le Vendredi 9 juin 2023
le Lundi 7 mai 2018 20:00 Actualité

Centre de bien-être et de prévention pour Afro-Canadiens : Prévenir pour guérir en dépassant la barrière culturelle

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ogo du Centre de Bien-être et de Prévention pour Afro-Canadiens de l’Alberta. — Page de l’organisme sur Facebook
ogo du Centre de Bien-être et de Prévention pour Afro-Canadiens de l’Alberta.
Page de l’organisme sur Facebook
Le Centre de bien-être et de prévention pour Afro-Canadiens de l’Alberta (CBEP) répond à un réel besoin de sensibilisation depuis sa création en 2015. Car les populations d’origine africaine sont à risque pour plusieurs maladies chroniques. Le travail de prévention s’avère nécessaire, mais doit se faire en tenant compte des « influences culturelles, religieuses et mystiques ».
Centre de bien-être et de prévention pour Afro-Canadiens : Prévenir pour guérir en dépassant la barrière culturelle
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« La population afro-canadienne est parmi les plus vulnérables », lance Nganda Luki, directeur général du CBEP. Créé en novembre 2015, l’organisme communautaire à but non lucratif vise à sensibiliser aux taux de risque élevés auxquels sont exposés ces individus. « Les maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension ou l’infarctus sont plus courantes chez les populations africaines, sud-asiatiques, puis chinoises, et enfin caucasiennes », précise le responsable qui est aussi médecin microbiologiste.

En cause : les habitudes alimentaires, comme « la consommation d’aliments salés, gras ou sucrés et la faible consommation de fruits et de légumes », les habitudes de vie avec « moins d’activités physiques », et « peut-être aussi l’héritage génétique », informe le spécialiste.

L’organisme tente ainsi de répondre à un « manque de structure de santé communautaire susceptible de répondre aux besoins des populations ethnoculturelles immigrantes, surtout d’origine africaine ».

 

Quand la culture fait barrage

« Ces populations ne sont pas habituées à aller chez un médecin pour faire des examens », souligne Nganda Luki. Chez les Africains, les maladies auraient « des causes mystiques, comme les mauvais sorts ou les punitions divines », informe le responsable. Ainsi, quand une personne est malade, elle essaiera de résoudre le problème d’abord de façon traditionnelle avant d’avoir recours à la médecine moderne, « notamment en s’adonnant à des prières ou en utilisant des plantes médicinales ».

Priscille De Bonté Poeri est installée en Alberta depuis 9 mois. Originaire de la Côte d’Ivoire, elle témoigne de cette différence d’approche. « Les méthodes de se soigner sont différentes, c’est beaucoup plus traditionnel en Afrique. On utilise beaucoup les plantes ou d’autres techniques spéciales. Et on peut aussi faire appel à un praticien en médecine traditionnelle », appelé aussi tradipraticien ou guérisseur.

Aux dires de la jeune femme, les docteurs de famille se font rares en Afrique, « réservés à une élite », et les grosses structures albertaines comme les cliniques et hôpitaux peuvent être intimidantes pour les nouveaux arrivants. « Personnellement, j’évite au maximum les hôpitaux et je n’aime pas les prescriptions. Ce système ne me plaît pas. Quand ma mère était malade, son réflexe était d’aller chercher des plantes et de se soigner seule. J’ai grandi avec cette habitude », raconte-t-elle.

Face à cette réalité, le docteur Luki milite pour sensibiliser à la médecine moderne, « car une fois que les méthodes traditionnelles s’avèrent inefficaces, c’est souvent trop tard », regrette-t-il.

Les services de sensibilisation et d’éducation offerts par le CBEP prennent différentes formes. « Nous travaillons avec les communautés religieuses et ethnoculturelles, nous aidons dans le domaine des soins pour les aînés, nous avons un programme pour les délinquants ethnoculturels, nous faisons de la promotion des bonnes habitudes alimentaires, et nous soutenons les gens atteints de maladie et les survivants de maladies cardiaques », détaille le directeur.

Pour se faire entendre, l’organisme va à la rencontre de son public : « On va par exemple dans les églises ou les fêtes communautaires, on distribue nos prospectus, et on a aussi une page Facebook et un site Web ». Les premiers résultats se font déjà voir pour le directeur : « La mentalité commence à changer. De plus en plus les gens font attention à leur régime alimentaire, ils essaient de consommer plus de fruits et de légumes et ils se rendent compte que l’activité physique est une bonne chose ».

Afin de prendre en compte la diversité culturelle et linguistique de la population africaine, le CBEP offre ses services dans les deux langues officielles, ainsi que dans plusieurs autres langues du continent, comme le swahili, le lingala et le wolof.

L’organisme fonctionne actuellement avec trois employés, un conseil d’administration de sept personnes, plusieurs bénévoles et est situé dans la Cité francophone à Edmonton.