Lorsqu’on pense à Terre-Neuve-et-Labrador, son importance géologique n’est surement pas la première des attractions qui vienne à l’esprit. On pense plutôt à ses paysages magnifiques, sa culture unique et son peuple accueillant.
Mais pour les experts en paléontologie — l’étude des fossiles — la province est une vraie mine d’or : elle abrite de nombreuses espèces, y compris les plus vieux fossiles multicellulaires du monde.
Une découverte importante
La trouvaille du mois dernier a pu être ajoutée à cette longue liste de découvertes paléontologiques de la province. Lors d’une fouille à Bacon Cove, sur la côte sud-ouest de Conception Bay, des spécialistes des sciences de la terre de l’Université allemande de Heidelberg ont découvert plusieurs coquilles fossilisées en forme de cône.
Selon eux, il s’agit surement des ancêtres des céphalopodes, la classe de mollusques marins évolués comprenant les calmars, les pieuvres et les seiches.
Les coquilles des céphalopodes ont des chambres subdivisées individuelles, reliées par un tube appelé le siphon. Grâce à cette structure anatomique, des études en paléontologie ont conclu que les céphalopodes ont été les premiers organismes capables de se déplacer activement de haut en bas dans l’eau et de s’établir ainsi en pleine mer.
Les fossiles trouvés à Bacon Cove, eux, sont de lointains parents du nautile — un mollusque très ancien des mers chaudes en forme de spirale — mais leur forme diffère nettement de celle des premières découvertes et des représentants actuels de cette classe.

Le plus incroyable? Ces formes uniques indiquent que les fossiles découverts datent de 522 millions d’années, ce qui les rendrait 30 millions d’années plus vieux que les plus anciens céphalopodes connus à ce jour.
Cette découverte est donc d’une extrême importance, car elle remet en question l’âge de ces organismes et plusieurs convictions préexistantes qu’ont entretenues les scientifiques à leur sujet.
Terre-Neuve, un site paléontologique rêvé
Selon Christopher McKean, étudiant au doctorat de paléobiologie à l’Université Memorial, l’ile de Terre-Neuve en particulier est un endroit bien connu pour ses richesses en fossiles.
«À l’époque, la région était en fait ce que nous appelons aujourd’hui Avalonia, qui est directement tiré du nom actuel de la péninsule d’Avalon [péninsule du sud-est de l’ile de Terre-Neuve], ce qui est assez choquant, dit-il en riant. Cette région était en fait un microcontinent au large de la côte du continent Gondwana, qui est composé de l’Afrique et de l’Amérique du Sud actuelles.»
C’est grâce à son emplacement géographique durant le Cambrien — la plus ancienne des six périodes géologiques qui s’étend de 541 à 485 millions d’années — que Terre-Neuve a pu récolter de nombreux souvenirs d’une grande collection d’organismes vivants.
De nos jours, un endroit particulièrement riche en fossiles à Terre-Neuve est également la rivière Manuel, à Conception Bay South. On y retrouve énormément de fossiles de trilobites – des arthropodes marins disparus.
À Mistaken Point [réserve écologique de Terre-Neuve-et-Labrador au Canada située sur la péninsule d’Avalon] ou encore sur la péninsule de Bonavista [côte est de Terre-Neuve] on trouve des fossiles de la période de l’Édiacarien qui, selon l’étudiant, «ne ressemblent à rien de ce qui a jamais été vu sur la planète».
Terre-Neuve est une vraie source géologique qui n’est pas prête de s’épuiser. Christopher McKean et ses camarades de classe, ainsi que des scientifiques du monde entier, continuent à bénéficier de ses richesses naturelles pour, espérons-le, faire d’autres découvertes qui secoueront le domaine de la paléontologie.