Anatasia Kelekis-Cholakis a officiellement pris le poste de doyenne du Collège de médecine dentaire, une faculté de l’Université de Manitoba, le 1er juillet. C’est la première femme nommée à ce poste. Pendant cinq ans, les principales missions de la nouvelle doyenne seront d’assurer la bonne qualité des cours, de faire avancer la recherche et d’impulser de nouvelles idées pour le Collège.
Elle a déjà des objectifs en tête pour améliorer le Collège de médecine dentaire. «Ma première priorité : les nouvelles technologies. Elles sont de plus en plus présentes dans les cabinets, comme par exemple pour communiquer avec les laboratoires. C’est un gros investissement, autant pour se procurer les équipements que pour former les élèves, mais aussi les enseignants, sur ces nouvelles machines.»
Deuxième priorité pour la doyenne de 52 ans : améliorer la qualité des cours et l’expérience des patients qui visitent les cliniques du Collège où les élèves s’exercent.
Lorsque La Liberté avait rencontré la parodontiste [donc spécialisée dans les maladies de gencives et le placement des implants dentaires] en avril, elle passait plus de temps dans les couloirs du Collège de médecine dentaire que dans son cabinet, où elle travaillait uniquement le vendredi. Le reste du temps, elle portait sa casquette de directrice du programme de parodontie et donnait des cours.
«En tant que doyenne, je serai comme une chef d’équipe. Mon quotidien sera d’aider et de coordonner tous les professeurs. Et, si j’ai le temps, j’envisage de continuer à donner des cours.»
Elle espère d’ailleurs que ce sera le cas : «J’ai de l’expérience dans le privé. J’ai beaucoup appris sur le terrain, en faisant des erreurs et en pratiquant. J’aimerais simplement continuer à partager mes connaissances.» De plus, pendant son mandat, elle continuera à pratiquer dans son cabinet.
Pour la recherche
Candidater au poste de doyen n’était pas une nécessité pour la parodontiste, qui est une des rares doyennes à exercer dans un cabinet. «Quel intérêt pour un dentiste de travailler dans l’administration d’une université, alors qu’il gagne bien sa vie avec son cabinet? Pour ma part, j’ai décidé de postuler parce que je suis attachée à cette université. Moi-même j’en suis sortie diplômée il y a 27 ans, donc c’est important pour moi de faire bouger les choses. Et j’ai aussi besoin de voir autre chose.»
Anastasia Kelekis-Cholakis aime les défis. «J’aime avoir le sentiment de grandir, de progresser. Aujourd’hui, j’avance vers quelque chose de différent. Ce poste de doyenne est une nouvelle phase dans ma carrière.»
La parodontiste est aussi une des rares doyennes à avoir étudié à Winnipeg. «La plupart venaient par exemple d’Afrique du Sud ou des États-Unis. Ça permet d’apporter de nouvelles idées. Je ne sais pas exactement pourquoi j’ai été nommée, mais quelqu’un a peut-être reconnu qu’il fallait un doyen local. Je sais aussi que mon expérience clinique reconnue a été un point déterminant.
«Et je suis reconnue dans la communauté dentaire au Canada et aux Etats-Unis, ce qui est un atout pour le Collège. Ça permettra de travailler avec d’autres professeurs et d’étendre les collaborations pour entreprendre davantage de recherches.»
Première femme doyenne
Dr Anastasia Kelekis-Cholakis a démarré ses études de dentisterie en 1988 et les a terminées en 1992. Elle a obtenu sa spécialisation en parodontie en 1998. «Je me sens utile dans mon métier. J’aide des personnes qui, parfois, ont perdu leurs dents à cause d’une infection. C’est un choc de perdre ses dents.»
Sa nomination est une nouvelle étape pour le Collège. Jamais une femme avant elle ne s’était assise sur le siège de doyen du Collège de médecine dentaire. Est-ce un des signes d’une société qui donne enfin plus de place aux femmes, ou juste un hasard? La nouvelle doyenne semble se situer au-delà de cette question.
«Est-ce que le comité m’a choisie parce ce que je suis une femme? Je n’y ai pas pensé. Certes, quand j’étais étudiante, aucune femme ne siégeait dans la haute administration du Collège. Et même au sein du corps professoral, elles n’étaient que deux ou trois.
«Auparavant, les femmes n’étaient pas aidées pour monter les échelons. Personnellement, je ne me suis jamais sentie découragée par qui que ce soit. Mais oui, cette question d’égalité homme-femme m’a traversé l’esprit. Avoir une femme à ce poste de doyenne montrera aux étudiantes du Collège, qui représentent la moitié des élèves, que oui, c’est possible d’être une femme et d’occuper des postes hauts placés.»
Mais, fait-elle remarquer, «on choisit un doyen avant tout parce qu’il est bon. Le plus important, c’est d’avancer. De positiver. C’est plutôt le genre de ma personnalité. Je ne me dis pas : Ils ne m’ont pas donné la chance de… Non. C’est à moi d’aller chercher ma chance.»
Anastasia Kelekis-Cholakis en quelques dates
1967 : Naissance à Genève, en Suisse.
1985 : Arrivée au Canada.
1988 – 1992 : Études de dentisterie à l’Université du Manitoba.
1998 : Ouverture de son propre cabinet Southwest Specialty Group et obtention de sa spécialisation en parodontie.
2012 : Directrice du programme de parodontie du Collège Dr Gerald Niznick, de la Rady Faculty of Health Sciences, à l’Université du Manitoba.
1er juillet 2019 : Entrée en poste de doyenne du collège de médecine dentaire Dr Gerald Niznick. Elle est la première femme à occuper ce poste.