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le Lundi 23 mars 2020 10:35 Politique

Les Franco-Ontariens au second plan dans la gestion de la crise de la COVID-19

Pourquoi faire confiance à Francopresse.
  DXR - Wikimedia Commons
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TORONTO — Depuis le début de la crise de la COVID-19 en Ontario, personne, ni au gouvernement Ford ni à la santé publique, n’a fait de déclarations verbales ou n’a répondu aux questions des médias en français. Un phénomène qui pourrait se révéler fatal pour des aînés franco-ontariens.
Les Franco-Ontariens au second plan dans la gestion de la crise de la COVID-19
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Bien que les communiqués de presse sont, la plupart du temps, envoyés dans les deux langues officielles, aucun des intervenants de premier plan du gouvernement Ford dans le combat contre la COVID-19 n’est en mesure d’apporter des explications en français de façon simultanée.

« Si les francophones ne sont pas capables d’avoir l’information dans leur langue en même que la population générale, ça va leur prendre plus de temps à réagir à cette information », juge Stéphanie Chouinard, professeure au département de science politique au Collège militaire royal du Canada.

La population aînée francophone en Ontario est celle qui est le moins susceptible d’être bilingue. Ce sont pourtant ces personnes qui sont les plus vulnérables au virus.

Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin, a discuté avec des intervenants au sein du gouvernement Ford pour s’assurer qu’une meilleure offre soit offerte envers les francophones de la province.

« Nos recommandations ont été reçues positivement », a déclaré M. Jolin via courriel.

Il a aussi affirmé que l’AFO communique avec la Société Radio-Canada « pour leur recommander que les conférences de presse des gouvernements du Canada et de l’Ontario soient toutes diffusées en direct avec une interprétation simultanée sur l’une ou plusieurs de leurs plateformes », ajoutant que « la Société Radio-Canada y travaille ».

Bien sûr, la traduction est un effort notable, selon la politologue Stéphanie Chouinard, mais « c’est aussi une question de précision ».

« Quand on fait affaire avec des interprètes, il y a une certaine mesure de certitude quant à la précision de l’information. Reste que ça ne vient pas de la bouche du médecin, et quand on parle de communications en santé publique, il faut s’assurer que toute la population ait la même information et qu’ils prennent les mêmes mesures pour se protéger. »

La solution, selon la Dre Chouinard, serait qu’un autre professionnel de la santé soit en mesure de commenter les mêmes informations, au même moment, et en français.

La députée de Glengarry-Prescott-Russell Amanda Simard est d’accord qu’il faut que le message provienne directement des intervenants. « On veut que les autorités nous parlent à nous, et avec tous les professionnels de la santé compétents francophones qu’on a dans la province, je suis certaine qu’il y en a un qui serait prêt à avoir cette responsabilité. »

Plusieurs résidents de sa circonscription lui auraient fait part de leur déception face à la situation. « Beaucoup de gens dans mon comté de cette génération [les aînés] ne parlent pas du tout l’anglais, ne peuvent pas lire l’anglais, ni comprendre l’anglais. Alors pourquoi eux, payeurs de taxes, reçoivent les informations après tout le monde ? », se questionne la députée Simard. « On est tout autant Ontarien que les anglophones. S’ils veulent qu’on suive les directives, il faut qu’on les comprenne. »

Au moment de publier ces lignes, le gouvernement Ford n’avait pas encore prodigué de réponse aux questions du Droit.