« Depuis deux ans, Emploi et Développement social Canada n’appuie plus le développement de l’alphabétisme. Le gouvernement a amputé le seul organisme national qui agissait dans ce dossier majeur pour les communautés francophones en situation minoritaire. Considérant que 53 % des francophones de ces communautés n’ont pas le niveau d’alphabétisme nécessaire pour pleinement intégrer la classe moyenne, il y aura des impacts», a expliqué Donald Desroches, le président du RESDAC.
L’organisme national n’a plus d’employés depuis le 31 octobre dernier.
Pour l’instant, ce sont des bénévoles qui ont accepté de répondre au téléphone, a expliqué Donald Desroches, président du conseil d’administration du RESDAC.
Quelques dizaines de personnes sont venues témoigner de leur appui, en compagnie des représentants de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), et de plusieurs organismes de la francophonie canadienne, lors d’une conférence de presse mardi, au centre J’apprends moi, de la rue Donald dans le secteur Vanier.
Un « blâme » du CLO
Le Commissariat aux langues officielles a remis un rapport d’enquête, rendu public hier par l’organisme, qui confirme qu’Emploi et Développement social Canada contrevient à la partie VII de la Loi sur les langues officielles dans ce dossier. La commissaire par intérim Ghislaine Saikeley donne trois mois au ministère pour se conformer à ses obligations.
« La partie VII impose aux institutions fédérales de prendre des mesures positives pour appuyer le développement des communautés francophones en situation minoritaire. L’envers de la médaille, explique M. Desroches, c’est que les institutions fédérales ne doivent pas non plus nuire au développement de ces communautés. C’est pourtant ce qui est arrivé avec les changements apportés à Emploi et Développement social Canada. » Les critères imposés pour du financement social sont presque impossibles à respecter pour des programmes destinés aux francophones en situation minoritaire. Ce qui est aberrant, ajoute-t-il, c’est que des millions $ ne sont pas dépensés par le ministère alors que l’organisme n’a droit à aucun financement de base.
Pour sa part, Alain Dupuis, le directeur général de la FCFA, a rappelé qu’il y a à peine dix ans, le RESDAC était un joueur national reconnu pour son appui aux réseaux et aux centres d’alphabétisation partout au pays, et était un des organismes nationaux les plus dynamiques du réseau de la francophonie. « Depuis dix ans, plusieurs organismes du réseau de la FCFA ont vu leur capacité d’action diminuer, année après année. La cause n’est peut-être pas exactement la même que dans le cas du RESDAC, mais le dénominateur est commun. C’est le niveau d’engagement du gouvernement fédéral. Avec cet effritement, nous avons envisagé qu’un jour, il se pourrait qu’un organisme national ferme ses portes. Nous y sommes presque », a souligné M. Dupuis.
Les deux organismes ont l’intention de continuer à mettre la pression sur le gouvernement pour qu’il corrige la situation dans les plus brefs délais, sans attendre le plan d’action sur les langues officielles, prévu en mars prochain.