le Mardi 6 juin 2023
le Mardi 5 mars 2019 19:00 Actualité

Prix à Mona Moquin : Pour aller de l’avant, pas pour culpabiliser

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Mona Moquin est récipiendaire du prix Trailblazer du Aboriginal Circle of Educators.  — Photo : avec l’autorisation de Jonas Desrosiers
Mona Moquin est récipiendaire du prix Trailblazer du Aboriginal Circle of Educators.
Photo : avec l’autorisation de Jonas Desrosiers
La Liberté, Man. Tracer la voie, baliser le sentier. Autant de formules qui cernent le prix Trailblazer du Aboriginal Circle of Educators, remis chaque année à deux personnes. La Métisse Mona Moquin vient de le recevoir.
Prix à Mona Moquin : Pour aller de l’avant, pas pour culpabiliser
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Tracer la voie, baliser le sentier, ouvrir le chemin. Autant de formules qui cernent le prix Trailblazer du Aboriginal Circle of Educators, remis chaque année à deux personnes engagées dans l’éducation autochtone. La Métisse Mona Moquin vient de le recevoir. Son esprit d’initiative comme enseignante qui a le souci de faire réfléchir ses élèves sur le sens de la réconciliation a ainsi été récompensé.

Mona Moquin ne s’y attendait pas du tout : « Quand j’ai reçu l’appel pour me l’annoncer, je leur ai demandé s’ils étaient certains. Je leur ai dit : avez-vous vraiment réfléchi à votre affaire? »

Cette année, Mona Moquin donne le cours de géographie et de sciences humaines en 9e et 10e années au Centre scolaire Léo-Rémillard de Winnipeg. Ce qui la guide avant tout dans sa façon d’enseigner et dans ses relations avec les autres, c’est sa volonté de réconciliation : « Avant de se réconcilier avec quelqu’un d’autre, il faut se réconcilier en soi. Une fois qu’on est au courant de l’histoire du Canada, souvent les gens se sentent coupables. Ce n’est pas l’objectif du tout. La réconciliation, ce n’est pas pour se sentir coupable, c’est pour aller de l’avant… »

La perspective autochtone de l’avant

C’est dans le cadre du cours de géo que l’enseignante aborde des sujets comme le développement durable avec une perspective autochtone : « Comment les peuples autochtones pratiquent-ils depuis longtemps le développement durable? Je dis que généralement les Autochtones croient aux esprits et que la Terre Mère est un beau cadeau dont on ne veut pas abuser. Un autre exemple que je donne, c’est l’eau, synonyme de vie. Sans l’eau, on ne peut pas vivre, donc on doit la respecter. Je parle de ces sujets avec mes élèves pour expliquer que les peuples autochtones depuis longtemps veulent respecter la Terre. »

L’enseignante aime rappeler à ses élèves qu’il faut avoir en tête sept générations : « Chaque personne sur la terre doit penser aux sept prochaines générations. C’est l’équivalent de 150 ans. L’année passée, on a fêté les 150 ans du Canada. Dans la classe, on a réfléchi : est-ce qu’on a le même montant de ressources qu’il y a 150 ans? Non, on n’a plus autant d’arbres. Des animaux sont en voie de disparition. Les élèves se sont rendu compte de l’effet de la pollution. »

Susciter l’intérêt

Mona Moquin a toujours eu à cœur de parler des peuples autochtones. L’année passée, elle a créé un cercle de fabrication de mocassins avec l’objectif de susciter l’intérêt des élèves pour donner un cours sur les Premières Nations, les Métis et les Inuit, en septembre prochain. Les élèves confectionnent leurs propres mocassins et en apprennent davantage sur la culture métisse.

En classe, elle n’hésite pas à initier les jeunes à la tradition du smudge : « On brule de la sauge, du foin d’odeur ou du cèdre. Je leur ai expliqué qu’on envoyait la boucane sur les yeux, la bouche, les oreilles, le cœur, pour nous purifier. Quand on fait un smudge, c’est sérieux, c’est silencieux. C’est un temps de réflexion, de prière. Quand on est revenu en salle de classe, les élèves ont tous dit : “Quand est-ce qu’on peut refaire ça encore?”. »

Ses initiatives ne s’adressent pas qu’à ses élèves. Pour les rencontres formelles du personnel, dorénavant, un petit texte est lu en préambule de la réunion : « J’ai demandé à l’école qu’on lise le texte qu’on lit habituellement à des conférences ou à des rencontres, pour reconnaitre le Traité n° 1 et la présence historique des Métis, et souligner qu’on est sur des territoires ancestraux. »

Lorsqu’un ami ou une connaissance a un doute sur la terminologie à employer en anglais pour parler des peuples autochtones, Mona Moquin explique l’étymologie de chaque terme : « Indigenous, ça veut dire littéralement natif de la terre ou premier peuple de la terre. Aboriginal, ça veut dire en quelque sorte pas normal. Les gouvernements et certains leadeurs dans la communauté autochtone veulent vraiment que cesse l’usage du mot Aboriginal et qu’il soit remplacé par Indigenous. » 

La lumière que pose Mona Moquin sur la terminologie lui fait ajouter qu’il faudra quand même un certain temps pour que les nouvelles mœurs se mettent en place. La meilleure preuve étant fournie par l’Aboriginal Circle of Educators qui lui a remis son prix.