le Mardi 30 mai 2023
le Lundi 11 avril 2022 7:30 Société

À la recherche d’un logement abordable à Saint-Jean

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Le logement abordable se fait rare à Saint-Jean. — ThomasTriple - Wikimedia Commons
Le logement abordable se fait rare à Saint-Jean.
ThomasTriple - Wikimedia Commons
IJL — RÉSEAU.PRESSE – LE SAINT-JEANNOIS (Nouveau-Brunswick) – Dans la foulée du récent budget du Nouveau-Brunswick, la question du logement à Saint-Jean soulève des points d’interrogation. Facile ou difficile de se loger à prix raisonnable?
À la recherche d’un logement abordable à Saint-Jean
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D’après Matthew Hayes, porte-parole de la Coalition pour les droits des locataires, il ne fait pas de doute qu’il manque de logements abordables. «Depuis 2015, on voit une diminution du taux de vacance», explique l’activiste.

Selon lui, 6 000 foyers néobrunswickois attendent un logement social. Pourtant, M. Hayes déplore que le gouvernement ait donné des permissions à des entrepreneurs de démolir des immeubles afin de reconstruire des appartements à loyer élevé. Il cite en exemple la démolition de l’ancien bâtiment du magasin Woolworth à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, par l’entrepreneur Percy Wilbur.

Dans cette ville et les environs, le ministère du Développement social estime qu’il y a 3 397 logements abordables, ce qui comprend les logements sociaux du gouvernement et des appartements avec supplément au loyer du secteur privé.

Selon des données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), le prix moyen d’un appartement à Saint-Jean en 2021 s’élevait à 847 $.

Consultez le site du journal Le Saint-Jeannois

De plus en plus de privatisation

Le directeur des communications au ministère provincial du Développement social, Robert Duguay, précise que le gouvernement du Nouveau-Brunswick peut aider à payer une partie d’un loyer.

Il y a d’abord une liste d’attente pour avoir accès à un logement abordable. Une fois l’appartement trouvé, la SCHL émet un avis concernant le loyer que peut exiger le propriétaire, en fonction notamment de la grandeur du logement. Le locataire paiera alors un montant proportionnel à son revenu, soit 30 % de celui-ci. Le gouvernement s’engagera à verser le reste du loyer au propriétaire.

Maison du quartier nord de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, qui a été laissée à l’abandon et qui est aujourd’hui détruite.

Matthew Hayes

Le budget provincial de 2022-2023 prévoit que l’impôt foncier sur les biens non occupés par le propriétaire (y compris les immeubles à appartements et autres propriétés locatives) sera réduit de 50 %. Matthew Hayes regrette qu’il n’y ait cependant rien de concret concernant l’amélioration de l’accès au logement pour les locataires.

Selon lui, en privilégiant le financement de projets privés de logements sociaux au lieu d’être véritablement le maitre d’œuvre de parcs locatifs, le gouvernement ouvre tout simplement la porte à «un transfert d’argent vers le privé», déplore Matthew Hayes.

Des propriétaires satisfaits, mais…

Bien qu’il nous ait été impossible de joindre un promoteur comme Percy Wilbur, le président de l’Association des propriétaires d’appartements du Nouveau-Brunswick, Willy Scholten, qui représente entre 60 et 70 % des propriétaires de logements de la province, accueille favorablement cette réduction de 50 % des impôts fonciers.

En raison d’une double taxation, soit municipale et provinciale, M. Scholten, qui est aussi directeur financier chez le constructeur Colpitts Development, considère que les taxes pour les propriétaires sont deux fois et demie plus élevées au Nouveau-Brunswick qu’ailleurs au Canada. À cela s’ajoutent des frais de construction qui ont augmenté de 30 % en raison de la pandémie.

De plus, puisque le dernier budget mentionne un plafonnement de la hausse des loyers à 3,8 % pour 2022, avec effet rétroactif au 1er janvier 2022, Willy Sholten est d’avis que ce plafond «causera des problèmes majeurs aux propriétaires». Bien sûr, ils se plieront à la loi, mais à savoir si cela est équitable, «pas du tout», rétorque-t-il.

Une lueur d’espoir

Afin de favoriser l’agrandissement du parc immobilier, le budget du gouvernement de Blaine Higgs prévoit un investissement de 6,3 millions de dollars de plus dans le logement abordable cette année. Est-ce suffisant? Pour Matthew Hayes, l’essentiel est que le gouvernement élargisse son parc immobilier, qu’il cesse de voir le logement abordable «comme une charité sociale», mais qu’il se voit plutôt «comme un investisseur institutionnel».

Dans la foulée des bonnes nouvelles, Le Saint-Jeannois a appris de source sure qu’un projet de 37 appartements dans la région de Saint-Jean a reçu des fonds pour des logements abordables, dont 19 bénéficieront d’un supplément de loyer. Certes le projet n’a pas encore été dévoilé, mais il devrait l’être dans les prochains mois.