
La ville d’Ottawa a désigné la tulipe comme emblème floral officiel le 24 octobre 2001.
Chaque année du 13 au 23 mai, des centaines de milliers de tulipes fleurissent le long du lac Dow jusqu’au parc des Commissaires. Ces fleurs représentent la relation d’amitié qu’entretient le Canada avec les Pays-Bas depuis la Deuxième Guerre mondiale et particulièrement depuis la naissance de la princesse Margriet, en 1943.
La princesse était de passage à Ottawa du 12 au 16 mai pour souligner le 75e anniversaire de la libération de son pays, évènement auquel ont contribué les troupes canadiennes.
Margriet, la princesse des tulipes

La princesse Margriet.
Durant l’occupation nazie des Pays-Bas, en 1940, la princesse Juliana et ses filles, la future reine Beatrix et la princesse Irene, se sont réfugiées à Ottawa. Le gouverneur général du Canada, le comte d’Athlone, époux de la princesse Alice, cousine de la reine Wilhelmina des Pays-Bas, a alors invité les membres de la famille royale néerlandaise à se réfugier au Canada.
C’est pendant la Seconde Guerre mondiale, loin de son pays, que la princesse Juliana a donné naissance à la princesse Margriet. Cependant, la constitution des Pays-Bas stipule que le roi ou la reine doit naitre dans son pays afin de pouvoir régner. Dans le cas de la naissance d’un garçon qui serait devenu héritier du trône néerlandais, le gouverneur général canadien a donc déclaré quatre chambres de l’hôpital civique d’Ottawa comme territoire des Pays-Bas.
Après la libération des Pays-Bas, en 1945, la princesse Juliana a envoyé 100 000 bulbes de tulipes au Canada en guise de remerciement pour son hospitalité et pour son rôle dans la libération de son pays. L’année suivante, elle a envoyé 20 500 bulbes additionnels sous la condition qu’ils soient plantés autour de l’Hôpital civique d’Ottawa, où est née sa fille Margriet.
Michel Prévost, ancien archiviste en chef à l’Université d’Ottawa, a développé un intérêt marqué pour les Pays-Bas alors qu’il avait 16 ans lors d’un voyage scolaire avec son école secondaire. Il se passionne pour l’histoire de la princesse Margriet.
«Pour les Néerlandais, cette naissance a été une lumière, un rayon de soleil dans cette période tellement sombre. C’était un message d’espoir et d’avenir.»
«Anne Frank parle de la naissance de la princesse Margriet dans son journal, c’est quand même assez exceptionnel», remarque-t-il.
Les marguerites étaient en fleur aux Pays-Bas quand le pays a été envahi en 1940. Pour se souvenir de leur pays, la reine Wilhelmina a demandé à tous les réfugiés de porter une marguerite [margriet en néerlandais] sur le revers de leur manteau. C’est en hommage à la résistance que la princesse Juliana a donné le prénom Margriet à son troisième enfant né en sol canadien.
Le premier festival des tulipes s’est tenu à Ottawa en 1953, suivi d’une visite de la princesse Margriet en 1967 lors de laquelle une plaque honorant la réception de la famille royale par le Canada fut dévoilée près d’un lit de tulipes sur la rue Queen Elizabeth à Ottawa. En vue du festival, le gouvernement néerlandais et la famille royale continuent d’envoyer à Ottawa 10 000 bulbes de tulipes annuellement pour le festival.

La princesse Margriet et le premier ministre Justin Trudeau au cimetière de Bergen-Opération-Zoom en octobre 2021.
Le début d’une longue amitié
Malgré le contexte difficile de la Deuxième Guerre mondiale et de l’occupation nazie des Pays-Bas, Michel Prévost soutient que cette histoire était «le début d’une très très belle histoire d’amour entre le Canada et les Pays-Bas, mais en particulier à Ottawa.»
Les liens entre le Canada et les Pays-Bas demeurent très étroits et la princesse Margriet visite sa terre natale régulièrement. «Ce que je trouve intéressant, c’est de voir une nation reconnaissante qui n’a jamais oublié […] il s’agit de voir dans les champs de bataille aux Pays-Bas comment c’est bien entretenu, comment on a un grand respect», dit Michel Prévost.
Il explique que cette visite royale est, en partie, une façon de maintenir les liens étroits entre le Canada et les Pays-Bas. «Quand elle vient, elle ne fait pas que rencontrer la gouverneure générale et le premier ministre, elle va rencontrer le maire d’Ottawa et tient aussi toujours à rencontrer des membres de la communauté néerlandaise.»
En 2016, le recensement de Canadiens d’origine néerlandaise s’élevait à plus d’un million.
La troisième grande vague d’immigration hollandaise, comprenant plusieurs ouvriers et épouses de guerre, a suivi la Seconde Guerre mondiale. Ils se sont principalement établis en Ontario et dans les centres urbains des provinces de l’Ouest.