Plusieurs des 20 recommandations formulées pourraient aider les membres des organismes qui ont participé aux consultations en 2016. « C’est un rapport intéressant pour nos [25] journaux, lance Francis Sonier, président de l’Association de la presse francophone, le rapport tient compte de ce qu’on a demandé. »
Par exemple, une des recommandations prévoit l’ajout au régime fiscal d’une déduction pour la publicité numérique sur des plateformes canadiennes.
« On avait parlé de cette idée au Comité parlementaire, explique l’éditeur d’Acadie Nouvelle. Beaucoup de fonds de publicité canadienne s’en vont aux États-Unis. » La déduction inciterait les gouvernements et entreprises à annoncer davantage au Canada.
Internet au cœur de la transformation
Si le numérique est omniprésent dans le rapport, une des principales recommandations a été rejetée en partant par le premier ministre Justin Trudeau, qui refuse d’imposer à la diffusion via internet la taxe de 5 % déjà en place pour la télédiffusion. Il faudra compter sur d’autres éléments du modèle d’affaires proposé dans le rapport du 15 juin pour soutenir notamment les médias en milieu minoritaire.
Au rang des autres possibilités énoncées dans le rapport, soulignons un crédit d’impôt à la presse écrite pour investir dans le virage numérique. Selon le président de l’APF, cette mesure encouragerait les entreprises en milieu minoritaire à investir encore plus.
Il y a aussi l’ajout d’obligations fiscales pour les agrégateurs étrangers (Twitter, Facebook) publiant des nouvelles destinées aux Canadiens. « Beaucoup pensent que la production de l’information est gratuite », note Francis Sonier, qui rappelle la nécessité d’augmenter le Fonds canadien pour les médias. Mais Justin Trudeau rejette l’idée de taxer davantage la classe moyenne.
De nouvelles sources de financement
La 11e recommandation demande l’identification par le CRTC de nouvelles sources de financement pour les radios communautaires. « On avait demandé un programme d’appui comme celui du Québec, qui contribue de 40 à 60 000 $ à chaque média, précise François Côté, le secrétaire général de l’Alliance des radios communautaires. Ça n’a pas été retenu. »
Revient-il au CRTC de trouver des solutions au financement des radios ? Pourquoi pas, répond-il, précisant que les radios sont régies par cette agence de Patrimoine canadien. « Ce n’est pas un délestage de responsabilité, je comprends pourquoi on lui a envoyé cette recommandation. »
François Côté estime que les recommandations forment un ensemble. « Il faut lire la recommandation 11 dans le contexte de la première qui vise la création d’un “nouveau modèle de financement qui s’applique à toutes les plateformes et qui supporterait le contenu journalistique canadien” ».
Contenu et publicité canadienne
Le gestionnaire insiste sur l’unité du rapport. « Tout est relié au contenu canadien. Quand on met en contexte les recommandations avec ce qui a été dit pendant les consultations, ça fait du sens, on voit qu’elles sont toutes liées. »
La R#16 préconise une hausse de la diffusion d’informations fédérales dans les communautés autochtones, ethniques et de langue officielle. Le secrétaire général aurait préféré qu’il soit clairement indiqué qu’il s’agit d’annonces gouvernementales, étant donné que cette recommandation se trouve dans la section sur la publicité. La part des pubs fédérales dans la presse a chuté de 30 à 7 % en dix ans.
Des recommandations à l’action
François Côté s’interroge sur la mise en œuvre du rapport. « C’est sûr que le gouvernement ne va pas suivre toutes ces recommandations. C’est peut-être compliqué, ça peut prendre du temps, mais tout est faisable. » Ottawa ne se prononcera pas sur le rapport avant l’automne.
« On veut travailler avec le gouvernement pour mettre en œuvre les recommandations, souligne Francis Sonier. On va demander une rencontre très prochainement. »