Le Yukon se démarque une nouvelle fois au Palmarès des dix personnalités influentes de la francophonie canadienne de Francopresse. Le Franco-Yukonais Yann Herry fait en effet partie des lauréats de cette 7e édition. Il représente la catégorie «Engagement communautaire».
Après avoir reçu en 2013 le Prix pour le service public bénévole décerné par le commissaire du Yukon, l’ancien enseignant et historien peut se réjouir d’une nouvelle distinction récompensant son engagement au sein de la communauté francophone du Yukon.
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Impliqué dans les premiers organismes francophones
Dès son arrivée au territoire en 1981, Yann Herry s’est investi dans l’épanouissement de la communauté franco-yukonaise.
Son nom se retrouve au démarrage des premiers organismes francophones : l’Association franco-yukonaise (AFY) dont il a été le premier vice-président (1982), l’école Émilie-Tremblay (1986), la garderie du petit cheval blanc (1989) et le Comité francophone catholique (1990), dont il est toujours le vice-président.
Il a aussi été membre fondateur du Bulletin des Franco-Yukonnais (1983), qui est devenu aujourd’hui le journal L’Aurore boréale. Selon M. Herry, ce bulletin était essentiel pour rassembler les francophones.
M. Herry résume son parcours ainsi :
Mon bénévolat a été de m’engager dans de nouveaux défis dès que quelque chose était mis en place. Il fallait être dynamique pour refléter le dynamisme de la francophonie yukonaise.
Contribution à un Yukon bilingue
Professionnellement, M. Herry a été enseignant de français en langue seconde et de sciences humaines au secondaire dans des établissements en immersion française. Il a ensuite occupé le poste de coordonnateur des programmes en français au ministère de l’Éducation du gouvernement du Yukon avant de prendre sa retraite en septembre 2020.
Selon Maryne Dumaine, rédactrice en chef de L’Aurore boréale et à l’origine de la soumission de personnalités franco-yukonaises pour le palmarès de Francopresse, M. Herry a façonné le Yukon francophone tel qu’on le connait aujourd’hui : «Yann Herry est un monument francophone. Ses actions nous permettent aujourd’hui de vivre en français au territoire. J’ai été témoin de ses interventions auprès des jeunes et de l’impact qu’il avait. Selon moi, il a grandement contribué à la popularité de l’immersion auprès des nouvelles générations.»
Au cours de sa carrière, M. Herry a organisé de nombreux voyages au Québec et en France pour ses élèves, en traçant toujours un lien avec l’histoire. Il voulait montrer que le Yukon faisait partie d’une francophonie plus large.
Grâce à lui, de nombreux jeunes anglophones ont découvert la ville de Lancieux en France, où a vécu Robert Service, celle de Saint-Malo d’où Jacques Cartier était originaire ou encore la région de l’Alsace, dont les ancêtres des familles métisses de la région du lac Kluane dans le sud-ouest du Yukon sont issus.
Contribution à venir : l’héritage francophone
Maintenant à la retraite, M. Herry souhaite se consacrer à la valorisation du patrimoine francophone. Pour lui, il est important de faire connaitre la participation de la francophonie dans tous les domaines d’activités de la société yukonaise.
Depuis la mise en place de la Constitution canadienne en 1867, il y a toujours eu une présence francophone au pays. Les francophones ont contribué à toutes les époques de l’histoire du Yukon, que ce soit au moment de la traite des fourrures, à celui de la ruée vers l’or de 1898, ou durant la période de l’entre-deux-guerres.
En avril 2021, en collaboration avec Sylvie Binette, M. Herry a fondé la Société d’histoire francophone du Yukon, dont le mandat est d’acquérir, conserver, étudier, interpréter et mettre en valeur l’histoire et le patrimoine francophone du Yukon, dans le but d’en favoriser l’accès à la communauté et la préservation pour les générations futures.
La première assemblée générale de l’organisme s’est tenue le 7 juin 2021. Le conseil d’administration a depuis obtenu des subventions pour réaliser une planification stratégique qui devrait être rendue publique au printemps 2022.
Dans l’attente des résultats de la planification stratégique, M. Herry partage avec L’Aurore boréale sa vision personnelle de l’avenir de son action bénévole :
J’aimerais une société yukonaise où tous reconnaissent l’importance et la contribution de la francophonie. Il faudrait des lieux physiques, comme un musée, pour se rencontrer, faciliter l’accès aux documents, mener des projets pour la mémoire communautaire, diffuser de l’information et faire un pont entre les générations. Des personnes arrivent au Yukon, vivent au Yukon, puis repartent avec leur histoire et leurs documents : c’est dommage!
Avoir un lieu physique permettrait ainsi de rassembler au même endroit toutes les archives francophones.
Selon M. Herry, un musée permettrait aussi de faire connaitre le contexte dans lequel vivaient les francophones autrefois. Il imagine aussi une galerie permanente d’œuvres d’art pour représenter l’évolution artistique des francophones.
Un autre rêve de M. Herry serait d’œuvrer pour la reconnaissance de Silver City, sur la rive sud-est du lac Kluane, comme site national historique. Ses recherches ont montré que Silver City était la jonction des trois peuples fondateurs du Canada : les Premières Nations, les Anglais et les Français.
C’est notamment une famille francophone des Vosges (France) qui a fondé la communauté de Burwash Landing, sur la rive nord-ouest du lac Kluane.