L’idée préconçue voulant que les téléphones intelligents soient uniquement une affaire de jeunes est dépassée. Des études récentes estiment que près de 32 millions de personnes au Canada se sont servies d’un téléphone intelligent d’une façon ou d’une autre en 2021.
Il est estimé que plus de 88% des Canadiens possèderont un téléphone intelligent en 2025. Pourtant, selon Jean-Michel Latulippe, jusqu’à maintenant, la recherche se concentre surtout sur les jeunes âgés de 24 ans et moins.
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«J’ai remarqué qu’il y avait peu d’études qui s’intéressent aux 25 ans et plus. Étant donné qu’ils composent une proportion élevée des utilisateurs des téléphones mobiles, j’ai jugé qu’il serait bon de m’intéresser à ça d’un peu plus près.»
Sa recherche «Que représentes-tu pour moi? Le cas du téléphone mobile et les représentations symboliques chez ses utilisateurs» a été réalisée auprès d’étudiants et de professeurs de l’Université Laval, à Québec, où il poursuit des études doctorales en marketing.
Selon lui, il est maintenant devenu presque impossible de se passer d’un téléphone intelligent.
Il y a des entreprises qui développent des applications où on conseille de l’utiliser pour faire affaire avec le commerce. Finalement, le téléphone mobile est devenu un peu indispensable.
M. Latulippe avait comme objectif de comprendre le rapport personnel des gens avec leur téléphone intelligent et leurs habitudes d’utilisation.
«Le voient-ils comme un outil qui permet de réaliser différentes choses ou un outil de dépendance duquel ils ne peuvent plus se départir?»

Jean-Michel Latulippe est professeur de marketing au campus de Shippagan de l’Université de Moncton, s’intéresse à nos rapports personnels avec les téléphones intelligents, particulièrement ceux des personnes âgées de 25 ans et plus.
Un outil formidable!
Les résultats ont varié selon la personne interrogée.
«J’ai interviewé des personnes originaires de l’étranger qui voyaient le téléphone mobile comme un outil formidable pour garder le contact avec leurs amis et leur famille. D’autres estimaient que ça permettait de réduire leur niveau d’anxiété lorsqu’ils déposaient leurs enfants à la garderie ou lorsque leurs enfants étaient éloignés pour une période de temps, car ils savent qu’ils peuvent communiquer avec eux au besoin pour s’assurer que tout va bien de leur côté.»
«Le pire ennemi de l’homme»
Pour certains, le rapport avec la technologie était négatif. Plusieurs étaient bien conscients de leur dépendance, ajoute M. Latulippe, mais ressentaient l’angoisse provoquée par le phénomène connu sous son sigle anglophone FOMO (Fear of Missing Out), c’est-à-dire la peur de manquer quelque chose d’important en étant éloigné de son appareil.
«Certains m’ont dit qu’ils voient ça comme un outil de dépendance. Par exemple, ils m’ont dit qu’ils lisent beaucoup moins depuis qu’ils possèdent [un téléphone mobile]. Un autre a même affirmé que c’est le pire ennemi de l’homme moderne.»
Malgré les nombreux avantages des téléphones intelligents, dont la possibilité de rester en contact avec ses proches, cette communication constante peut entrainer des effets pervers.
«J’ai eu un témoignage intéressant d’une personne originaire de la France qui habite au Québec depuis plusieurs années. Il m’a dit qu’il est tellement en communication permanente avec sa famille et ses amis en France via les applications mobiles que lorsqu’il rentre chez lui, en France, il n’y a plus nécessairement le réflexe de se rencontrer et de faire des activités comme auparavant. À cause du téléphone, les gens n’ont pas l’impression d’avoir été éloignés.»