Suzanne marche le pas fragile sur le chemin qui borde le carré Rouleauville, à Calgary. Pour l’appuyer, une canne en bois clair. Un objet artisanal unique, fabriqué par un artiste autochtone. «Il fait des visions, puis crée une canne en fonction de ce qu’il a vu concernant la personne», raconte-t-elle. Sur la sienne : un loup, un bison, un aigle, une tortue et une plume.
Un homme promenant ses deux chiens croise son chemin. «Do you speak French?», lui lance-t-elle. Confus, il lui répond que non. «Can you say bonjour?». Le passant cède à sa demande, un «bonjour», agrémenté d’un sourire. Satisfaite, la gardienne du bilinguisme de ce quartier reprend fièrement sa route. Ceinture fléchée autour du cou, une dizaine d’épinglettes honorifiques accrochées sur le col de sa veste, elle l’assume: «le bilinguisme et la francophonie, c’est toute ma vie».
Née en aout 1949 à Hull de deux parents québécois, Suzanne De Courville Nicol grandit dans une Ottawa majoritairement anglophone. Elle bénéficie d’une éducation complète en français au couvent Notre-Dame. Cette éducation ne l’empêche pas de fréquenter le côté linguistique majoritaire. «Tous mes amis étaient anglophones. Mes parents ont toujours insisté sur l’importance du bilinguisme. Comme je le dis souvent: le français ça s’apprend, l’anglais ça s’attrape».
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