des régions rurales», délaissées par Ottawa, estime l’universitaire.

Selon le professeur Frédéric Boily, le gouvernement libéral, en particulier, ne tient pas compte des intérêts de l’économie saskatchewanaise. 

Photo : Courtoisie

Selon Frédéric Boily, cet antagonisme met aussi sur la défensive les néodémocrates qui «doivent eux aussi trouver une façon de composer avec ça».

Dans tous les cas, au niveau provincial, «on ne peut pas se montrer trop proche du gouvernement à Ottawa», analyse-t-il.

Carla Beck, la cheffe du Nouveau Parti démocratique (NPD) de la Saskatchewan, a  également fait attention à ne pas être identifiée à Jagmeet Singh «parce que par la suite, ça peut leur être reproché», affirme encore le professeur.

Lors du dernier débat télévisé, le premier ministre sortant, Scott Moe, a insinué que Jagmeet Singh [le chef du Nouveau Parti démocratique fédéral, NDLR] avait soutenu Justin Trudeau. Ce sous-entendu visait à associer son adversaire à Jagmeet Singh, et par raccourci, à Justin Trudeau. Carla Beck s’est défendue en rappelant qu’il s’agissait d’une campagne provinciale, et non fédérale.

Pierre Poilievre : le prochain challenge de Scott Moe

L’autre défi pour Scott Moe sera de traiter avec un Pierre Poilievre plus populaire que lui, si le chef du Parti conservateur du Canada remporte les prochaines élections fédérales.

Daniel Westlake, professeur en Saskatchewan, assure que si Pierre Poilievre remporte les prochaines élections fédérales, Scott Moe aura affaire à un premier ministre plus populaire que lui dans sa propre province.

Photo : Courtoisie Université de la Saskatchewan

La même dynamique s’applique à Danielle Smith, la première ministre de l’Alberta. «Ça crée un défi intéressant pour ces deux premiers ministres, car ces dernières années, leur façon de se vendre à leurs électeurs reposait sur leur bataille contre le gouvernement fédéral», observe Daniel Westlake.

«Une fois Poilievre élu, si tel est le cas, ils ne vont plus pouvoir faire ça. Ils vont devoir trouver d’autres problèmes et d’autres façons de montrer qu’ils se battent pour les intérêts de leur province.»

Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Ottawa

Inès Lombardo

Correspondante parlementaire

Adresse électronique: