Il n’y a pas que le mercure qui grimpe cet été : la pression et la rhétorique entourant les demandeurs d’asile sont aussi à la hausse.
Il y a d’abord eu escarmouche entre le nouveau gouvernement ontarien les libéraux fédéraux pour savoir qui encaisserait la facture des services fournis aux demandeurs d’asile.
À la suite de cette prise de bec, Ottawa a décidé d’emprunter une voie inhabituelle en traitant directement avec la Ville de Toronto, qui doit jongler avec les questions de refuge et de logement.
Enfin, il y a eu à la Chambre des communes une réunion d’urgence d’un comité qui tenait davantage du théâtre politique que de la recherche de solutions.
Où cela va-t-il mener? Est-ce seulement de la politique? Est-ce l’effet du mercure? Sommes-nous réellement confrontés à une crise ou est-ce seulement un problème?
Aussi cruciales que ces questions puissent être pour certaines personnes, la question qui tue est plutôt : que peut faire le Canada?
En ce qui concerne nos politiques, un examen de conscience s’impose.
L’unique solution passe par un renouvellement de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié, l’institution chargée de déterminer l’admissibilité des demandes d’asile. La Commission doit disposer des ressources nécessaires pour entendre les demandes, ce qui veut dire qu’elle doit être en mesure d’embaucher et de former plus de juges, et rapidement.
Des ressources doivent aussi être accordées pour l’immigration, les services frontaliers et la GRC, ne serait-ce que temporairement, pour garantir en amont un traitement efficace des demandes qui évitera les attentes interminables.
En parallèle, nous devons poursuivre nos démarches pour véhiculer des informations exactes sur notre système d’asile, que ce soit aux États-Unis ou dans les pays d’origine comme le Nigéria. Rhétorique mise à part, le nombre de demandeurs d’asile qui entrent au Canada est à la baisse depuis le début de l’année, et nos efforts de communication y sont peut-être pour quelque chose.
À moyen terme, le Canada doit examiner sérieusement ses politiques. Nos politiques d’immigration témoignent en effet d’un parti pris en faveur d’immigrants hautement qualifiés.
Cependant, une économie a besoin de toutes sortes de travailleurs, surtout dans un pays comme le nôtre où certains emplois ne trouvent pas preneur parce que personne ne s’y intéresse ou ne s’y intéresse assez longtemps. Le temps est donc venu d’envisager la création d’un nouveau volet d’immigration qui ouvrira la porte à ceux qui, sans être des réfugiés, fuient la pauvreté abjecte de leurs pays et dont la main-d’œuvre comblera des besoins criants dans notre économie.
À long terme, le Canada et d’autres pays devraient reconnaître que l’immigration est un phénomène planétaire. Le meilleur moyen de prévenir l’immigration irrégulière est d’assurer la sécurité et la prospérité des pays d’origine — pour eux-mêmes et pour le monde.