Certes, la fête de la Saint-Jean n’a pas toujours porté ce nom. «Dès l’antiquité, de nombreux peuples, dont les Gaulois, allumaient des feux pour célébrer le solstice d’été», apprend-on sur le site de l’Encyclopédie canadienne. Au IVe siècle, dans un contexte d’expansion du christianisme, la fête païenne a été renommée, «la Saint-Jean-Baptiste».
Le Journal des Jésuites raconte que cette tradition s’est établie sur les bords du Saint-Laurent en 1636. Il faudra attendre près de 200 ans, 1834, pour que Ludger Duvernay lui donne une résonance particulière. Journaliste patriotique, il crée l’Association Saint-Jean-Baptiste. Le 24 juin de cette même année, des Américains, des Irlandais et Canadiens se réunissent pour un banquet.
Rapidement, la célébration trouve un public enthousiaste. Pour le 40e anniversaire de la création de la Société Saint-Jean, 60 000 fières francophones étaient au rendez-vous à Montréal. Ils entonnèrent l’hymne Rallions-nous, composé pour l’occasion par Charles-Marie Panneton sur des paroles de Benjamin Sulte.

Le docteur Rouleau, président à Calgary
La Saint-Jean-Baptiste se fête partout au Québec. Ces soirées festives emballent les voisins. La «Saint-Jean», comme on l’appelle aujourd’hui, se propage d’Est en Ouest, ainsi qu’aux États-Unis. La première Société Saint-Jean-Baptiste en Alberta est créée par Georges Roy en 1885, à Saint-Albert. Deux ans plus tard, c’est au tour de Calgary.
«Les premiers jours du mois de juin 1888, le père Leduc convoque tous les Canadiens français à la mission de Calgary. De cette réunion nait la Société Saint-Jean-Baptiste de Calgary. Le Docteur Édouard Rouleau en est le premier président», peut-on lire sur le site Web de la Société historique francophone de l’Alberta.
Edmonton n’accueillera la sienne qu’en 1894. À l’époque, le rayonnement des Sociétés Saint-Jean-Baptiste d’Edmonton et de Montréal ne se limite pas à une célébration le 24 juin. Le mandat de ces Sociétés conserve une trame politique, celle de sangler tous les rangs de la hiérarchie sociale de la population canadienne-française.
Le but? «Grouper les forces vives de notre nationalité et de développer chez chacun de nous, à côté d’une loyauté à toute épreuve aux institutions britanniques, l’amour de tout ce qui fait que nous sommes français tout en étant Canadiens», lit-on dans le Courrier de l’Ouest du 9 avril 1908.

La fête de la Saint-Jean et le français
La Société locale était une fervente militante pour la reconnaissance du français. Le site Web de la Société historique francophone de l’Alberta indique qu’en février 1904, quelques mois avant la création de la province albertaine, la Société rédige une lettre au premier ministre, Wilfrid Laurier. Elle réclame «que le français soit déclaré une des langues officielles de la nouvelle province et qu’elle soit garantie comme langue d’instruction dans les écoles».
Retour en 2020 ; cette demande de 1904 fait écho au jugement rendu par la Cour suprême le 12 juin dernier au sujet de l’éducation francophone en Colombie-Britannique. Une lutte que les francophones de la Colombie-Britannique menaient pour que leurs enfants puissent bénéficier d’une éducation française équivalente à la langue anglaise.
De l’Ô Canada à Pascal Lecours et les mauvais caractères
Avant que la Saint-Jean-Baptiste ne devienne synonyme de défilé et char folkloriques, elle est d’abord synonyme de feux de joie et de chants. Dès le premier banquet à Montréal en 1834, plusieurs chants canadiens-français sont interprétés, dont l’Ô Canada! mon pays! mes amours! par George-Étienne Cartier.
La COVID-19 change radicalement la manière de vivre les grandes festivités estivales : les spectacles extérieurs se transforment en prestations musicales sur petits écrans. «Bienvenue chez vous», organisé par les ACFA régionales, s’enracine dans ce changement.
Cet évènement du 19 juin propose une trousse de la Saint-Jean-Baptiste à commander (drapeau franco-albertain, poutines, etc.) et une prestation du groupe francophone Pascal Lecours et les mauvais caractères dans un format 100 % en ligne.