
Julien Rougerie, chargé de programmes de la Fondation Émergence
Pour ouvrir le dialogue sur cette question, la Fondation Émergence de lutte contre l’homophobie et la transphobie, basée à Montréal, a proposé une conférence en ligne pour le Manitoba et la Saskatchewan le 15 juin dernier, L’évènement s’inscrivait dans la tournée pancanadienne francophone de l’organisme.
Le chargé de programmes de la Fondation, Julien Rougerie, en a profité pour présenter le programme «Pour que vieillir soit gai», qui a pour but de conscientiser la population aux enjeux sociaux vécus par les ainés LGBTQ+ : «La santé mentale reste un enjeu majeur pour les personnes issues de la communauté LGBT, et particulièrement pour les ainés», a-t-il indiqué.
La conférence, organisée en partenariat avec Vitalité 55+ Saskatchewan, l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) et la Fédération des ainés de la francophonie manitobaine (FAFM), avait lieu le même jour que la Journée mondiale de lutte contre la maltraitance des personnes ainées.
«Il est important de garder à l’esprit que 10 % de la population ainée fait partie de la communauté LGBT, souligne Julien Rougerie. Il faut que les organismes provinciaux et locaux ouvrent le dialogue pour lutter contre l’isolement sociétal et très souvent familial de ces personnes.»
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Connaitre les réalités et enjeux
La Fondation Émergence identifie quatre types de stigmatisation subie par les ainés LGBTQ+ : sociale, religieuse, médicale et juridique. Julien Rougerie souligne que celles-ci peuvent s’accompagner de discrimination en fonction de «l’âge, la langue, mais également la couleur de peau, le sexe ou encore les origines».
Pour appuyer les ainés LGBTQ+, il encourage leur entourage à faire attention aux expressions employées, dont certaines peuvent paraitre banales tout en étant réellement blessantes : «Il faut vraiment éviter les phrases du genre : “Ce qui se passe dans les chambres, on ne s’en occupe pas.” Ça peut paraitre égalitaire et neutre, mais en fait ça pousse toujours les personnes à se cacher et à se murer dans le silence.»

Les composantes de l’identité selon la Fondation Émergence
Quelques bonnes pratiques respectueuses
- Démontrer son ouverture à la diversité sexuelle et de genre
- Réagir aux propos homophobes ou transphobes
- Éviter de supposer par défaut que tout le monde est hétérosexuel en utilisant un langage inclusif
- Respecter l’identité de genre et les pronoms choisis par son interlocuteur
- Respecter la confidentialité en ne révélant pas l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne sans son consentement
- Reconnaitre la place de la «famille choisie» chez les personnes concernées
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Des efforts à poursuivre

La session organisée par la Fondation Émergence pour le Manitoba et la Saskatchewan a rassemblé 23 participants en ligne.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a retiré l’homosexualité de sa liste des maladies mentales en 1990, la Loi fédérale sur le mariage civil a légalisé le mariage homosexuel au Canada en 2005 et la discrimination fondée sur l’identité ou l’expression de genre est devenue criminelle en 2017.
Malgré ces avancées, 67 pays criminalisent toujours les actes sexuels entre personnes adultes consentantes de même sexe et ces relations sont passibles de peine de mort dans 11 pays, dénonce la Fondation émergence dans une pétition demandant à l’Organisation des Nations unies (ONU) d’instaurer officiellement le 17 mai comme Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie.
«Il y a encore du chemin à faire, mais à notre échelle, il revient à chaque province canadienne de protéger ses droits et de proposer des ressources», conclut Julien Rougerie.