La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) et les organisations francophones provinciales réclament depuis plusieurs années une modernisation de la Loi sur les langues officielles.
Adoptée en 1969, celle-ci a été modifiée en 1988 et quelque peu améliorée en 2005, mais les communautés francophones estiment qu’elle ne répond plus aux besoins du 21e siècle.
La FCFA a d’ailleurs préparé un modèle de projet de loi présenté au gouvernement. Tous les organismes de la francophonie pressent le gouvernement Trudeau d’agir avant la fin de l’année.
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Un pavé dans la mare
Mais voilà que la situation se complique : le gouvernement québécois propose aussi de renforcer sa législation linguistique, la loi 101 qui fait du français la seule langue officielle du Québec.
La province veut que les entreprises de compétence fédérale, comme les banques et les télécommunications, soient maintenant assujetties à la loi 101 plutôt qu’à la Loi sur les langues officielles fédérale.
Voilà un pavé dans la mare de la part d’un Québec qui se fout éperdument de la langue française ailleurs au Canada! Pour vous en convaincre, vous n’avez qu’à visiter un de ces fleurons de l’entreprise québécoise : Métro, Rona, Bouclair, Le Château, etc. et essayer d’y trouver un affichage en français. Mais je digresse.
Devant ce nouvel écueil, la ministre responsable de la Loi sur les langues officielles, Mélanie Joly, elle-même Québécoise, semble hésiter.
Alors qu’il y a peu elle assurait encore les organismes de la francophonie qu’elle planchait sur un projet de loi, voilà que le journal La Presse dévoilait récemment qu’elle pense plutôt publier un livre blanc sur la question.
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Pas une mauvaise idée
Depuis, le diable est aux vaches. Les nationalistes québécois descendent dans la rue pour la défense du français — j’aimerais bien voir ces manifestants débarquer dans les rues de Sudbury — et les partis d’opposition trouvent tout à coup que les langues officielles sont devenues un enjeu électoral… au Québec.
Les conservateurs qui n’ont absolument rien fait pour améliorer la loi pendant leurs dix ans au pouvoir et le Bloc québécois qui n’en a évidemment que pour le Québec pressent le gouvernement d’agir vite.
Plusieurs intervenants affirment que l’idée d’un livre blanc n’est qu’une façon pour les libéraux de gagner du temps. Quant aux organismes francophones, ils veulent bien d’un livre blanc, mais APRÈS que le gouvernement ait déposé un projet de loi.
Après des années de travail sur la question, ils ne veulent plus de tergiversations. On les comprend puisque le gouvernement Trudeau a promis une telle réforme. Mais, pour moi, il est clair qu’un livre blanc sur la question est aussi une bonne idée.
Avant son adoption en 1969, la Loi sur les langues officielles a suscité une discussion nationale. La question de la dualité linguistique faisait la manchette et animait des conversations dans les chaumières.
Depuis, on n’en parle plus. Le Canada anglais continue d’être anglais, le Québec continue d’être français et nous, des minorités linguistiques, continuons d’être «nowhere».
La publication d’un livre blanc et la discussion probablement musclée qui s’ensuivra devraient remettre la question à l’ordre du jour. Et je demeure convaincu que la dualité linguistique du Canada n’en sera que renforcée.
Ce n’est que lorsque cette discussion nationale aura remplacé les craintes par des aspirations que le gouvernement pourra adopter une Loi qui nous rassemble. Le jeu en vaut la chandelle.