Lors d’une cérémonie virtuelle tenue le 12 novembre dernier à Iqaluit, Lori Idlout, nouvelle députée du Nunavut et porte-parole en matière de relations entre la Couronne et les Autochtones, a choisi de prêter serment dans sa langue maternelle, l’inuktitut.
Alors que la Chambre des communes affirme faire des efforts pour que les langues autochtones soient davantage entendues au Parlement, la députée nunavoise, qui succède à Mumilaaq Qaqqaq, dit espérer voir davantage de résultats.
Au Nunavut, la population a exprimé sa satisfaction quant au fait que l’inuktitut ait été à l’honneur dans le cadre de l’assermentation de leur députée. Certains croient néanmoins que beaucoup de travail reste à faire afin d’assurer la survie de leur langue maternelle.
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Se faire comprendre par ses électeurs
Lori Idlout a déclaré qu’il était très important que les électeurs puissent comprendre ce que les députés disent à propos des enjeux qui les concernent. Elle désire donc veiller à ce que les langues autochtones soient utilisées à la Chambre des communes.

C’est aussi l’occasion pour moi de mettre en valeur ma culture et ma langue. J’ai embauché des artistes pour incorporer l’éclairage Qulliq, les chansons inuites, la danse du tambour et pour m’assurer que cela soit bilingue en inuktitut. C’est aussi l’occasion de partager l’expérience du Nunavut, ce qui n’était pas possible par le passé.
La représentation des langues autochtones est un enjeu présent depuis quelques années à la Chambre des communes.
En novembre 2017, conformément au mandat qui lui avait été confié, le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a adopté une motion concernant une étude sur l’utilisation des langues autochtones au cours des délibérations de la Chambre des communes.
L’étude s’est conclue en juin 2018, à la suite de quoi la Chambre des communes a adopté un rapport du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre concernant l’utilisation des langues autochtones pendant les délibérations.
Heather Bradley, directrice des communications à la Chambre des communes, assure que «nous faisons de notre mieux pour soutenir les députés afin qu’ils puissent représenter leurs électeurs».
Ainsi, un processus a été établi pour les députés qui souhaitent demander une interprétation à la Chambre : «La Chambre, en partenariat avec le Bureau de la traduction, détermine les interprètes disponibles et, avec un avis suffisant, assure l’interprétation simultanée de la langue autochtone en anglais et en français. Lorsqu’il n’est pas possible d’organiser l’interprétation, le ou la député·e peut fournir une traduction de ses remarques», explique Heather Bradley.
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Des réactions de la communauté
Hattie Alagalak réside à Arviat et se dit heureuse que l’assermentation de Lori Idlout se soit déroulée en inuktitut : «En tant qu’Inuk, j’étais très fière qu’elle montre qu’elle veut totalement servir son peuple qui a voté pour elle comme elle le peut. Je le vois, car elle a fait ça en inuktitut. Ça veut dire qu’elle est forte», affirme-t-elle ajoutant que la députée représente la voix de ce que la population ne peut exprimer d’elle-même.
Laisa Audlaluk-Watsko demeure quant à elle à Grise Fiord et faisait partie du Conseil des jeunes en compagnie de Lori Idlout au milieu des années 1990. Bien qu’elle se dise également satisfaite de l’utilisation de l’inuktitut lors de la cérémonie d’assermentation, elle estime toutefois que le Canada n’a pas rempli la plupart de ses obligations pour aider à la survie de la langue.
C’est notre langue officielle, mais elle n’est pas respectée dans nos écoles, dans les systèmes gouvernementaux et les services locaux. Il est fort probable que les stratégies élaborées ne soient pas allées beaucoup plus loin que prévu.
«Lorsqu’un nouveau député du Nunavut siège, c’est une nouvelle occasion de souligner les violations du Canada sur les “langues officielles” qui devraient être préservées avant qu’il ne soit trop tard pour les intégrer dans les systèmes», conclut Laisa Audlaluk-Watsko.