Ayant recueilli jusqu’à présent près de 25 000 signatures à travers le territoire, soit de façon électronique ou sur papier, une pétition circule en ce moment afin de réclamer la présence d’une résidence pour ainés pouvant offrir des soins de santé sur une base continue dans chaque communauté du Nunavut.
Actuellement, ce sont cinq communautés nunavoises qui disposent d’un Centre de soins de longue durée ou d’une maison pour personne âgée soit Cambridge Bay, Igloolik, Gjoa Haven, Arviat ainsi qu’Iqaluit. La construction d’un futur centre est prévue dans la communauté de Rankin Inlet.
Le manque de services offerts destinés aux ainés nécessitant des soins 24 heures sur 24 sur le territoire oblige plusieurs de ceux-ci à déménager dans des centres du Sud du pays, ce qui n’est pas sans conséquence pour les personnes touchées et leur famille.
Les Nunavummiut favorables à la cause
La pétition disponible en ligne demande que le gouvernement prévoie dès maintenant la formation de soignants 24 h/24 et sept jours sur sept pour chaque communauté et qu’il fasse des plans pour que chaque ainé puisse être relocalisé dans sa communauté.
«Nos ainés inuits sont envoyés à Ottawa et dans d’autres endroits à l’extérieur de leurs collectivités. Nous avons besoin que nos ainés inuits vivent leurs dernières années dans leur ville natale avec leurs familles», peut-on y lire.
Manitok Thompson est l’une des organisatrices de la pétition. Elle affirme que le gouvernement fédéral ne comprend pas que les ainés doivent pouvoir demeurer dans leur communauté près de leurs proches.

Au Sud, vous avez des routes, donc si votre ainé déménage de Montréal à Ottawa, vous pouvez conduire pour les voir. Au Nunavut et au Nunavik, nous n’avons pas de route vers chaque communauté ; nous ne pouvons voyager que par avion vers chaque communauté. L’avion coute très cher.
Elle ajoute que de telles résidences permettraient également la création d’emplois dans les collectivités.
Manitok Thompson déclare avoir reçu de bons commentaires provenant de toutes les communautés du Nunavut concernant la mise sur pied de cette pétition.
«J’ai eu des gens qui m’ont écrit qu’ils étaient si heureux d’avoir une pétition écrite. J’ai même eu des personnes âgées qui se sont portées volontaires pour poster la pétition et qui sont allées à la radio locale pour encourager le public à signer», affirme-t-elle.
Les services offerts aux ainés au Nunavut
Le ministère de la Santé affirme qu’un programme de soins à domicile et en milieu communautaire existe dans les 25 communautés du Nunavut et offre des services de soins de santé et de soutien, en fonction des besoins évalués afin d’aider les Nunavummiut à demeurer chez soi le plus longtemps possible.
«Les soins à domicile et communautaires comprennent des services tels que la gestion de cas, l’entretien ménager, les soins infirmiers, les soins de répit, les soins palliatifs, les services de réadaptation, les soins des pieds et les soins personnels», déclare Chris Puglia, gestionnaire intérimaire des communications au ministère de la Santé du gouvernement du Nunavut.
Il précise qu’au cours des dernières années, le ministère s’est efforcé de renforcer ce programme par l’embauche d’infirmières auxiliaires qui ont ajouté du soutien dans de nombreuses collectivités.
Afin de répondre à la demande croissante de soins de longue durée pour les ainés, le ministère de la Santé travaille actuellement avec le ministère des Services communautaires et gouvernementaux sur la planification de nouveaux établissements de soins de longue durée, qui seront situés dans chaque région, soit à Rankin Inlet, à Cambridge Bay et à Iqaluit.
«Ces installations seront conçues pour accueillir les personnes ayant des besoins complexes en matière de soins de santé et celles nécessitant des soins de démence», explique Chris Puglia.
Les impacts d’une relocalisation chez les ainés
Manitok Thompson, qui réside à Ottawa, se rend régulièrement à la résidence Embassy West Senior Living pour y faire du bénévolat et y rencontrer les ainés du Nunavut qui ont dû quitter leurs communautés afin de recevoir les soins appropriés à leur condition.
Les ainés pleurent en me disant qu’ils veulent rentrer chez eux. Leurs familles leur manquent. Ils n’ont pas d’interprète. Ils ne reçoivent un interprète avec le médecin que s’ils sont malades.
Elle affirme également que tout est différent de leur maison, notamment le fait que la résidence d’Ottawa soit près de l’autoroute, créant ainsi beaucoup de circulation, et que les ainés ne peuvent plus s’alimenter de façon traditionnelle comme le veut leur culture.
«La nourriture est différente. Beaucoup d’Inuits n’aiment pas les légumes parce que nous sommes des mangeurs de viande. Nos ainés ne mangent pas du tout de légumes. Ils s’ennuient de la viande sauvage qu’ils mangent à la maison : du caribou, du phoque, du poisson et de l’ours polaire», se désole-t-elle.
De son côté, le ministère de la Santé donne un autre son de cloche quant à la réalité des ainés hébergés à la résidence d’Ottawa : «L’Embassy West propose chaque jour des plats traditionnels au menu. Selon le jour, les choix incluent l’omble chevalier, le phoque, le caribou, la baleine, le morse et le bœuf musqué. Un salon a été créé au premier étage qui comprend une variété de nouvelles activités, notamment : des casse-têtes, des jeux de société, des contes, des chants de gorge, des cercles de tambours, des massages des mains et bien d’autres», déclare Chris Puglia.
Il ajoute que des interprètes sont disponibles cinq jours par semaine de 9 h à 19 h et que le Réseau des services de santé d’Ottawa offre également des services d’interprétation supplémentaires pour les rendez-vous et les urgences.