La fondatrice du Théâtre Mauve Sapin, Kariane Lachance, explore le sujet de l’exode des jeunes depuis près de trois ans à travers son projet théâtral intitulé «Fumée lourde». En 2019, elle et trois artistes ont entamé des recherches sur les maisons fantômes, les lieux abandonnés et les villages de bucherons de Hearst et des environs, en partenariat avec le Centre d’archives de la Grande Zone argileuse.
En explorant l’éventail de la photographie du centre d’archives, une image en particulier lui a tapé dans l’œil.
Cette image est une photo d’époque d’un groupe d’écoliers. Parmi eux, une petite fille regarde ailleurs, comme si elle voulait s’évader.
En observant l’image, les artistes ont décidé d’écrire une pièce portant sur la migration des jeunes ruraux, un sujet qui les a touchés. De son côté, Kariane Lachance vit entre plusieurs villes et quitte souvent son bercail temporairement pour son art. Elle se promène régulièrement en province, notamment entre Sudbury, Timmins et Hearst, sa ville natale.
À son rythme
Bien qu’elle soit très impliquée au Conseil des Arts de Hearst (CAH), là où elle travaille et passe beaucoup de temps, elle dit vivre encore l’exode dont elle traite dans ses projets. Sa compagnie, basée à Hearst, a pour mission de donner de la visibilité aux minorités.
En tant que personne queer, polyamoureuse et francophone, elle reconnait la réalité des personnes marginalisées du Nord de l’Ontario et les évoque dans ses pièces.
On sait que la voix des personnes queer ici à Hearst n’est pas très forte. Je ne pense pas qu’il y a beaucoup d’affirmations, parce qu’elles ont un peu peur du jugement, mais aussi parce que je pense qu’on n’est pas encore prêts ici à donner cette ouverture-là.
Lorsqu’elle est revenue à Hearst après ses études, Kariane Lachance avait tout un bagage de connaissances acquises à travers ses rencontres avec des gens issus de différentes cultures.
À son retour, elle a rapidement constaté que ses expériences ont changé sa manière de voir le monde.
«Quand je suis revenue à Hearst, peu de choses avaient changé. Ça m’a fait un choc, parce que je pensais que le reste de la ville avait évolué ou s’était ouverte au même rythme que moi, je m’étais ouverte aux autres.»
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Le manque d’ouverture, l’une des raisons de l’exode?
Kariane Lachance est d’avis que le manque d’ouverture d’esprit de certains contribue à l’exode des jeunes et que les personnes qui ne se sentent pas incluses dans la communauté se sentent mieux ailleurs.
Selon elle, la fermeture à la diversité culturelle, sexuelle et linguistique empêche les gens de trouver leur place dans leur coin de pays.
Au CAH, elle a trouvé sa place. En revanche, lorsqu’elle sort de sa bulle et explore les autres milieux de la ville, elle ne sait pas où est sa place, explique-t-elle. Pour elle, ce sentiment explique en partie l’exode des jeunes.
Par l’entremise de l’art, Kariane Lachance souhaite ouvrir les horizons et entreprendre des dialogues sur la diversité, l’identité et la migration.